« Nous sommes arrivés à 5h du matin à l’aéroport de Tel Aviv, en provenance de Bordeaux avec escale à Madrid. Notre dé-légation comprenait 6 membres de Palestine 33 et 2 de Palestine 13. Nous avions l’ambition d’aller à Gaza après un passage à Jérusalem Est pour rencontrer nos partenaires palestiniens des comités d’entraide agricole et médicale, puis de nous rendre au village d’Al Quarara pour y porter les dons récoltés par le village de Saint Pierre d Aurillac avec lequel il est jumelé.
A l’aéroport, les forces de police contrôlent nos passeports. 6 passent et récupèrent les bagages. Shérazade, elle, est arrêtée pour enquête complémentaire. Son foulard, ses origines algériennes ont joué contre elle. Je reste avec elle pour assurer la traduction. Début des interrogatoires. Vers 9h, des agents des services de renseignements m’interrogent durement pendant deux heures. Ils répètent les mêmes questions sur ma vie privée, ma famille, les raisons de notre venue à Gaza, mes pratiques religieuses, bien que je soie athée. Ils fouillent nos sacs, épluchent nos carnets d’adresses et les photocopient. Ils téléphonent même à Bordeaux aux parents de Shérazade pour obtenir des renseignements. On contacte le consul de France qui nous informe que l’État d’Israël a le droit de refuser l’entrée de son territoire à qui il veut.
On attend jusqu’à 20h. Refouille. A 22h on nous emmène au centre de retention de l’aéroport dans une cellule de quatre lits dont la lumière n’est jamais éteinte. Une Palestinienne ayant un passeport américain nous indique qu’elle est aussi interdite de séjour. A 5h on vient nous chercher pour nous conduire à l’aéroport. On attend. Puis on nous conduit dans un avion en direction de Madrid.
Arrivées là, deux policiers nous attendent et nous accueillent très durement. Je refuse de leur céder nos cartes d’embarquement et leur demande pourquoi ils nous arrêtent. Ce n’est que le soir que nous arriverons à Boreaux sans avoir pu poser un pied sur le sol palestinien.
Pendant ce temps nos amis étaient interdits d’entrée à Gaza. Ils avaient pourtant suivi la démarche obligatoire auprès du consul et demandé l’autorisation d’entrée pour trois personnes durant une seule journée. En réponse ils n’ont obtenu d’autorisation que pour une seule personne, Guy Mallié.
Mais, arrivé a l’unique entrée, il attendra, avec ses amis, 4 heures pour finalement être interdit de passage, sans obtenir de raison. La délégation a du se replier sur Ramallah et Béthléem.
Cet épisode montre que la volonté des autorités israéliennes est d’interdire tout rapport avec le peuple palestinien, qui se retrouve donc encore plus enfermé dans la bande de Gaza depuis que l’armée d’occupation s’est retirée.
La situation économique est dramatique. La population n’a plus d’argent depuis que les aides financières internationales ont été bloquées par les banques de peur de représailles. L’Europe doit jouer un rôle dans la reprise de ces aides, sans quoi nous allons assister a une catastrophe humanitaire.
En asphyxiant le peuple, l’État d’Israël cherche à lui faire quitter le territoire palestinien ou à se retourner contre le Hamas. Mais c’est plutôt le contraire qui risque de se produire.
Je suis en colère mais pas découragée. En septembre nous tenterons d’y retourner. Nous n’accepterons jamais d’être privés de la liberté d’aller à la rencontre d’un peuple que l’on n’a pas le droit de mettre à l’écart du monde ».