[1] voir aussi l’Orient le Jour :
Commémoration sanglante de la nakba à Maroun el-Rass
16/05/2011
Un jeune Palestinien tente de couper le barbelé. Ali Hashisho/Reuters
Un jeune Palestinien tente de couper le barbelé. Ali Hashisho/Reuters
Commémoration Dernier bilan nocturne des tirs contre des manifestants palestiniens commémorant la nakba à Maroun el-Rass : dix tués et 112 blessés, dont certains dans un état grave.
Comme au Golan et à Gaza, la manifestation propalestinienne organisée à la frontière avec Israël dans le périmètre du village de Maroun el-Rass, au Liban-Sud, pour la commémoration de la nakba (l’exode après la création d’Israël en 1948) a mal tourné, en dépit des mesures de sécurité prises par l’armée et la Finul pour éviter des débordements.
Dix personnes ont été tuées et 112 autres ont été blessées par les soldats israéliens qui ont ouvert le feu sur les manifestants à partir du moment où certains d’entre eux se sont trop rapprochés des barbelés.
La tension est montée d’un cran lorsque des dizaines de jeunes manifestants ont franchi le cordon de l’armée pour s’approcher des barbelés et ont commencé à lancer des pierres en direction des soldats israéliens de l’autre côté.
Selon le correspondant de l’ANI dans la région, des milliers de manifestants, pour la plupart des réfugiés palestiniens, ont marché vers Maroun el-Rass où la cérémonie commémorative a été organisée. Des hommes, des femmes et des enfants étaient partis le matin de la Békaa-Est, du Nord et du Sud vers ce village frontalier, à bord de bus portant des noms de localités palestiniennes abandonnées par leurs habitants après l’exode de 1948. « Le but de la marche est de rappeler aux nouvelles générations nées hors des frontières de la patrie que des terres de nos pères et grands-pères ont été volées par les juifs, qu’on a été chassés de là-bas et que nous devons récupérer ces terres », a affirmé l’un des organisateurs, Ayad Aboul Aynayn.
Après les discours d’usage, des ballons aux couleurs palestiniennes ont été lâchés, puis quelque 200 jeunes se sont approchés des barbelés. « Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Palestine », criaient-ils en accrochant des drapeaux palestiniens sur les barbelés.
Mis en état d’alerte, les soldats israéliens de l’autre côté de la frontière ont tiré des coups de semonce. Une des balles devait cependant blesser une jeune fille qui se tenait loin. Furieux, les manifestants ont entrepris de lancer des pierres contre les Israéliens et certains ont essayé de forcer les barbelés, selon l’armée israélienne, citée par l’AFP. Les soldats israéliens ont alors ouvert directement le feu, faisant six tués et plusieurs blessés. Des centaines de protestataires ont pris la fuite, mais les plus téméraires parmi ceux qui s’étaient rapprochés des barbelés continuaient de protester. Des soldats de l’armée libanaise ont dû intervenir pour les convaincre de rebrousser chemin de peur qu’il n’y ait davantage de victimes. La Finul qui, à la demande de l’armée, survolait le secteur en hélicoptères, est également intervenue. Elle a demandé aux forces régulières d’envoyer des renforts à la frontière pour y maintenir la sécurité.
Appels de la Finul et de Williams à la retenue
« En dépit des mesures fermes prises par l’armée libanaise dans la région de Maroun el-Rass pour accompagner les manifestants à l’occasion de la nakba, les forces de l’ennemi israélien ont tiré en direction du rassemblement, provoquant la mort de 10 personnes et blessant 112 autres, dont certaines grièvement », a souligné l’armée dans un communiqué publié en soirée. « Les unités de l’armée ont été mises en état d’alerte maximale et ont entrepris de coordonner pleinement leur action avec la Finul », précise le communiqué.
De son côté, l’armée israélienne a indiqué, dans un communiqué repris par l’AFP, que « plusieurs émeutiers ont tenté de franchir la barrière frontalière et de s’infiltrer en territoire israélien. Les forces israéliennes ont répliqué par des tirs de semonce », mais sans faire état de victimes du côté libanais. Une source médicale à l’hôpital de Bint Jbeil avait indiqué que « les personnes tuées ont été touchées au visage, au ventre et au cœur ».
La Finul, qui a assuré que c’est l’armée qui reste en charge de la sécurité dans la bande frontalière, a multiplié les contacts pour éviter que les incidents de Maroun el-Rass ne dégénèrent. Le commandant de la force internationale, le général Alberto Asarta, a fait paraître un communiqué dans lequel il a expliqué qu’il a « pris contact en personne avec toutes les parties concernées au Liban-Sud pour leur demander de faire preuve de retenue afin d’éviter qu’il n’y ait davantage de victimes ».
Selon le coordinateur spécial de l’ONU pour le Liban, Michael Williams, cet incident sanglant est « l’un des plus graves survenus sur la ligne bleue depuis la guerre de juillet 2006 ». M. Williams a aussi exhorté toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue et de se conformer aux dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
La réaction israélienne a soulevé une vague d’indignation dans les milieux locaux. Le président de la République, Michel Sleiman, a « stigmatisé les crimes israéliens contre les civils pacifiques dans le sud du pays, dans le Golan et en Palestine », tandis que le Premier ministre sortant, Saad Hariri, a qualifié « les tirs israéliens (...) d’agression flagrante et inacceptable », et que le Premier ministre désigné Nagib Mikati dénonçait « l’arrogance » et la « sauvagerie » d’Israël.
Le Hezbollah, qui a participé au financement de la manifestation selon les organisateurs, a dénoncé la « barbarie israélienne » et appelé la communauté internationale « à ne pas être complice de l’ennemi ». D’autres partis et hommes politiques, notamment le Courant du futur, le député Tammam Salam et le chef du Parti démocrate, le député Talal Arslan, en ont également appelé à la communauté internationale, stigmatisant son silence face aux exactions israéliennes.
L’ancien Premier ministre Fouad Siniora a dénoncé « un crime qualifié contre l’humanité », en relevant que les soldats israéliens ont tiré sur des « civils sans armes qui manifestaient pour exprimer leur point de vue et attirer l’attention de la communauté internationale sur leurs droits ». Pour la Jamaa islamiya, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son chef d’état-major devaient être jugés par le TPI pour crimes contre l’humanité.
[2] voir aussi l’AFP :
La commémoration de la "Nakba" ensanglantée par des violences sans précédent
La commémoration de la "Nakba" a été ensanglantée dimanche par des violences sans précédent qui ont fait au moins 12 morts et des centaines de blessés, la plupart à la périphérie des territoires palestiniens, au Liban et dans le Golan syrien occupé.
Il s’agit du plus lourd bilan lors des manifestations de la "Nakba" (catastrophe), selon l’appellation dans le monde arabe de la création de l’Etat d’Israël en 1948 et de l’exode des Palestiniens qui s’en est suivi, depuis 1998. Cinq Palestiniens avaient été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie pour le 50ème anniversaire.
A la suite des violences, l’armée israélienne a annoncé la prolongation de 24 heures du bouclage de la Cisjordanie occupée jusqu’à lundi minuit (21H00 GMT).
"Cette mesure a été prise conformément aux directives du ministère de la Défense et en fonction des estimations concernant la situation", a indiqué le porte-parole de l’armée dans un communiqué.
Durant ces 24 heures, les Palestiniens ne seront pas autorisés à se rendre en Israël, "hormis pour les cas humanitaires et pour les personnes nécessitant un traitement médical", ajouté le porte-parole militaire.
Le bouclage actuellement en vigueur avait été imposé dans la nuit de samedi et devait prendre fin dimanche à minuit (21H00 GMT).
Dans le plateau syrien du Golan, l’armée israélienne a ouvert le feu dimanche sur des manifestants palestiniens venus de Syrie qui avaient pénétré dans la partie occupée.
Deux protestataires ont été tués et quatre grièvement blessés, selon des médecins.
Le calme était revenu en début de soirée dans ce secteur, où près de 200 des milliers de manifestants avaient franchi la ligne de cessez-le-feu, selon un photographe de l’AFP.
Il s’agit d’un des incidents frontaliers les plus graves entre les deux pays depuis la guerre israélo-arabe de 1973.
L’armée israélienne a accusé le pouvoir syrien d’avoir "organisé cette manifestation violente pour tenter de détourner l’opinion mondiale de ce qu’il se passe dans ses villes" et qualifié cet acte de "très grave".
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti qu’Israël était déterminé à défendre "ses frontières et sa souveraineté" : "J’ai donné ordre à l’armée d’agir avec le maximum de retenue mais aussi d’empêcher que nos frontières soient forcées".
Damas a "fermement dénoncé les actes criminels d’Israël contre notre peuple dans le plateau du Golan, en Palestine et dans le sud du Liban", ajoutant : "Israël devra assumer la totale responsabilité de ses actes".
Dix personnes ont été tuées par des tirs israéliens à la frontière libanaise, où des milliers de réfugiés palestiniens s’étaient rassemblés dans la localité de Maroun ar-Ras, à un kilomètre d’Israël, selon l’armée libanaise.
Les tirs ont éclaté après que des dizaines de jeunes manifestants ont franchi le cordon de l’armée libanaise pour s’approcher des barbelés, et ont commencé à lancer des pierres en direction des soldats israéliens de l’autre côté.
Le Liban a porté plainte contre Israël auprès de l’ONU, appelant le Conseil de sécurité à "prendre ses responsabilités et faire pression sur Israël pour qu’il cesse sa politique agressive et provocatrice à l’égard du Liban", selon l’agence de presse officielle Ani.
Dans les territoires palestiniens, une centaine de Palestiniens ont été blessés dans le nord de la bande de Gaza par des tirs de l’armée lors d’une marche en direction du terminal frontalier israélien d’Erez, a-t-on appris auprès des services médicaux palestiniens.
Un millier de manifestants se sont dirigés vers la frontière israélienne en dépit de tirs de semonce israéliens, selon un correspondant de l’AFP.
Un jeune Palestinien a par ailleurs été tué par des tirs israéliens à l’est de la ville de Gaza. L’armée israélienne a affirmé avoir tiré sur un individu qui "posait un engin explosif" à la frontière.
D’autre part, au moins 17 Palestiniens ont été blessés lors de heurts violents au poste de contrôle de Kalandia (Cisjordanie), à l’entrée de Jérusalem, et neuf autres à Hébron (sud de la Cisjordanie).
Et au moins 24 personnes ont été blessées au Caire près de l’ambassade d’Israël dans des affrontements entre policiers et manifestants, selon le ministère égyptien de la Santé, cité par l’agence officielle Mena.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a salué la mémoire des "martyrs tombés" dimanche.
"Leur sang précieux n’aura pas coulé en vain, parce qu’il a été versé pour la liberté du peuple palestinien et ses droits", a-t-il dit.
La "Nakba" s’est traduite par l’exode de quelque 760.000 Palestiniens, point de départ de la question des réfugiés, actuellement au nombre d’au moins 4,8 millions avec leurs descendants, répartis pour l’essentiel entre la Jordanie, les territoires palestiniens, la Syrie et le Liban.
AFP relayé par la Croix
http://www.la-croix.com/Actualite/S...