Asmaa Ajjour a trois mois, elle est dans un hôpital dénué de tout et s’accroche à la vie sous le regard plein d’amour et de désespoir de sa grand-mère.
Ce bébé est resté blotti pendant 12 heures dans les bras de sa mère décédée avant d’être sauvée par son grand-père sous une pluie de balles. Parce que, bien sûr, un grand-père qui tente de sauver un bébé de trois mois est une cible de choix pour des soldats israéliens dépourvus de toute moralité qui avouent tirer pour tromper leur ennui...
La petite Asmaa a perdu pratiquement toute sa famille dans un bombardement israélien qui a frappé l’Ouest de la ville de Gaza. Ils ont été chassés de leur maison frappée par un missile tiré par un drone. Sa mère, son père et ses deux sœurs sont morts. La famille d’Asmaa avait été forcée de rejoindre l’Ouest de la ville de Gaza quelques jours avant le bombardement. Elle avait déjà perdu beaucoup de ses proches en raison du siège total et des attaques israéliennes visant les refuges annoncés par Israël comme prétendument sécurisés.
Tous les enfants de Gaza n’ont pas autant de « chance » qu’Asmaa. Certains échappent à la mort, deviennent orphelins (au moins 17 000 ont été recensés), ils peuvent se retrouver amputés. Pas un enfant de Gaza qui ne soit traumatisé à vie. Certains sont en train de mourir de dénutrition ou sont atteints de maladies graves dues à l’absence totale d’hygiène, de soins, d’eau potable et à la propagation de maladie de toutes sortes. Ils vivent pratiquement sans eau et nourriture, aux côtés de tonnes de déchets et d’ordures, de ruisseaux d’immondices, ils sont déplacés de force sans arrêt, vivent dans des ruines et des abris de fortunes et subissent bombardement après bombardement.
Est-ce ainsi que les enfants doivent vivre ?
C’est ainsi en tout cas qu’ils vivent à Gaza depuis plus de neuf mois, non du fait d’une catastrophe naturelle, mais par la seule volonté d’Israël qui a programmé cela et le met méthodiquement en œuvre.
C’est ainsi que les enfants vivent à Gaza sans que cela ne suscite la moindre réaction des autorités qui auraient le pouvoir d’arrêter ce massacre, à commencer par Emmanuel Macron ou Joe Biden ou n’importe quel dirigeant du monde. Ils ont l’obligation de tout mettre en œuvre pour qu’Israël applique les ordonnances de la Cour Internationale de Justice, pour prévenir le risque de génocide et ils ne font RIEN !
Et il y a tous ces enfants, petits ou grands, qui ont perdu la vie ! Retrouvés en lambeaux, ou pas retrouvés. Gaza, où les parents écrivent les noms de leurs enfants sur leurs bras ou leurs jambes afin qu’ils puissent être identifiés si leurs morceaux sont dispersés.
Voilà comment les enfants vivent et meurent à Gaza ! Devant les yeux du monde entier qui sait tout et regarde ailleurs et ne fait RIEN !
Alors qu’Israël possède des armes extrêmement sophistiquées permettant d’atteindre précisément les cibles visées, depuis plus de neuf mois il déverse de manière indiscriminée des bombes pesant jusqu’à une tonne sur une population civile sans défense, livrée à la vengeance débridée d’un État criminel qui ne respecte aucune règle de la guerre et opère en toute impunité ! Les cibles ont été soit disant identifiées par l’intelligence artificielle qui suppose que tel père de famille sera au milieu des siens à tel moment de la journée ou de la nuit. C’est le logiciel « Où est papa ? » qui décide où on va mourir à Gaza ! Israël frappe et massacre jours après jours, toujours plus de civils, toujours plus d’innocents, toujours plus d’enfants ! Sept écoles de l’ONU ciblées en neuf jours ! Des quartiers d’habitations, des campements de refuges, du nord au sud de la bande de Gaza ; plusieurs massacres chaque jour.
Et cela ne s’arrête pas parce ceux qui sont en pouvoir d’agir ne FONT RIEN !
La commission d’enquête de l’ONU a conclu que les commandos du Hamas avaient commis des crimes de guerre le 7 octobre et qu’Israël commet depuis à Gaza des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dont le crime d’extermination mais aucun ami d’Israël n’a été ému par ces conclusions. La France pas plus que les autres. Seuls les crimes du Hamas sont jusqu’à présent condamnables à leurs yeux.
Les peuples hurlent STOP GÉNOCIDE, manifestent, témoignent, brandissent drapeaux et pancartes du sommet des montagnes aux bords de mer, dans les villes et les campagnes, devant les lieux de culte ou sur les places publiques, dans les stades, dans les universités, et cela dans l’indifférence totale et même l’hostilité des grands de ce monde qui refusent toujours de condamner les crimes d’Israël, cet ami qui a tous les droits. Ils préfèrent criminaliser le mouvement de solidarité, accuser le messager est plus facile que de regarder le message.
Joe Biden a repris la livraison à Israël des bombes JDAN de 227 kg probablement pour bonne conduite de l’armée génocidaire ! Les massacres ont donc continué de plus bel et se sont intensifiés depuis une semaine, massacre après massacre, plusieurs fois par jour, les enfants de Gaza hurlent de terreur au passage des avions, ils meurent dans les écoles où ils espéraient trouver refuge, dans ces campements de fortune, ou visés par un tireur d’élite sur les routes de la fuite, sous un soleil de plomb.
Le 12 juillet, l’ONG Euromed Human Rights Monitor a recensé 47 000 morts à Gaza depuis le 7 octobre dont 15 900 enfants.
Le 16 juillet, la France est « indignée ». La semaine dernière elle était « préoccupée ». Quelques jours avant, elle condamnait les décisions d’Israël en matière de colonisation du territoire palestinien. Voilà la seule chose que ce gouvernement de lâches dont l’histoire retiendra la complicité et l’irresponsabilité est capable de faire : au mieux des paroles, jamais d’actes !
La bande de Gaza est bel et bien le tombeau de l’humanité et entérine la faillite du droit international, non parce que le droit a failli (il n’y est pour rien) mais parce que les politiques ont failli à le faire appliquer.
Qu’est-ce que cela dit de l’avenir que nous offrons aux générations futures ? Cela dit que puisque ce qui se déroule sous nos yeux depuis plus de neuf mois à Gaza contre des Palestiniens est acceptable, cela pourrait devenir acceptable dans n’importe quel autre pays contre n’importe quel autre peuple dans n’importe quelle autre guerre dans le futur !
Voilà pourquoi nous ne devons rien lâcher jusqu’à ce que ce génocide cesse et tant que les responsables et leurs complices n’auront pas rendu des comptes.
C’est l’avenir de l’humanité qui se joue en Palestine et ce sont les peuples qui en sont garants puisque les États - ou du moins une partie d’entre eux - ont failli.
Anne Tuaillon, présidente de l’AFPS, le 17 juillet 2024
Photo : Deux enfants se tiennent pieds nus devant une tente qui leur sert de refuge dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza. © UNICEF-UNI521798-El Baba