Nous remercions tous nos amis et ceux qui nous ont soutenus pendant notre grève de la faim.
Nous avons pris la décision de faire une grève de la faim pour attirer l’attention du monde sur la situation intolérable dans les Territoires Palestiniens et pour donner de l’élan à une campagne internationale contre le Mur.
Le Mur israélien qui est en construction à l’intérieur de la Cisjordanie emprisonne des centaines de milliers de gens derrière des murs de béton massifs, des barbelés et des miradors. Le Mur est l’expression physique de la détermination israélienne à déposséder encore davantage les Palestiniens de leur terre et, pire que cela, à déchirer le tissu même de la société palestinienne et à détruire sa volonté d’être libre.
Nous croyons qu’il est en notre pouvoir de faire tomber le Mur. La vague de solidarité énorme qui a répondu à la grève de la faim montre que partout les gens comprennent l’énormité de ce qui se passe et qu’ils sont prêts à agir contre le Mur.
L’avis, qui fera date, de la Cour Internationale de Justice vendredi 9 juillet 2004 ne peut que nous aider dans notre lutte. En des termes clairs et sans équivoques, l’avis de la Cour est que la construction du Mur israélien est illégale.Le jugement de la Cour a réaffirmé la question essentielle qui est l’existence en Palestine d’un occupant et d’un peuple vivant sous occupation, et non deux parties également responsables de la situation terrible dans laquelle nous nous trouvons.
Dix ans de négociations ont tenté de camoufler cette vérité de base par la manipulation du langage, par exemple : les deux parties et le cycle de la violence. En termes forts la décision de la Cour a réaffirmé le droit des Palestiniens à l’autodétermination, l’illégalité de l’occupation, l’illégalité des colonies et maintenant le Mur.
Cette décision révèle l’échec du système international, y compris le Conseil de Sécurité, lié par le veto américain, à assumer ses responsabilités envers le peuple palestinien. Elle demande aux Nations-Unies de mettre rapidement un terme à cette situation illégale.
Nous devons mobiliser tous nos moyens, nos amis et soutiens, et tous les gens de conscience dans le cadre d’une campagne internationale pour imposer le principe que le Mur est illégal et doit être abattu.
La période qui s’ouvre est cruciale car une partie du combat se fera autour de la manière dont le système international des états, dont l’Union Européenne, se positionnera au sujet de la décision de la CIJ qui réhabilite de façon claire les principes de la légalité internationale qui subissent des attaques depuis si longtemps.
Nous en appelons à nos amis, aux personnes de conscience afin qu’ils intensifient leur combat, qu’ils mobilisent les opinons publiques afin de faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adhèrent aux principes et aux normes contenus dans l’avis de la Cour jusqu’au démantèlement du Mur.C’est un combat long et difficile mais nous pouvons le gagner.
Azmi Bishara
11 juillet 2004 ________________________________________________________
LISTE DES PARTICIPANTS A LA GREVE DE LA FAIM A RAM LE 8 JUILLET 2004
N°/ Nom/ Profession/ Date d’entrée dans la grève :
1 Dr Azmi Bishara, membre de la Knesset,03/07/2004
2 M. Hathem Abdul Qader, membre du Conseil Législatif Palestinien (CLP), 04/07
3 M. Ahmad Ghneim, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah,04/07
4 M. Jamal al Jamal, PARC, Campagne populaire contre le Mur, 04/07
5 M. Abdelatif Gheith, membre du CLP, directeur d’Adamir, 04/07
6 M. Hani Issawi, membre du Conseil National Palestinien (CNP), 04/07
7 M. Suheil Khader, membre du Parti du Peuple Palestinien, 04/07
8 M. Michel Warcharwski, membre du Centre d’Information Alternatif (AIC), 04/07
9 M. Assad Maslamani, membre du Comité Populaire contre le Mur, Jérusalem nord, 04/07
10 M. Ra’fat Alayan, représentant du Fatah à Jérusalem, 04/07
11 M. Moussa Abu Gharbiyeh, membre du Comité Populaire contre le Mur, Jérusalem nord, 04/07
12 M. Mahmoud Abdul Baki, membre du Comité Populaire contre le Mur, Anata, 04/07
13 Sheikh Tayser Tamimi, Haut juge de la Cour Suprême islamique, 05/07
14 Archimandrite A.Hanna, Eglise grecque orthodoxe, 05/07
15 Mme Fatima Toess, Centre d’Etudes Féminin, Campagne contre le Mur, 06/07
16 Mme Dima Hamdan,PARC, Campagne contre le Mur, 06/07
17 M. Salah Abu Qteish, Comité exécutif de la fédération des syndicats de fermiers, 07/07
18 M. Farid Tawil, Comité d’administration de la Société Makassed, 07/07
19 Mme Amal Nashashibi, militante palestinienne, 07/07
20 M. Ali Shami, membre de Adamir, 07/07
21 Mme Yafit-Jamila Biso, militante israélienne, Ta’ayoush, 07/07
22 Mme Mireille Mendès-France, militante française des Droits de l’Homme, 07/07
23 Mme Nisreen Abu Garbiyeh,membre du Comité Populaire contre le Mur, Jérusalem nord, 08/07/2004
S’Y SONT JOINTS :
24 Leena, AIC,
25/6 2 membres du Fatah,
27/8 2 religieux,
29/30 2 membres du CNP,
31 I militant communiste,
32 1 membre de la Knesset,
33 1 syndicaliste,
34 1 militant,
6 ONGs dont 2 israéliennes.
Grève de la faim contre le Mur d’apartheid
Appel de députés et de sénateurs français
Les députés Gilbert Biessy, Patrick Braouezec, André Chassaigne, Yves Cochet, André Gérin, Janine Jambu,Jean-Claude Lefort, , Guy Lengagne, François Loncle, Noël Mamère, Chantal Robin-Rodrigo et les sénatrices Danielle Bidard et Nicole Borvo ainsi que le sénateur Robert Bret se déclarent solidaires de leur collègue Azmi Bishara, député palestinien du Rassemblement National Démocratique (RND) au parlement israélien, qui observe, depuis samedi [« juillet 2004], une grève de la faim pour protester contre la construction du « mur de la honte » et les crimes commis par les forces d’occupation israéliennes lors de son implantation.
Ce mur créant les conditions d’un nouvel apartheid contrevient à toutes les règles du droit international et interdit toute perspective politique d’une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.
Très préoccupés par les conséquences dramatiques pour les deux peuples, les députés français solidaires de leurs collègues et amis appellent leurs collègues du Parlement européen et tous les démocrates de l’Union à saisir la Conseil européen à Bruxelles et leur gouvernement afin de faire pression sur le gouvernement Sharon pour que cesse la construction du mur et pour parvenir à sa démolition.
L’Europe toute entière doit apporter son soutien à toutes les forces qui, en Israël et en Palestine, se mobilisent pour une paix juste et durable, c’est en ce sens que les députés et les sénateurs français se mobilisent autour d’Azmi Bishara et de tous ceux qui l’ont rejoint.
6 juillet
Lettre d’Azmi Bishara
Ce mur doit tomber
"La CIJ a publié sa décision en réponse à la question posée par l’Assemblée Générale des Nations-Unies à propos des conséquences légales du Mur qu’Israël construit dans le territoire palestinien qu’il occupe depuis 1967. Sa réponse est claire et sans équivoque dans sa confirmation de l’illégalité totale du Mur. Le jugement de la Cour valide les craintes légitimes des Palestiniens ordinaires qui se battent pour leurs familles, leurs maisons et leur subsistance.
Avec ce jugement nous avons une opportunité réelle de briser cette complicité de silence et ces positions molles que de nombreux membres de la communauté internationale ont prises et aussi de nous attacher à faire tomber le Mur.
Pour de nombreux Israéliens le Mur paraît une formule magique qui leur permet de conserver leurs colonies, d’annexer davantage de terre et de ressources d’eau et de gagner le trophée de la sécurité, le tout en une seule fois. Mais c’est un acte d’auto tromperie.
Sauf à transférer tous les Palestiniens, ce Mur ne peut assurer la sécurité d’Israël. Au contraire, la perspective de Palestiniens enfermés derrière des murs massifs et des barbelés ne fera qu’augmenter énormément la tension et le conflit. Israël a posé Gaza comme modèle de la réussite de la barrière qui l’entoure à prévenir des attentats suicide. Pourtant c’est Gaza qui a subi le plus de bombardements israéliens malgré la barrière. Est ce que Gaza derrière sa barrière est vraiment une réussite ?
Il est important de noter que la Mur cible la population civile palestinienne en tant que « réserve naturelle » de la « menace contre sa sécurité » et l’impact frappe directement et brutalement la vie quotidienne des gens ordinaires.
Le Mur sépare non seulement les Palestiniens des Israéliens mais, de manière plus cruciale, les Palestiniens entre eux. Des communautés, grandes ou petites, seront mises en cage, privées de terre, d’eau, de liberté de mouvement, et de l’espace où créer des vies qui aient un sens. Il vole aux Palestiniens une communauté sociale. Imaginer qu’un Etat palestinien enfermé par le Mur peut être viable est une chimère, car une communauté politique ne peut exister quand la communauté sociale est exsangue, éclatée, séparée.
A Jérusalem la situation est beaucoup plus difficile. Le Mur s’insinue entre les maisons, il divise les familles, il sépare les travailleurs de leurs lieux de travail, les enfants de leurs écoles, le frère de la sœur et même les morts de leurs cimetières.. Il y a deux jours une vieille femme est morte dans le quartier d’Abu Dis à Jérusalem et il a fallu quasiment la jeter à sa famille par dessus le Mur afin qu’on puisse l’enterrer.
Au vu de tout ceci, il faut prendre avec prudence la décision récente de la Cour Suprême israélienne sur la pétition concernant une portion du Mur qui affecte les villages au nord ouest de Jérusalem et qui postule qu’il faut un équilibre entre les besoins sécuritaires et les considérations humanitaires pour la population locale. A vrai dire, il ne peut y avoir d’équilibre dans cette affaire, car la logique qui sous-tend la construction du Mur est une logique d’exclusion et de rejet. C’est une logique qui déclare qu’il ne peut y avoir de solution au conflit, ce qui augure mal de l’avenir. Où donc cette logique s’arrêtera-t-elle ? Comment peut-on l’arrêter ? Quid des Palestiniens qui resteront dans Jérusalem ? On entend déjà des voix en Israël dire qu’ils sont les dangers à venir pour la sécurité de l’état. Comment va-t-on les « faire s’envoler », ou les » transférer » ?
Ce processus et la logique, qui se perpétue elle-même, qui la sous-tend s’observe clairement à Gaza. C’est d’abord une rangée de maisons détruites et de vergers déracinés puis une autre rangée et encore un verger etc. Le problème c’est qu’il y aura toujours une zone charnière, de contact où les Palestiniens et Israéliens se rencontrent. La tentative israélienne de se défaire de la « menace pour sa sécurité » sans défaire l’occupation qui l’alimente signifie la perpétuation du conflit. Un conflit sans fin.
Bien que nous soyons par principe opposés à tout mur qui sépare des peuples de manière institutionnelle, l’argument sécuritaire aurait pu être accepté tel quel si le Mur avait été construit sur la ligne de 67. Le fait qu’il n’est pas construit sur cette ligne met en évidence une conception différente de la « sécurité d’Israël », laquelle essaie effectivement d’enterrer le rêve palestinien de liberté. Cependant, à supposer qu’Israël se retire sur les lignes de 67, alors il n’y aurait aucun besoin d’un mur, parce que la paix serait synonyme de sécurité pour les deux peuples."
Azmi Bishara
juillet 2004