La participation du président de la FIFA, Gianni Infantino, à l’atelier « La Paix pour la Prospérité » à Bahreïn a causé beaucoup de froncements de sourcils au Moyen Orient du fait que sa propre histoire personnelle soit celle d’un agresseur plutôt que celle d’un pacifiste.
Les actions d’Infantino, en 2017, à l’Assemblée générale de la FIFA à Manama, ont mis fin aux tentatives de trouver une solution au litige entre la Palestine et Israël – un litige qui, en substance, va très simplement au-delà de la libre circulation des joueurs, des responsables et des équipements dans le territoire pour permettre la participation au football.
Infantino a même ordonné à l’Assemblée générale de 2017 que le microphone soit enlevé à l’avocat de la Palestine, en disant qu’ils (l’Assemblée) en avaient entendu assez sur la question. L’avocat était en train de faire une remarque d’ordre statutaire, mais comme dans la plupart des cas statutaires qui ne correspondent pas à son ordre du jour personnel, il a fait preuve d’une propension éhontée à ne tenir aucun compte des règles, et à manipuler la primauté du droit.
Le Conseil de la FIFA avait, le jour précédent à Manama, dissout son groupe de travail sur la question Palestine/Israel, Infantino disant que la FIFA ne pouvait pas résoudre des problèmes politiques, pourtant le voici, deux ans après, avec ses nouveaux copains politiques des EU à une conférence dirigée par le gendre du Président des EU Donald Trump, Jared Kushner, promettant des terrains de football et disant que la FIFA jouera son rôle dans un territoire dont elle s’était pas mal lavé les mains.
Ce fut un magnifique morceau de duplicité politique de la part du président de la FIFA qui n’a jamais fait preuve du moindre soutien au football palestinien.
Se joignant à une commission dirigée par Thomas Barrack, investisseur immobilier arabo-américain et partisan de Trump, il a déclaré : « Donnons, pour être très concret également, quelque espoir, quelques rêves. »
« Nous jouerons notre rôle à la FIFA, » disait-il. « Faisons quelque chose de tangible et de concret que les gens puissent voir, et quand les gamins jouent au foot, d’abord ils sourient et, ensuite ils ne font pas d’autres choses. »
Infantino a déclaré que les territoires palestiniens avaient moins de 25 terrains de foot corrects pour une population de cinq millions de personnes. Cela a été un autre étrange moment à la Fellini de la part du président de la FIFA dont l’appréhension de la réalité est semblable à la bande-son médiatique des points presse de la « zone mixte » plutôt qu’à des débats sérieux et des résolutions de problèmes.
Une approche plus constructive du dirigeant du football mondial aurait été de présenter les vraies questions quotidiennes auxquelles la fédération fait face dans son combat pour faire que les joueurs et les équipes se déplacent librement, ainsi que pour faire entrer des équipements et des compétences en Palestine pour aménager les terrains (ni l’initiative, ni la lutte ne sont nouvelles). Les équipements pour aménager deux nouveaux terrains ont été confisqués par les autorités israéliennes pendant plus d’un an. Des visas ont été refusés aux ingénieurs qui travaillent souvent dans les territoires palestiniens, quand il s’est agi de travailler sur les projets relatifs au football. Certains équipements ont été retenus pendant plus longtemps par les Israéliens ou ont tout simplement disparu. Régler le problème par l’argent, la réponse par défaut d’Infantino à presque n’importe quoi, n’aura aucun effet sur le fait que l’on joue ou pas au football.
La ridicule démagogie politique d’Infantino au nom du football ne lui aura valu aucun respect dans le monde arabe, quelle que soit la façon de ménager la chèvre et le chou à propos de la Palestine.
Jibril Rajoub, président de l’Association Palestinienne de Football, a écrit mardi à Infantino en l’exhortant à ne pas assister à la conférence de Manama.
« Je vous supplie de reconsidérer votre décision, par égard pour les millions de Palestiniens qui vous font confiance et qui respectent l’organisation dont vous êtes à juste titre le Président, » a dit la lettre, vue par l’AFP.
« Comment le Président de l’instance dirigeante supérieure du football, et la personne la plus franche quant à l’importance de la séparation entre la politique et le sport, peut-il accepter de participer à un groupe de travail politique dont l’objectif est de déterminer en l’absence des Palestiniens l’avenir de la Palestine ? » a écrit Rajoub.
La réponse d’Infantino serait vraisemblablement quelque chose de l’ordre de : « Le football en Palestine ? Qu’est-ce que cela a à voir avec la Palestine ? »
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS