Photo : siège des Nations Unis à Genève - wikimedia commons
(New York) - Plus de 100 organisations de défense des droits humains et des droits civils, dont Amnesty International et Human Rights Watch, exhortent les Nations Unies à respecter les droits humains dans leurs efforts de lutte contre l’antisémitisme, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Plus de 40 organisations supplémentaires ont ajouté leur nom à une mise à jour de la lettre ouverte du 3 avril 2023 adressée par Human Rights Watch et ses partenaires au secrétaire général António Guterres et au haut représentant de l’Alliance des civilisations de l’ONU, Miguel Ángel Moratinos. Dans cette lettre, les groupes demandent instamment à l’ONU de ne pas approuver ou adopter la définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Cette définition a été utilisée pour qualifier à tort d’antisémites certaines critiques des politiques du gouvernement israélien ou la défense des droits des Palestiniens.
Les groupes ont déclaré que l’antisémitisme "pose un réel problème aux communautés juives du monde entier et nécessite une action significative pour le combattre". Ils ont déclaré que les gouvernements et les dirigeants mondiaux devraient condamner l’antisémitisme et prendre des mesures pour protéger les communautés juives, notamment en demandant des comptes aux auteurs de crimes haineux.
Toutefois, ils ont mis en garde les dirigeants des Nations unies pour qu’ils veillent à ce que leurs efforts de lutte contre l’antisémitisme "n’encouragent pas ou n’approuvent pas par inadvertance des politiques et des lois qui portent atteinte aux droits de l’Homme fondamentaux, y compris le droit de s’exprimer et de s’organiser en faveur des droits des Palestiniens et de critiquer les politiques du gouvernement israélien".
Si les Nations unies devaient approuver ou adopter la définition de l’IHRA, les gouvernements et les tribunaux pourraient l’utiliser à mauvais escient pour restreindre la critique des politiques du gouvernement israélien ou la défense des droits des Palestiniens, ce qui aurait un effet dissuasif sur la liberté d’expression. La définition de travail de l’IHRA a été utilisée à plusieurs reprises de cette manière, ont déclaré les groupes. Ils notent qu’il existe au moins deux autres définitions qui, selon un certain nombre d’universitaires, sont moins susceptibles d’être utilisées à mauvais escient : la Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme et le Document de Nexus.
Au cours des deux dernières semaines, le nombre de signataires est passé de 60 à 104. L’augmentation du soutien des organisations de défense des droits de l’Homme et des droits civils reflète l’inquiétude croissante concernant l’utilisation de la définition de travail de l’IHRA et la nécessité de veiller à ce que la lutte contre l’antisémitisme ne soit pas détournée de son but.
Outre Human Rights Watch, les premiers signataires comprenaient le groupe israélien de défense des droits de l’Homme B’Tselem, l’American Civil Liberties Union, le groupe palestinien de défense des droits de l’Homme Al Haq, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et bien d’autres encore. Outre Amnesty International, Americans for Peace Now, Cairo Institute for Human Rights Studies et Breaking the Silence figurent parmi les 104 groupes qui ont approuvé la lettre le 20 avril.
Traduction : AFPS