Mais, alors que, depuis plusieurs années, les ONG européennes de solidarité avec le peuple palestinien, leurs homologues palestiniennes et les associations anti-colonialistes israéliennes demandent à l’Europe de sanctionner la politique israélienne, et singulièrement la poursuite de la colonisation, de la construction du mur d’annexion en Cisjordanie dont la Cour internationale de Justice et l’assemblée générale des Nations unies réclament le démantèlement, et de la violence d’Etat imposée à la population civile palestinienne, c’est à l’encontre du peuple occupé et de ses institutions que les pays occidentaux ont décidé un véritable siège.
Le 10 mars, les 25 Etats membres de l’UE ont décidé de suspendre leur aide économique qui transite par l’Autorité palestinienne, laquelle ne relève pas de la charité mais n’est qu’une compensation à l’absence de solution politique, qui doit se fonder sur le droit international. Motif invoqué : le Hamas, qui conduit le gouvernement à la suite d’élections internationalement saluées comme libres et transparentes, refuse de reconnaître Israël, les accords signés, et de mettre un terme à la violence.
L’Europe refuse en revanche de réclamer de Tel-Aviv la reconnaissance de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967, l’application des accords signés, et la fin de la terreur d’Etat qui se poursuit en dépit de la trêve palestinienne. Pire : les chancelleries se félicitent de l’unilatéralisme israélien, préférant applaudir à l’annonce d’éventuels retraits de petites colonies qualifiés de signes de paix, plutôt qu’empêcher l’annexion d’une part majeure de la Cisjordanie que programment dans le même mouvement le parti Kadima d’Ehud Olmert et ses alliés travaillistes. Ceux-ci, forts d’une totale impunité, ont annoncé leur volonté de fixer les frontières en 2010, incluant à Israël le grand Jérusalem et les grands blocs de colonies, au détriment de toute perspective d’Etat palestinien.
Les conséquences humanitaires et politiques de leurs propres décisions inquiètent les dirigeants européens, qui tentent d’inventer des mécanismes financiers contournant les instances palestiniennes issues des urnes.
Le respect de la démocratie et l’engagement pour une paix juste imposent des choix diamétralement opposés : l’Europe doit mettre un terme au siège économique et politique imposé au peuple palestinien et à ses représentants, peser enfin résolument pour que les dirigeants israéliens respectent le droit humanitaire, le droit international et les accords signés, cessent la colonisation et la construction du mur d’annexion, et s’engager pour une conférence internationale de paix enfin fondée sur le droit.