L’Assemblée Générale a fait cette proposition l’été dernier après avoir demandé à Israël de se conformer à l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice, qui a déclaré que le Mur était illégal et qui a demandé à Israël d’arrêter immédiatement sa construction et de détruire ce qui avait déjà été construit.
La déclaration de l’ONU précise que "les objectifs de ce registre seraient d’enregistrer les plaintes pour d’éventuels jugements et compensations".
Fournir des compensations aux palestiniens affectés par le Mur de l’Apartheid fait partie des recommandations de la CIJ, qui a été émis en juillet dernier, au sujet des conséquences légales du Mur. Cependant, les compensations constituent la partie la plus facile de l’avis de la CIJ. Elles ne peuvent en aucun cas constituer le premier volet des mesures requises par l’ONU pour forcer Israël à se conformer aux règles de la CIJ.
La décision de la CIJ ne peut être réduit à ce simple article. Un article qui précède celui-ci, dans l’avis rendu par la CIJ, précise que "Israël a dans l’obligation de cesser ses violations des règles internationales ; il a dans l’obligation de cesser la construction du Mur dans les Territoires Palestiniens Occupés, y compris Jérusalem-Est, de démanteler les parties déjà construites à l’intérieur de ces zones, et d’annuler ou de rendre caduques toutes les législations déjà prises, relativement à la construction de ce Mur" . Dans l’article qui suit celui-là, il est précisé que "Israël se doit de fournir des réparations pour tous les dommages causés par le Mur".
Alors que la construction du Mur de l’Apartheid continue et que toutes les parties déjà construites sont toujours debout, les compensations qui étaient seulement une partie de l’avis, risquent de devenir l’avis lui-même.
Ces compensations pour les dommages causés ne peuvent être le point de départ de l’ONU pour mettre en œuvre l’avis de la CIJ. L’ONU doit commencer par les points qui doivent être au moins interprétés comme une reconnaissance des faits accomplis par l’Occupation sur le terrain.
Au lieu de mettre en œuvre une stratégie pour forcer Israël à arrêter le construction du Mur et à détruire ce qui a déjà été construit -ce qui signifie se conformer aux lois internationales- une chose pour laquelle l’ONU a toujours échoué depuis 56 ans, nous constatons que la Communauté Internationale commence par ce qui aurait du être la dernière étape.
Cet échec rend légitime notre interrogation sur la volonté réelle de l’ONU à prendre ses responsabilités dans l’application de l’avis de la CIJ. L’ONU essaye d’échapper à cette responsabilité que lui a confié la CIJ.
La décision de l’ONU d’ignorer la demande de 180 000 $ formulée par Israël aux Etats-Unis, afin de mettre en place de nouvelles portes dans le Mur de l’Apartheid, qui prendront la forme de nouveaux check-points contrôlés par les Forces d’occupation, est clairement contradictoire avec l’avis de la CIJ. Le texte dit que : " tous les états ont l’obligation de ne pas accepter la situation illégale résultant de la construction du Mur et de ne pas apporter d’aide au maintien de cette situation" .
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Comment, dans ce cas là, l’ONU dont le travail est de garantir et de mettre en œuvre la légalité internationale, peut en même temps, ignorer cette nouvelle annonce d’Israël ?. Etait-ce une coïncidence si la déclaration d’Israël au sujet de son intention de continuer à construire le Mur et d’établir de nouveaux points de passage contrôlés entre les bantoustans créés par ce Mur, est concomitante avec les affirmations de l’ONU de créer ce registre des demandes de compensation ?.
Il est tout à fait possible d’interpréter cette décision de l’ONU, comme une nouvelle déclaration implicite de l’ONU pour ne pas prendre concrètement position contre les violations par Israël de la légalité internationale. La déclaration de l’ONU souligne également son échec permanent à soutenir le peuple Palestinien dans son combat pour ses droits.
La question qui doit être posée ici est : "Pourquoi l’ONU a commencé par cet article de l’avis de la CIJ ?". Cette question suppose que l’ONU est capable et a la volonté de forcer Israël à apporter des compensations aux palestiniens pour les dommages causés par le Mur, et ne va pas transformer ce point en une nouvelle forme "d’aide humanitaire" où les pays donateurs sont ceux qui payent réellement.
L’ONU ne fera rien pour les palestiniens, à part perpétuer la réalité de l’Occupation. L’ONU veut créer un nouveau bureau de secours, identique à celui créer pour les réfugiés après l’Occupation de 1948.
Comme dans le cas des réfugiés, l’ONU a réduit son rôle, quand il s’agit des droits des Palestiniens, à son côté humanitaire, une nouvelle étape pour réduire la cause palestinienne en une cause humanitaire qui peut être résolue grâce à l’aide humanitaire.
Cette vision ignore que la cause palestinienne est le combat d’un peuple pour ses droits et que le rôle de l’ONU ne soit pas se résoudre simplement en la fourniture de colis alimentaires et de tentes pour ceux dont les existences ont été détruites par l’Occupation.
Les Nations Unies ont décidé, qu’au lieu de mobiliser la pression internationale contre les violations par Israël de la légalité internationale, et au lieu de mettre en œuvre des stratégies pour que Israël se soumette à l’avis de la CIJ, elles proposent d’établir une bureau d’enregistrement en Cisjordanie "avec la coopération d’Israël"....
Encore une fois, l’ONU ne propose aux palestiniens rien d’autre que la mise en place d’un nouveau bureau de secours, seule solution mise en oeuvre à chaque fois que l’Occupation viole les droits des palestiniens. Ceci révèle la continuelle complicité des Institutions Internationales avec les politiques coloniales dont l’objectif est de réduire à néant tout ce qui peut constituer le droit des Palestiniens.
Finalement, c’est sans surprise que les dernières déclarations de l’ONU s’accordent avec l’Occupation, en essayant de vendre une volonté de compenser les personnes pour les terres confisquées par le Mur, qui constitue en fait une tentative de légitimation du vol et de la dépossession, et qui donne une illusion de légalité à une réalité illégale.