La démolition du quartier al-Bustan, au pied de la vieille ville, aujourd’hui engagée, en est un exemple dramatique dont il convient de mesurer la signification.
Insupportable démolition du centre al-Bustan
Mercredi 13 novembre, les forces d’occupation israélienne ont démoli le bâtiment du Centre social et culturel, et la tente de la solidarité, où depuis 20 ans, à la suite de premières démolitions, les habitants recevaient les délégations internationales et des représentations diplomatiques.
C’est un drame pour des milliers d’enfants, de jeunes, de familles qui y pratiquaient des activités éducatives et culturelles, dans un lieu de vie sociale et de soutien psychologique, face à la violence des colons et à la répression de l’armée.
C’est bien plus qu’un bâtiment qui a été détruit, mais un lieu de résilience et d’espoir, un lieu ouvert sur le monde, fort d’une coopération avec vingt et une collectivités territoriales françaises, avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères. Tout ce dont Israël ne veut pas ! Une étape supplémentaire a été franchie par la municipalité d’occupation israélienne dans un secteur où elle a fait détruire vingt-deux maisons depuis un an. Aujourd’hui elle entend démolir plus de cent maisons du quartier et expatrier 1 500 habitants dont 360 enfants. La zone est militarisée et entièrement fermée.
Projet d’urbanisme et judaïsation
Dans le quartier Silwan, au pied de la vieille ville, al-Bustan est contigu du secteur Wadi Hilweh où l’organisation des colons ELAD a créé la « Cité de David ». C’est avec l’objectif d’étendre celle-ci par l’aménagement d’un jardin biblique que la municipalité israélienne a promulgué, il y a 20 ans, ce projet d’urbanisme sur plus de 70 % des terrains d’al-Bustan.
Depuis, les habitants palestiniens et leurs associations élaborent des propositions alternatives et mènent des batailles juridiques pour conserver le droit de vivre dans leur quartier, à Jérusalem. Mais, face à la mobilisation pacifique des habitants, la municipalité israélienne accélère la mise en œuvre de la stratégie globale de judaïsation de Jérusalem.
Faire enfin appliquer le droit international
Encore une fois, Israël viole le droit international : dans ce territoire occupé, comme fixé par la 4e Convention de Genève, les résidents palestiniens devraient être protégés par la puissance occupante et non agressés en permanence et dépossédés de leurs biens.
La Cour internationale de justice a indiqué, le 19 juillet 2024, que cette occupation par Israël est illégale et l’Assemblée Générale des Nations unies exige, par son vote du 18 septembre, qu’Israël y mette fin et démantèle ses colonies avant le 18 septembre 2025. La France ayant voté cette résolution, il serait temps de montrer qu’elle entend la faire appliquer !
La France s’est dite indignée par ces démolitions et a « demandé des comptes à Israël ». Mais les paroles n’ont aucun effet sur Israël, il y a longtemps que tout le monde le sait. Il faut enfin passer à l’étape des sanctions.
Au lieu des gages envoyés par le président Macron à Netanyahou, il est temps qu’enfin la France prenne des initiatives pour faire respecter le droit international et le droit des Palestiniens de vivre dans leur ville de Jérusalem.
Quelle suite en 2025 ?
L’Association du Centre social continue de mener ses activités dans l’espace public et ses militants démontrent, à nouveau, tout leur engagement et leur abnégation, invitant, plus que jamais, à un soutien renforcé.
Le Comité des habitants lance l’appel international ainsi conclu : « … Le Comité demande instamment à l’Union Européenne et à ses États membres à faire preuve de leadership, en prenant des mesures décisives pour empêcher les destructions et protéger les droits des résidents. L’avenir de Jérusalem-Est ne dépend pas seulement de principes juridiques, mais aussi du courage moral de les faire respecter dans la pratique ».
Il est de notre responsabilité de relayer cet appel et de contribuer à le faire entendre.
J.B.