L’AFPS a pris connaissance avec stupeur de l’ampleur de l’opération menée par les forces de sécurité de l’Autorité palestiniennes (AP) contre la résistance armée dans le camp de réfugiés de Jénine du 8 au 14 décembre. Cette opération a provoqué la mort d’au moins trois combattants et d’un enfant de 13 ans, et blessé plus d’une vingtaine de personnes.

Cette opération a duré six jours pendant lesquels les forces de sécurité de l’AP se sont déployées dans le camp avec des véhicules et des snipers. Elles ont assassiné l’un des principaux dirigeants de la brigade de Jénine, Yazid Ja’aitzah, recherché depuis quatre ans par l’occupant. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés ainsi que des tirs à balles réelles, y compris contre des femmes et des enfants, le courant a été coupé, les hôpitaux ont été assiégés.

La population du camp a immédiatement réagi par des manifestations massives, notamment des femmes de Jénine, en solidarité avec les jeunes combattants ciblés par cette opération. Les manifestations de protestation contre l’Autorité Palestinienne se sont étendues à d’autres camps de réfugiés en Cisjordanie avec là aussi des affrontements violents entre les jeunes et la police palestinienne dénoncée comme force de collaboration au service de l’occupant israélien. Des policiers palestiniens ont rendu leur uniforme en signe de protestation.

Ce matin une grève générale était observée en protestation dans le camp de Jénine et de nouveaux affrontements ont eu lieu entre les combattants du bataillon de Jénine et les forces de sécurité de l’AP.

L’AFPS dénonce cette opération de police meurtrière qui vise selon les déclarations des dirigeants palestiniens « à rétablir ordre et sécurité dans le camp de Jénine et à lutter contre ceux qui sont désignés comme des hors la loi », « à lutter contre le chaos et l’anarchie ».

L’AFPS dénonce également l’utilisation des mêmes qualificatifs et des mêmes méthodes expéditives que l’armée d’occupation israélienne contre de jeunes militants qui choisissent le recours à la lutte armée pour résister à l’occupation.

La situation en Cisjordanie liée à la brutalité de l’occupation est suffisamment insupportable sans que ceux qui sont censés défendre les intérêts et les droits du peuple palestinien ne s’en rendent de facto complices.

Les camps de réfugiées sont la cible privilégiée de l’occupation israélienne qui leur fait subir un niveau effroyable de destruction et de répression depuis deux ans, du fait de la résistance armée qui s’y est organisée depuis quelques années. Comment doit-on comprendre cette attaque de l’Autorité palestinienne précisément contre le camp de Jénine ?

Alors qu’un génocide est en cours à Gaza et qu’Israël a entrepris l’annexion totale du territoire palestinien occupé, la nécessité absolue pour le peuple palestinien est de construire son unité politique face à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid. L’heure est à la recherche d’une solution politique pour sortir de la situation actuelle et non à la tentative d’écrasement des uns par les autres. Les événements dramatiques de Jénine sont au contraire porteurs d’un risque de division mortifère - dont Israël ne peut que se féliciter - et d’un immense découragement pour la population palestinienne.

Le calme doit revenir afin que toutes et tous puissent rester mobilisé·es dans le seul but de la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid et pour aller vers la reconnaissance et l’application des droits inaliénables du peuple palestinien.

Le Bureau National de l’AFPS, le 16 décembre 2024

Photo : La ville de Jénine observe une grève commerciale en protestation à la répression de la résistance anti-israélienne par l’Autorité palestinienne, 16 décembre 2024 © Quds News Network