Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou cherche à reprendre la main alors qu’il s’apprête à accueillir des dizaines de dirigeants internationaux à l’occasion du cinquième Forum international sur la Shoah au Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, ce jeudi 23 janvier ; il les pressera de lui prêter main forte pour empêcher la Cour pénale internationale de lancer une enquête pour crimes de guerre contre les Palestiniens.
Des sources bien informées sur la préparation du Forum estiment que même si Nétanyahou a déclaré que la principale question qu’il débattra avec ses homologues est celle de la menace iranienne, il évoquera aussi la déclaration de la procureure de la CPI, Madame Fatou Bensouda, selon laquelle les bases étaient désormais établies pour ouvrir une enquête sur les crimes de guerre commis par Israël contre les Palestiniens.
Benyamin Nétanyahou s’apprête à demander aux dirigeants qu’il rencontrera – parmi lesquels le vice-président américain Mike Pence, le président russe Vladimir Poutine et le président français Emmanuel Macron – de publier une déclaration officielle selon laquelle ils soutiennent le fait que la Cour de La Haye n’a aucune compétence juridique sur les Territoires Palestiniens.
Ces derniers mois, Israël a mené campagne pour engranger les soutiens sur ce sujet. Nétanyahou a pris contact avec de nombreux dirigeants mais peu d’entre eux ont accepté sa demande ou indiqué qu’ils pourraient le soutenir.
La position officielle d’Israël est que les Palestiniens ne peuvent pas être considérés comme les citoyens d’un Etat souverain et par conséquent, ne tombent pas sous le coup de la juridiction de la Cour pénale internationale. Israël souligne également que la procureure de la CPI a reconnu que les questions soulevées par une telle enquête sont complexes et touchent à la compétence du tribunal.
Les Etats-Unis se sont déjà prononcé contre « une enquête injustifiée » que Washington qualifie de biaisée et d’injuste du moment qu’elle se focalise sur Israël.
L’Australie a publié une déclaration dans laquelle elle se dit « préoccupée » par la décision de la CPI et rappelle qu’elle ne reconnaît pas un Etat palestinien. L’Australie, comme les Etats-Unis, ajoute que les problèmes récurrents doivent être résolus de façon bilatérale, entre Israël et les Palestiniens.
Budapest a répondu à la requête de Nétanyahou en expliquant que « la position d’Israël sur la question de la compétence juridique de la Cour dans ce dossier est justifiée. Le gouvernement hongrois a toujours été sensible au principe et à la valeur de la souveraineté nationale. Par conséquent, nous avons des désaccords légaux et politiques sur la compétence des institutions européennes ou internationales … Croyez en l’assurance de notre soutien politique indéfectible sur des questions d’intérêt mutuel. »
La réponse de l’Allemagne est particulièrement remarquable car elle est réservée dans le soutien qu’elle exprime. L’Allemagne se dit certaine que la Cour trouvera une solution aux problèmes dont elle est saisie, notamment sur la question de la recevabilité de la plainte, ajoutant qu’elle s’oppose à la politisation de quelque cas que ce soit. Berlin espère que tous les points du dossier seront étudiés.
Le Canada rappelle sa position cohérente qui est de dire
qu’il n’y a pas d’Etat palestinien et que par conséquent, nous ne pouvons reconnaître sa prise en compte par des traités internationaux. Le Canada suit l’examen par la CPI de la situation en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza et soutient l’instauration d’un Etat palestinien qui vivrait en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, et qui adviendra aux termes de négociations directes entres les parties.
A l’exception de ces pays, les autres n’ont pas répondu à la demande de soutien de Nétanyahou. Il espère que la visite de cette semaine l’aidera à les embarquer à ses côtés. Israël veut convaincre autant de membres signataires de la CPI possibles pour faire pression et empêcher les juges internationaux d’intervenir dans le conflit israelo-palestinien ce qui, selon Tel Aviv, reviendrait à politiser une institution internationale.
Traduction AFPS