« Don’t Buy into Occupation » (DBIO) - une coalition de 28 organisations européennes et palestiniennes - publie son rapport 2024, exposant l’implication étendue de plus de 800 institutions financières européennes dans des entreprises qui aident et soutiennent la colonisation illégale israélienne dans le Territoire palestinien occupé.
Le rapport révèle qu’entre janvier 2021 et août 2024, 822 banques, gestionnaires d’actifs, compagnies d’assurance et fonds de pension européens ont accordé 211 milliards de dollars de prêts et de garanties et détenu 182 milliards de dollars d’actions et d’obligations dans 58 entreprises impliquées dans des activités de colonisation illégales.
Ces conclusions interviennent dans un contexte d’escalade sans précédent des atrocités israéliennes. Les Palestiniens de Gaza sont confrontés à des attaques continues qui portent toutes les marques d’un génocide, tandis que l’annexion de la Cisjordanie, y compris l’expansion des colonies, les déplacements forcés et la violence de l’armée israélienne et des colons, s’est considérablement intensifiée.
En juillet 2024, la Cour internationale de justice a rendu un avis consultatif historique déclarant l’occupation israélienne totalement illégale et exhortant les États à mettre fin aux activités de commerce et d’investissement qui soutiennent cette situation illégale. Une résolution ultérieure des Nations-Unies a réaffirmé ces obligations, appelant les États à veiller à ce que les ressortissants, sociétés et entités sous leur juridiction ne s’engagent pas dans des actions qui reconnaissent, aident ou assistent la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé.
Le rapport DBIO met en évidence les principaux créanciers européens, en termes de volume de prêts et de souscription, des entreprises impliquées dans les colonies israéliennes, à savoir BNP Paribas, HSBC, Barclays, Deutsche Bank et Société Générale. Les principaux investisseurs, en termes de volume d’actions et d’obligations, comprennent le fonds de pension du gouvernement norvégien Global, Crédit Agricole, Legal & General, Deutsche Bank et Nordea.
Parmi les entreprises qui soutiennent la colonisation illégale, celles qui reçoivent le plus d’argent des institutions financières européennes sont les suivantes : Coca-Cola, Booking Holdings, Volvo Group, Siemens, Cisco Systems, IBM, Caterpillar, Vinci, Motorola Solutions, Airbnb, CNH Industrial, Hewlett Packard Enterprise, Carlsberg, Heidelberg Materials, Expedia Group, Carrefour, Alstom et Cemex.
« Le génocide en cours à Gaza et l’accélération du nettoyage ethnique en Cisjordanie découlent directement de l’impunité internationale d’Israël. Les flux financiers, les activités commerciales et le commerce de l’énergie, des matières premières et des armes continuent de faciliter l’agression contre le peuple palestinien. Les entreprises ont l’obligation morale et légale de cesser toute complicité avec ces crimes, et les données et conclusions claires présentées dans le rapport sont conçues pour permettre à tous les groupes de demander des comptes à ces entités », a déclaré Inès Abdel Razek, codirectrice du PIPD, l’un des membres de la coalition.
« Les désinvestissements d’entreprises fortement impliquées dans la colonisation israélienne ou les attaques militaires à Gaza sont de plus en plus fréquents dans le secteur financier. Cela démontre que les banques sont capables de prendre leurs responsabilités en s’assurant qu’elles ne contribuent pas aux violations du droit international » souligne Nathalie Janne de CNCD-11.11.11, un autre membre de la coalition.
Le rapport du DBIO appelle les institutions financières à adopter des mesures de diligence raisonnable renforcées, en utilisant leur influence pour s’assurer que leurs clients et les entreprises dans lesquelles ils investissent respectent le droit international et en se désengageant de celles qui ne le font pas. Elle demande également aux entreprises impliquées dans la colonisation israélienne de se retirer des colonies et de cesser toute contribution à leur établissement, leur expansion ou leur maintien.
Les gouvernements européens sont invités à prendre des mesures concrètes, notamment en interdisant les importations, la commercialisation et les ventes sur les marchés européens d’entreprises opérant illégalement dans le territoire palestinien occupé, et en interdisant le commerce avec les colonies israéliennes illégales et le soutien économique à ces dernières. Ils sont également invités à mettre fin à l’exportation, à la vente ou au transfert d’armes et de technologies de surveillance vers Israël.
>>Lire le rapport complet "Don’t buy into occupation" 2024 (pdf)
À propos de DBIO
DBIO est une coalition de 28 organisations palestiniennes, régionales et européennes qui enquête et met en lumière les relations financières entre les institutions financières européennes et les entreprises commerciales impliquées dans l’entreprise illégale de colonisation israélienne dans le territoire palestinien occupé. Le présent rapport est le quatrième rapport annuel que la coalition DBIO publie depuis septembre 2021.
Voir la conférence de presse du lancement du rapport DBIO 2024