Photo : En premier plan le village de Sarra, à gauche Qusin, en arrière plan à droite Burqua et au dessus Homesh (2016, Wikipedia)
Un groupe de colons israéliens a agressé et blessé deux Palestiniens lundi lors de la dernière attaque en date contre des agriculteurs, dans un contexte de recrudescence de la violence des colons en Cisjordanie occupée.
Khaled Salah, 50 ans, et Mahmoud Faroniya, 51 ans, tentaient d’accéder à leurs terres dans le village de Burqa, près de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, lorsqu’environ huit colons se sont approchés d’eux en voiture, puis sont sortis du véhicule et les ont attaqués.
Salah a déclaré à Middle East Eye :"Lorsque nous les avons vus, nous avons commencé à nous éloigner parce que nous savions qu’ils allaient nous attaquer".
"Mon ami a réussi à s’enfuir, mais mes mouvements étaient lents, alors ils sont sortis du véhicule et m’ont attaqué avec des bâtons et des pierres jusqu’à ce que je n’arrive plus à bouger. "
Le quinquagénaire souffre d’ecchymoses sur tout le corps, d’une commotion cérébrale et d’une fracture de la main et du nez.
Il a été transporté à l’hôpital en même temps que Mahmoud Faroniya, qui a également été blessé par des jets de pierres lors de l’agression.
Si la violence des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens est courante en Cisjordanie, les experts des Nations unies en matière de droits de l’homme estiment que les attaques se sont multipliées ces dernières années à un rythme alarmant.
Les chiffres de l’ONU montrent que les attaques des colons ont augmenté d’année en année depuis 2016, avec au moins 849 attaques enregistrées en 2022, dont 228 ont fait des victimes.
Selon le journal israélien Haaretz, les forces israéliennes ont déclaré qu’elles enquêtaient sur l’agression de lundi.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont déjà accusé les autorités israéliennes de favoriser la violence des colons et de ne pas poursuivre les délinquants israéliens ou de ne pas protéger les Palestiniens.
Selon l’ONG israélienne Yesh Din, seulement trois pour cent des enquêtes sur la violence des colons ont abouti à une condamnation entre 1995 et 2022.
Salah a déclaré à Middle East Eye que ce n’était pas la première fois qu’ils étaient attaqués alors que les soldats israéliens ne faisaient rien.
Il a ajouté que "Au moment de l’attaque, les soldats israéliens se trouvaient à Homesh (un avant-poste de la colonie voisine). Ils surveillaient tout et ne faisaient rien ".
Colonie de peuplement de Homesh
Le calvaire des Palestiniens de Burqa a commencé en 1978 lorsqu’Israël a confisqué 1 050 dunams des monts al-Zuhur et al-Qubaybat dans le village pour y établir une base militaire.
L’avant-poste militaire a rapidement été transformé en ce que l’on appelle la colonie de Homesh, dont le rayon de contrôle s’étend sur 4 000 dunams.
En 2005, le gouvernement israélien a évacué les colons de Homesh, ainsi que les colons de la bande de Gaza et cinq autres colonies et bases militaires près de Jénine, dans le cadre de son plan de désengagement unilatéral.
Depuis lors, l’armée a fermé la zone aux Palestiniens qui possédaient le terrain, tandis que les colons ont continué à revenir pour maintenir leur présence, établissant une yeshiva - un établissement d’enseignement religieux -de fortune en violation de la loi israélienne.
En 2013, après de nombreux procès intentés par les agriculteurs, la Haute Cour israélienne a statué que Homesh était une propriété privée palestinienne appartenant à ses agriculteurs et qu’une présence israélienne n’y était pas autorisée.
Dirar Abu Omar, un militant palestinien anti-colonialiste de Burqa, a déclaré à MEE que malgré cette décision, les Palestiniens ne peuvent toujours pas accéder à leurs terres et que lorsqu’ils le font, ils sont souvent attaqués par des colons qui y maintiennent un avant-poste de facto, en violation de l’ordonnance du tribunal.
"Le danger que représente l’avant-poste de Homesh ne réside pas seulement dans la confiscation de centaines de dunums de Burqa, mais aussi dans la menace de confiscation de dizaines de milliers de dunums dans le cadre du plan de colonisation élargi", a déclaré M. Abu Omar.
Les rares fois où les habitants peuvent visiter leurs terres et planter certains arbres par l’intermédiaire d’organisations d’aide et de bienfaisance, les colons les déracinent rapidement et remplissent les puits d’eau avec des pierres.
Le mois dernier, le parlement israélien a voté en faveur du retour des colons israéliens dans les colonies de Cisjordanie démantelées en 2005, y compris Homesh, sous réserve de l’approbation d’un commandant militaire israélien.
Près de 700 000 colons vivent dans plus de 250 colonies et avant-postes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en violation du droit international.
Traduction : AFPS