- Le camp de Nahr
al-Bared,
pilonné sans
répit par l’armée
libanaise, a subi
de très lourdes
destructions
depuis le 20 mai
dernier.
L’Unrwa (office des Nations
unies pour les réfugiés)
recense, au 17 juillet, 31 885
déplacés du camp de Nahr el Bared [1].
Selon ses chiffres, plus de 26 000 personnes
sont réfugiées dans le nord du
Liban, dont 13 775 à Beddawi, 2411
dans le centre, 1697 dans la région de
Saïda, 1220 dans celle de Tyr et 375
dans la zone de la Beqa’a.
Pas loin de la moitié des presque
32 000 habitants de Nahr el Bared se
trouve donc aujourd’hui dans le camp
de Beddawi, voisin de 7 km de Nahr
el Bared et qui a vu quasiment doubler
sa population (l’Unrwa recensait
16 198 habitants à Beddawi en 2003).
Ils sont installés principalement dans
les écoles ou dans des maisons amies
(qui accueillent parfois jusqu’à trente
personnes), mais certains ont également
investi les locaux de l’ONU, les mosquées,
voire des locaux commerciaux
ou des maisons inoccupées que les
comités du camp ont décidé de leur
ouvrir. Une minorité vit dans des
appartements loués à la périphérie du
camp. « Avant les combats du 20 mai
dernier, Beddawi était un petit camp
tranquille. Ce n’est plus le cas actuellement.
Ses rues sont encombrées de
piétons. Un hôpital de camp, don du
Qatar, y a été installé, et les six écoles
de l’UNRWA grouillent de réfugiés. » [2]
Le surpeuplement est invivable.
Une pénurie sévère en nourriture et
fournitures médicales était à prévoir.
Les déplacés reçoivent une aide -insuffisante - en produits alimentaires,
sanitaires ou vêtements. Mais la distribution
est inégalement répartie. Les
ONG internationales apportant de
l’aide directe distribuent 80% des
denrées à ceux qui sont réfugiés dans
les écoles, alors que ceux qui sont
accueillis dans les maisons n’en reçoivent
que 20%. Les habitants de Beddawi
subissent bien évidemment eux
aussi les conséquences de cette situation.
L’hôpital, qui emploie seize personnes,
traiterait environ trois cents cas par
jour, principalement des maladies de
peau et des infections dues aux conditions
de vie et d’hygiène dans les
écoles. [3]
Les déplacés de Nahr el Bared sont
traumatisés et une aide psychologique
est loin d’être un luxe, dit Hanan, responsable
de l’association Beit Atfal
Assoumoud [4]. Le psychologue et le
psychiatre qui travaillaient à Nahr el
Bared avant les bombardements tentent
de faire face à la situation à Beddawi.
La plupart des habitants du camp
dévasté ont fui dès qu’ils l’ont pu, en
voiture pour les plus chanceux, à pied
pour tous les autres, en abandonnant
leur maison sans rien pouvoir emporter,
pas même leurs papiers personnels
et la plupart sans un sou. Ils ont, depuis,
tout perdu dans les bombardements.
Statistiques de l’UNRWA sur les
camps de réfugiés au Liban
(au 31 décembre 2006)
Sur les 16 camps « officiels » du Liban, 3 ont
été détruits pendant la guerre et n’ont
jamais été reconstruits : Nabatieh au sud,
Dikwaneh et Jisr el-Basha dans la région de
Beyrouth. Un quatrième camp, Gouraud à Baalbeck,
a été évacué il y a plusieurs années et ses
habitants transférés à Rashidieh près de Tyr.
Aujourd’hui, les 12 camps de réfugiés officiels
connaissent de sérieux problèmes : pas d’infrastructures
appropriées, surpeuplement, pauvreté
et chômage. Les camps du Liban ont le plus fort
taux de réfugiés palestiniens vivant dans une
pauvreté abjecte et font l’objet d’un programme
spécial de l’UNRWA.
Le nombre total de réfugiés - dans et hors
camps - est estimé par l’Agence à plus de
409.000, environ 10% de la population du
Liban.
CAMPS / Nombre de réfugiés officiellement inscrits
Mar Elias / 616
Bourj el-Barajneh / 15 718
Dbayeh / 4 025
Chatila / 8 370
Ain el-Héloué / 45 967
Mieh Mieh / 4 569
El-Buss / 9 508
Rashidieh / 29 361
Bourj el-Shemali / 19 074
Nahr el-Bared / 31 303
Beddaoui / 15 947
Wavel / 7 668
Dikwaneh & Nabatieh
(camps détruits) / 16 518
Total (intérieur des camps) / 208 644