Parvenir à réunir près de 1 800 personnes à Nantes pour l’université des mouvements sociaux et des solidarités témoigne d’une attente forte dans un contexte de restrictions sanitaires qui ne favorise ni les mobilisations sociales, ni les engagements militants. C’est le pari réussi par le CRID [1] et l’association Attac pour cette édition 2021 de l’UEMS qui, de toute évidence, répondait à un besoin de débats et d’échanges de pratiques pour un rendez-vous à la fois convivial et studieux.
Forte présence de l’AFPS et du groupe local de Loire-Atlantique
Concernant le mouvement de solidarité avec la Palestine, outre l’AFPS, étaient représentés la Plateforme, BDS-France et l’UJFP [2]. Un stand commun à la Plateforme et à l’AFPS et deux stands UJFP et BDS-France ont été tenus côte à côte, bien en vue dans le village associatif. En plus de la co-organisation de plusieurs ateliers, cette proximité a favorisé des échanges particulièrement fructueux entre les militant(e)s de nos organisations. L’affluence était variable selon les moments, plus faible durant les ateliers, plus fournie en dehors, mais les sollicitations nombreuses. Cette présence militante a également permis de nombreux échanges avec le public et nous a donné l’occasion de présenter nos campagnes en cours et à venir. Nos ami(e)s du 44 (membres de l’AFPS, de la Plateforme et de la Cimade) se sont particulièrement investi(e)s dans l’organisation de cette présence fort utile à la reconnaissance de notre action.
Des ateliers et des initiatives proposés ou co-organisés par l’AFPS réussis
Tous ont été réalisés en présence des intervenant(e)s prévu(e)s sauf l’atelier « réfugiés et droit au retour » à cause du désistement de deux intervenantes palestiniennes qui n’ont pas pu arriver jusqu’à Nantes. Ce qui n’a pas empêché une quarantaine de personnes de participer au débat qui a suivi la présentation de la situation des réfugiés palestiniens faite par Claude Léostic et Pierre Leparoux.
L’atelier « Israël, un nouvel apartheid à faire tomber » a été introduit d’une manière très complète synthétique par Anne Tuaillon (AFPS) devant 35 personnes et illustré par Béatrice Ores (UJFP) qui a détaillé le contenu de la loi israélienne sur l’« État-nation ». Annick Suzor-Weiner (AURDIP) [3] est intervenue sur la situation particulière des étudiants palestiniens. Le débat a permis de mettre en évidence l’importance politique de la dénonciation de l’apartheid israélien et la nécessité pour le mouvement de solidarité de l’analyser comme une étape nouvelle dans le combat mené par le peuple palestinien pour l’acquisition de ses droits légitimes.
L’analyse, faite par Sandrine Mansour, d’un manuel d’histoire pour illustrer les approximations, les silences et autres rapprochements incongrus qui favorisent une lecture sioniste de l’histoire en Palestine occupée aura marqué l’auditoire de l’atelier « Palestine-Israël : les manuels scolaires et les publications jeunesse pour comprendre l’histoire ? ». La proposition faite par les associations organisatrices (AFPS, UJFP, CICUP [4]) à la vingtaine de présent(e)s de provoquer des réunions dans leurs villes sur ce thème devrait, semble-t-il, être suivie d’effets.
L’atelier « BDS : présentation et enjeux » initié par BDS-France et co-organisé avec l’AFPS, la Ferc-CGT et Solidaires a été l’occasion d’une présentation partagée des enjeux de BDS. Il a permis aux 25 personnes présentes d’échanger sur l’importance d’impliquer les syndicats dans l’organisation des campagnes BDS en direction des entreprises. L’occasion aussi d’informer sur les actions BDS de l’AFPS locale et nationale et de faire connaissance par visio de Fiona Ben Chekroun, nouvelle coordinatrice de BDS-Europe.
On aurait pu espérer un public plus nombreux pour l’atelier « Vivre la Palestine : un support pédagogique interactif pour comprendre le quotidien des Palestiniens » proposé par nos ami(e)s de la Plateforme et animé par des militant(e)s de l’AFPS et des CEMEA. Mais pour la vingtaine d’étudiant(e)s et de bénévoles présent(e)s, l’atelier aura été l’occasion d’intégrer à leur pratique militante un nouvel outil d’information et de sensibilisation à la lutte du peuple palestinien qu’ils ne connaissaient pas et un moment de rencontre très bénéfique entre associations. Vivre ce jeu de rôle fait percevoir plus émotionnellement le vécu quotidien des Palestinien(ne)s.
La soirée ciné-débat autour du film d’Anne Paq et Dror Dayan Not just your picture était proposée par l’AFPS 44 en collaboration avec l’équipe du Cinématographe, partenaire régulier de nos ami(e)s. Une cinquantaine de personnes ont découvert le film et échangé avec la réalisatrice dans un moment empreint d’émotion. Un documentaire et une présentation portée avec talent par sa réalisatrice à recommander sans hésitation aux GL de l’AFPS.
Des mouvements sociaux et de solidarité surveillés et entravés dans leur action : quelle réaction possible ?
Bien que le rythme des initiatives consacrées à la Palestine ait été assez soutenu et que le temps passe vite, nous avons participé avec un grand intérêt à deux modules organisés en parallèle. Le premier, intitulé « Face à la répression et à la surveillance généralisée : de la résistance à l’initiative », était animé notamment par Nathalie Tehio, avocate de la LDH, Pascal Gassiot, de l’Observatoire toulousain des pratiques policières (OPP) et Pierre Huriet, du SAF (Syndicat des avocats de France) de Nantes.
Le second, intitulé « Répression des associations : des stratégies pour résister et faire avancer les libertés associatives », était animé par des représentant(e)s de la Coalition pour les libertés associatives, un collectif qui regroupe une vingtaine d’associations et dont on peut trouver la présentation sur le site : www.lacoalition.fr
L’échange avec ces militant(e)s et ces avocat(e)s travaillant sur collectivement sur le terrain auprès des associations des droits humains (dans des Observatoires des libertés) est sans conteste d’un grand intérêt pour les militant(e)s de l’AFPS. Nous avons pu témoigner des atteintes spécifiques à notre liberté d’expression et d’action en tant qu’association agissant sur le terrain spécifique des droits du peuple palestinien. Ces échanges ont confirmé l’utilité, pour l’AFPS, de participer à cette réflexion collective ayant pour objectif de partager à la fois des analyses et des outils pertinents pour la préservation de nos libertés et de nos droits individuels et collectifs.
Il est certain que les outils élaborés par ces collectifs où agissent des partenaires réguliers de notre association, notamment la LDH, devraient intéresser les adhérent(e)s de nos groupes locaux en cas de nouvelles atteintes à notre liberté d’expression et d’action comme ce fut le cas lors des dernières mobilisations pour Gaza et le mouvement de résistance populaire en Cisjordanie.
Au final, cette édition 2021 de l’université d’été des mouvements sociaux et des solidarités aura offert une belle opportunité à l’AFPS de partager les enjeux du combat du peuple palestinien, mais aussi de s’inscrire dans une grande diversité de luttes pour plus de démocratie et de solidarités en France et partout dans le monde. Ce fut aussi une incontestable réussite pour son équipe organisatrice qui a déjà fixé un nouveau rendez-vous en août 2022 pour une prochaine université d’été des mouvements sociaux et des solidarités, prévue à Francfort, en Allemagne.
AFPS 44 et François Rippe