C’est maintenant le dixième jour de l’offensive militaire de grande envergure que l’armée israélienne a lancée contre la ville de Naplouse où vivent environ 200 000 habitants.
Pour Naplouse ce n’est pas la première invasion par les troupes israéliennes appuyées par des chars, des véhicules blindés et une technologie militaire sophistiquée, qui dévastent les rues et infligent partout des destructions massives. Cependant cette fois ci est différente des quelque dix invasions depuis avril 2002, car l’armée impose un couvre-feu permanent, 24h sur 24, ce qui interdit toute activité économique, sociale ou éducative aux civils qui résident dans la ville.
Et la différence ne tient pas seulement à l’intensité des opérations militaires à l’intérieur de la ville, mais aussi à la nature même de ces actions, car les troupes israéliennes utilisent de gros bulldozers pour détruire des maisons de la vieille ville qui datent de 400 ans et qui sont considérées comme un héritage culturel unique que l’UNESCO veut préserver et protéger.
- Naplouse
- Fumée s’élevant de la vieille ville de Naplouse où les forces d’occcupation ont commencé à détruire le centre historique de Naplouse - Photo : REUTERS/Abed Omar - 2 janvier 2004
Les habitants se voient interdire l’entrée et la sortie de la ville, ce qui revient à mettre 200 000 personnes dans une grande prison. De plus l’armée israélienne a interdit l’accès de la ville aux représentants des médias, ce qui indique que l’armée ne veut pas que quiconque soit témoin des crimes contre l’humanité qu’elle commet ici.
A cette heure 9 personnes innocentes ont été tuées et plus de 100 blessées par les troupes israéliennes qui ont envahi la ville. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école, l’université An- Najah, l’une des plus grandes de Palestine est quasi paralysée car les étudiants ne peuvent se rendre aux cours. Toutes les activités commerciales ont été arrêtées et la situation économique globale est paralysée.
L’armée (israélienne) a occupé 26 bâtiments et les a transformés en positions militaires avancées où les habitants sont gardés en otages. Cela fait dix jours que 110 familles qui vivent dans ces bâtiments ne peuvent sortir de chez elles et n’ont pas accès aux services de base tels que l’accès aux soins médicaux ou l’approvisionnement.
Les équipes de secours et les équipes médicales qui tentent de subvenir aux besoins de base, humanitaires et d’urgence, de la population se sont vu maintes fois interdire l’accès à la vieille ville de Naplouse. La ville souffre d’un manque sévère d’approvisionnement de base et la population ne peut sortir et subvenir à ses besoins élémentaires.
La population de Naplouse en appelle aux organisations humanitaires, à la Croix-Rouge surtout, pour qu’elles interviennent en urgence de manière plus active en envoyant leurs équipes dans la ville. Naplouse a un besoin urgent des médias, de la presse, pour révéler les crimes commis par l’armée israélienne contre la population de la ville. Toutes les agences des Nations Unies, particulièrement l’UNESCO, sont appelées à intervenir de toute urgence et à arrêter ces violations guerrières des droits humains élémentaires des habitants de Naplouse.
Dr Allam JARRAR