Les colons israéliens ciblent les enfants palestiniens de violentes attaques
« J’ai cru qu’elle était morte », a dit We’am à Defense for Children International - Palestine à la suite d’un incident en janvier où les colons israéliens l’ont attaquée, elle et ses enfants, à l’extérieur de leur domicile en Cisjordanie. Un colon israélien a frappé au visage avec une pierre, en la blessant, la fille de We’am, Hala, âgée de 10 ans . « J’ai essayée de la porter, mais je ne pouvais pas la porter à moi seule ».
Les enfants palestiniens qui habitant en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, se trouvent dans un environnement hyper-militarisé où ils sont exposés à la violence des colons et des soldats israéliens.
Les violences perpétrés par les colons israéliens contre les Palestiniens et leurs biens sont généralisées et se produisent quotidiennement dans toute la Cisjordanie. Les colons israéliens perpètrent des violences, endommagent et détruisent les biens des Palestiniens, prennent le contrôle des terres et commettent d’autres délits à l’encontre des civils palestiniens qui habitent en Cisjordanie occupée.
Defense for Children International - Palestine a recueilli des renseignements sur quatre attaques perpétrées entre le 17 janvier et le 15 février 2021 en Cisjordanie occupée par des colons israéliens, qui ont blessé six enfants palestiniens âgés de 3 à 13 ans. Les attaques ont eu lieu à proximité immédiate d’un certain nombre des colonies israéliennes illégales couvrant la Cisjordanie occupée. Deux des enfants ont eu besoin d’être hospitalisés à la suite des attaques, selon les preuves recueillies par DCIP.
Des colons israéliens attaquent une fille palestinienne âgée de 10 ans à l’extérieur de chez elle
Le 17 janvier, des colons de la colonie illégale, réservée aux Juifs, de Yitzhar, ont attaqué le village palestinien de Madama, dans le gouvernorat de Naplouse au Nord de la Cisjordanie, en blessant Hala Q, âgée de 10 ans. La mère de la fille, We’am, a raconté à DCIP qu’environ 20 colons israéliens masqués se sont servis de pierres pour briser les fenêtres des maisons le long de leur route et que les colons avaient essayé d’attaquer le village trois semaines plus tôt, mais qu’ils avaient été tenus à l’écart par les habitants du lieu. Hala était en chemin vers la maison de son oncle à proximité pour y étudier, quand elle a été attaquée par un colon israélien.
« C’était un homme de grande taille, vêtu d’un jean, et le visage masqué avec un vêtement, tenant une pierre énorme », a dit Hala à DCIP. « Il m’a jeté la pierre sur le visage, je suis tombée devant la maison et je me suis à moitié évanouie. J’ai senti que quelqu’un me tirait, mais je ne pouvais pas du tout bouger, puis j’ai complètement perdu connaissance ».
Masa, la soeur de Hala âgée de cinq ans, et We’am ont toutes les deux subi des blessures aux jambes pendant l’attaque.
« Quand je suis sortie, le colon masqué qui était debout près de Hala a fui les lieux ». We’am, la mère de la fille, a dit à DCIP, « j’ai cru qu’elle était morte. J’ai essayé de la porter, mais je ne pouvais la porter à moi seule ».
Aidé par son fils âgé de neuf ans, Karam, We’am a emmené Hala dans la maison, où la famille s’est cachée tandis qu’ils attendaient quelqu’un pour les aider à transporter Hala à l’hôpital. Les colons israéliens, qui étaient environ à une distance de 15 mètres (49 pieds), ont jeté des pierres sur la maison pendant près de dix minutes, selon We’am.
« Le visage de Hala était couvert de sang », a déclaré We’am. « Mes autres enfants étaient pris de panique alors que nous nous cachions dans la maison et que nous entendions toujours les pierres brisant nos fenêtres ».
Une fois que l’attaque a cessé, des voisins ont emmené Hala dans une voiture privée à l’Hôpital Chirurgical Rafidia à Naplouse. Le bilan de l’état de Hala a été fait et elle saignait du nez et dans la bouche, avait des contusions sous l’oeil gauche et une dent cassée. Une fois avoir repris connaissance, elle a été autorisée à sortir et est retournée à la maison.
« Aucun de nous n’a pu dormir cette nuit-là » a dit Hala à DCIP. « Nous avions encore peur que les colons ne nous attaquent à nouveau. Jusqu’à ce moment nous vivons toujours dans la peur ».
Bien qu’habitant dans le même territoire, les Palestiniens de Cisjordanie occupée sont soumis au droit militaire israélien, tandis que les colons israéliens habitant illégalement dans des villages permanents, réservés aux Juifs, construits sur des terres palestiniennes, sont soumis au système juridique civil israélien. Depuis que les militaires israéliens ont occupé en 1967 la Cisjordanie, les autorités israéliennes ont créé plus de 200 colonies réservées aux Juifs où logent environ 700.000 citoyens israéliens, selon le Times of Israel.
Yitzhar est largement connue comme un foyer de violence des colons israéliens contre les Palestiniens. La colonie illégale a été créée en 1983 en tant qu’avant-poste militaire qui s’est bientôt transformé en une colonie civile. Les villages voisins utilisaient les terres à des fins agricoles, et les villageois palestiniens sont fréquemment visés avec violence par les colons de Yitzhar. La yeshiva de Od Yosef Chai est basée à Yitzhar et est connue pour encourager ses étudiants à perpétrer des violences à l’encontre des Palestiniens. La yeshiva était auparavant située à Naplouse jusqu’à ce qu’elle déménage en 2000 à Yitzhar pendant la Seconde Intifada.
30 colons israéliens attaquent une famille palestinienne en train de planter des oliviers
Le 15 février, des colons de Brakha, une colonie illégale réservée aux Juifs au Sud de la ville de Naplouse en Cisjordanie occupée, ont attaqué et blessé deux filles, âgées de 8 et 10 ans, qui étaient sur leur terre à Burin, à quelque 50 mètres (164 pieds ) à l’Ouest de Brakha. Rafeef I., 10 ans, a raconté à DCIP que elle, ses parents, son frère âgé de 11 ans, sa soeur âgée de 8 ans, et un cousin adulte étaient en train de planter des oliviers, vers 16 h, quand un groupe de 30 colons israéliens, certains armés, sont descendus vers eux depuis la colonie illégale de Brakha.
« Nous avons eu si peur quand nous les avons vus s’approcher de nous », a dit Rafeef, qui a raconté à DCIP que les colons lançaient des pierres sur la famille d’une distance d’environ 30 mètres (98 pieds). « Nous avons essayé de nous échapper et une pierre m’a atteinte dans le dos si durement que j’ai commencé à crier et à pleurer, mais j’ai continué en courant à retourner vers le village. Ma soeur, Alanoud, âgée de 8 ans s’est mise à pleurer et à crier en disant qu’elle avait été touchée par une pierre. Elles est tombée par terre. »
Les colons tiraient dans leur direction des balles réelles et des grenades lacrymogènes, et la famille s’est enfuie en voiture vers son village. Les colons ont blessé aussi la mère de Rafeef pendant l’attaque et ont détruit les oliviers de la famille. « Nous ne pouvons pas dormir normalement à cause de ce qui est arrivé », a dit Rafeef à DCIP.
Bien qu’étant des civils, les colons israéliens reçoivent des armes à feu du gouvernement israélien et beaucoup souscrivent à des opinions ultra-nationalistes qui se manifestent par une violence extrême envers les Palestiniens, y compris envers des enfants. Les colons israéliens qui attaquent les Palestiniens ont pour motivation la volonté de déposséder les Palestiniens de leurs terres, selon l’association israélienne des droits de l’homme Yesh Din.
Un bambin palestinien hospitalisé après une attaque par des colons israéliens
Alaa S. a raconté à DCIP que son fils âgé de trois ans a été hospitalisé après que des colons israéliens aient attaqué sa famille le 21 janvier 2021 alors qu’ils venaient en voiture de Ramallah pour rendre visite à de la famille à Tubas, ville au Nord-Est de la Cisjordanie. Alors que la voiture s’approchait d’un carrefour près d’un point de contrôle israélien situé à proximité de la colonie israélienne illégale de Beit El, la famille a remarqué qu’une personne devant elle sur la route faisait signe à la voiture de s’arrêter à l’aide d’une lampe de poche.
« Nous avons pensé qu’elle était un policier israélien nous demandant de nous arrêter pour s’assurer que nous portions un masque à cause de la pandémie de coronavirus », a déclaré Alaa. « Ma femme a diminué progressivement la vitesse de la voiture jusqu’à ce qu’elle s’arrête complètement, et alors en l’espace de quelques secondes, des gens ont commencé à jeter des pierres sur la voiture, de toutes les directions, tout en parlant entre eux en hébreu. Nous avons compris que nous avions été pris en embuscade par un groupe de colons ».
Les colons israéliens ont brisé la fenêtre arrière gauche de la voiture, là où Jad S. était assis, à coté de son frère Majd, âgé de six ans. La famille terrifiée est retournée en voiture au carrefour, où étaient stationnées deux voitures de la police israélienne et un véhicule militaire, et Alaa a signalé l’attaque aux policiers israéliens et aux soldats. Alaa a remarqué que Jad avait subi des blessures au visage, et un policier a appelé une ambulance, qui est arrivée environ 20 minutes après.
Une ambulance palestinienne est aussi arrivée sur place et a prodigué les premiers soins à la famille, avant d’emmener Alaa et les deux enfants au Complexe Médical de Palestine à Ramallah. Jan a été autorisé à sortir le lendemain à 12 h 30. Le 28 janvier, Alaa a déposé une plainte auprès de la police israélienne au commissariat de police de Beit El. Il n’a pas encore eu de nouvelles du commissariat concernant le résultat.
« Parmi nous, les autres n’ont pas été blessés, mais nous avons tous été traumatisés », a déclaré Alaa. « Mes fils ont fait des cauchemars au cours des nuits qui ont suivi l’incident. Ils se réveillaient en pleurant et criant, en disant qu’on jetait des pierres sur eux. Ils ont peur de quitter la maison ou de monter dans la voiture. Ils disent qu’ils ne veulent pas aller à Tubas, et ils refusent de dormir seuls dans leur chambre ».
L’impunité est généralisée pour les colons qui attaquent des Palestiniens. Selon l’association israélienne des droits de l’homme Yesh Din, 91 % des enquêtes sur les crimes d’origine idéologique contre les Palestiniens sont classées sans qu’aucune accusation ne soit déposée.
Des enfants palestiniens racontent ce que c’est que de vivre dans le camp de réfugiés de Jalazoun, près de la colonie de Beit El.
Un colon israélien agresse un garçon palestinien qui rentrait à pied à la maison
Haitham A., 13 ans, a déclaré à DCIP qu’un colon israélien l’a attaqué le 6 février 2021, alors qu’il rentrait à pied à la maison avec ses parents, vers 20 h, dans le quartier de Tel Rumeida à Hébron. La famille était entrée dans le secteur par un point de contrôle à Jabal al-Rahma, près de chez eux, quand cinq colons israéliens qui réparaient une moto dans la rue ont remarqué la famille.
L’un d’eux, un garçon âgé de 14 ans, a suivi la famille. La mère de Haytham a remarqué le colon qui les suivait et a alerté son fils.
« Je me suis retourné et j’ai vu que le colon était tout près. Il m’a frappé de la main sur la tête, sur l’oreille droite, et il est rentré en courant dans la colonie, mais il a été arrêté au portail par les soldats » a raconté Haitham à DCIP. « Mon père l’a suivi et lui a demandé pourquoi il m’avait frappé. Les soldats ont appelé la police. Mon oreille était toute rouge ».
Les membres de la police israélienne ont emmené la famille au commissariat de police de Ja’bara, près de la colonie israélienne illégale de Givat HaAvot, où Haytham a été conduit dans une salle d’interrogatoire, a montré des vidéos de l’incident, et a demandé à déposer une déclaration.
En 1984, la colonie israélienne illégale de Tel Rumeida a été créée à l’intérieur du quartier palestinien de Tel Rumeida à Hébron. Fermée de fait par les autorités israéliennes aux non-résidents depuis 2015, Tel Rumeida est fortement militarisée, et les Palestiniens font face à de fréquentes violences de la part des colons et des soldats israéliens.
A environ 200 mètres (655 pieds) de Tel Rumeida, le centre de la ville de Hébron, comprenant la Vieille Ville historique, le vieux marché, et la mosquée Ibrahimi, est sous le contrôle total militaire et civil d’Israël dans le cadre de l’accord de 1997 entre Israël et l’Organisation de Libération de la Palestine, qui a été approuvé par l’Autorité Palestinienne. La ville a été divisée en deux zones, H1, qui est sous le contrôle symbolique de l’Autorité Palestinienne, et H2, contrôlée par l’armée israélienne. Selon B’Tselem, environ 34.000 Palestiniens et 700 colons israéliens habitent dans la zone H2, et des milliers de soldats israéliens patrouillent dans la zone.
Des enfants palestiniens de Hébron décrivent comment ils se déplacent dans la ville, qui est pleine de points de contrôle militaires et de colonies israéliennes illégales.
Les autorités israéliennes s’abstiennent systématiquement de soumettre à enquête les plaintes déposées contre les colons. Selon l’association israélienne des droits de l’homme Yesh Din, entre 2005 et 2019, 82 % des dossiers d’enquête sur des crimes de nature idéologique à l’encontre des Palestiniens ont été classés en raison des manquements de la police.
Il est rare que des accusations soient déposées, et encore plus rare que des colons israéliens soient reconnus coupables, pour des violences ou des délits à l’encontre de Palestiniens. Il y a eu une exception récente, quand un tribunal israélien a reconnu le colon Amiram Ben-Uleil, 25 ans, coupable du meurtre à caractère raciste d’un nourrisson palestinien et de ses parents. Au premières heures du 31 juillet 2015, Ben-Uleil et un autre homme masqué ont jeté des bombes incendiaires dans la maison de Ali Dawabsheh, âgé de 18 mois, de Ahmad, âgé de 4 ans, et de leurs parents Saad et Riham, dans le village de Duma au Nord de la Cisjordanie occupée. Seul Ahmad, qui a subi des brûlures sur plus de 60 % du corps, a survécu.
DCIP a depuis janvier 2015 répertorié 73 attaques d’enfants palestiniens par des colons.
Israël a l’obligation de protéger les civils palestiniens en vertu de l’Article 4 de la Quatrième Convention de Genève, qui s’applique aux situations de conflit armé, dont l’occupation. Malgré ceci, les soldats israéliens déployés dans toute la Cisjordanie occupée protègent rarement les Palestiniens des attaques des colons et y ont même participé dans certains cas.
L’Article 49 de la Quatrième Convention de Genève interdit à Israël, la puissance occupante, de transférer ses civils dans les Territoires Palestiniens Occupés. Il interdit aussi à Israël de transférer les Palestiniens, la population protégée, sauf si cela est nécessaire pour la sécurité de la population protégée ou par nécessité militaire. Les violations de l’article 49 constituent de graves violations du droit humanitaire international et équivalent à des crimes de guerre.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a réaffirmé l’interdiction de créer des colonies dans les Résolutions 446, 452, 465, et plus récemment, 2334. Malgré cette interdiction, Israël a commencé à créer des colonies pour les civils israéliens peu de temps après qu’il ait occupé en 1967 la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, et la Bande de Gaza. Les autorités israéliennes déplacent fréquemment les villages palestiniens et s’approprient les terres agricoles palestiniennes afin de créer ces colonies réservées aux Juifs.
Traduction : AFPS
Photo : ActiveStills