Hajjah Jihad Abdul Aziz Abu Rumuz, 80 ans, était assise sur le canapé de sa maison de Silwan, contemplant ses murs et ses coins qui racontent les souvenirs de ses enfants et petits-enfants, et qui est désormais menacée d’expulsion au profit des colons.
Tout en montrant ses murs et ses pièces, La Hajjah Abu Rumuz a déclaré : "Cette maison est de l’histoire et c’est la chose la plus précieuse que nous ayons ... Nous y vivons depuis 60 ans, et il est très difficile de penser que nous allons être dépossédés. Il est vrai que les enfants ont grandi et se sont mariés, mais c’est la maison familiale et c’est ici qu’on se réunit… ce n’est pas possible de s’en passer et de la quitter".
Il y a deux jours, le tribunal de réconciliation a profité de la démarche d’un membre de la famille Abu Rumuz auprès du tribunal pour « examiner les amendes et les garanties financières qui lui ont été infligées », pour lui remettre la décision d’expulsion par contumace depuis 2016 en faveur des colons. La mise en œuvre de la décision est donc valable à tout moment, ce qui met la famille devant le fait accompli d’une expulsion immédiate de ses biens, situés dans le quartier de Batn Al-Hawa dans la ville de Silwan.
Nizam Abu Rumuz a expliqué que le tribunal lui avait remis une décision d’évacuer la propriété de la famille il y a deux jours lorsqu’il s’était présenté au tribunal et qu’il avait été surpris par la décision, qui avait été rendue à l’insu de la famille de toute séance et sans donner d’avertissement ou de notification au cours des dernières années.
La propriété de la famille Abu Rumuz fait partie du plan de l’association dans le cadre du programme « Ateret Cohenim » visant à contrôler 5 dunams et 200 mètres carrés du quartier d’Al-Hara Al-Wosta, Batn Al-Hawa, sous prétexte qu’elle appartient à des Juifs du Yémen depuis 1881. L’association des colonies affirme que la Cour suprême israélienne a approuvé la propriété des terres de Batn al-Hawa à des Juifs du Yémen, comme l’explique le Centre d’information Wadi Hilweh - Jérusalem.
Abu Rumuz a déclaré : "L’occupation, avec ses diverses institutions, poursuit les Maqdisi dans leurs lieux saints, leurs maisons et dans toutes les affaires de la vie, mais nous, comme nous défendons Al-Aqsa avec nos âmes, nous défendrons aussi notre maison avec nos âmes, nous ne la quitterons pas et nous allons résister."
Il a précisé qu’il s’était adressé au personnel juridique pour s’opposer à l’expulsion par contumace de leur propriété de 3 étages.
Quant à Souad Abu Rumuz, elle s’est assise dans l’une des pièces de la maison, celle réservée à toute les réunions de la famille, et a déclaré : "Ici, plus de 50 adultes, jeunes et enfants se rassemblent dans la maison familiale et passent les plus belles heures. Ici, nous sommes nés, et avons grandi, et ici nous resterons et nous ne partirons pas."
Souad Abu Rumuz a rejeté les décisions du tribunal et a déclaré : "Les décisions d’expulsion sont injustes et illégales, et elles profitent aux colons. Est-il possible pour le colon de prendre notre maison que nous avons construite brique par brique et où nous vivons ?"
La famille Abu Rumuz a rejoint 7 autres familles du quartier qui ont reçu des décisions d’expulsion similaires au cours des derniers mois, et qui sont toujours enfermées dans une lutte devant les tribunaux pour protéger leurs propriétés contre l’expulsion, en plus des dizaines d’autres familles du quartier qui ont reçu des notifications judiciaires et sont allées devant les tribunaux pour s’y opposer et pour lesquelles aucune décision n’a été prise à ce jour.