PalSol, la seule revue française consacrée exclusivement à la Palestine !
L’AFPS vous offre la possibilité de vous abonner pour seulement 12 euros par an !
L’abonnement est réduit à 7€ pour les adhérents de l’AFPS.
Le dossier de ce numéro est consacré à la souffrance occultée des Palestinien·nes et à leur réponse par le sumud.
Documenter cette souffrance peut jouer un rôle face aux récits « dominants » qui tendent à occulter ou à effacer ces drames. Loin de réduire ce peuple à la condition de victime, ni de le limiter aux blessures ou aux humiliations qu’il subit, il s’agit de poser des mots sur ce qu’il vit, afin de pouvoir nous aussi (ré)agir.
Le poète Mosab Abu Toha, qui a quitté Gaza, affirme que son peuple n’abandonnera pas et montre que les Palestinien·nes ont acquis cette capacité de créer de la vie à partir de rien. Cependant, il précise : « les habitants de Gaza ont une limite, que la manière dont ils sont célébrés comme des héros peut masquer ». Il ajoute : « célébrer notre résilience, le fait que nous serions inébranlables, notre capacité à endurer le pire et nous glorifier, ne nous est d’aucune aide. »
Pour les Palestinien·nes, l’expérience du traumatisme est façonnée par la violence permanente qu’iels subissent, qui s’inscrit dans une suite ininterrompue [1]. Au cœur de ce vécu se place l’humiliation persistante [2] de la colonisation, ainsi que d’autres actes de violence, qui marquent de leurs sceaux l’identité collective palestinienne, affectant profondément les individus, mais aussi le tissu social. Celles et ceux qui vivent en exil subissent aussi un traumatisme, fait de la culpabilité du survivant, d’impuissance et d’une déconnexion à leur patrie.
C’est là que le concept de sumud émerge. Ce terme, apparu dans les années 70, désigne cette créativité toute palestinienne qui rend possible la survie dans l’environnement insupportable de l’occupation. Le concept de sumud incarne la réponse active et tournée vers l’avenir face à l’oppression. « Il ne s’agit pas de rebondir, mais d’avancer avec détermination. Pour les Palestinien·nes, cela implique des actions individuelles et collectives, allant d’initiatives créatives à l’organisation communautaire. » nous dit Samah Jabr [3].
Aider les Palestinien·nes passe par la (re)connaissance de leur existence, de leurs luttes et par le soutien dans la transformation de leur colère, leur détresse, ou leur désespoir en actions signifiantes, en sumud. La solidarité joue en cela un rôle quelques soit ses facettes.
La reconnaissance du trauma est indispensable à son dépassement. « En rompant le silence, en générant des connaissances, en amplifiant des vérités cachées, en dénonçant les traitements inhumains, en favorisant la solidarité, les Palestinien·nes et leurs alliés peuvent résister à l’oppression et tracer des voies vers la guérison et la justice » (S. Jabr).
Mireille Sève