- Arrivée mardi 10 juin au soir (visa+ change +carte SIM sur place) + rencontres d’Egyptiens sympas à l’aéroport. (une jeune femme notamment)
Arrivée à l’hôtel, le patron me demande payer alors que j’avais déjà payé la semaine sur booking.com
PS : j’ai découvert qu’il fallait boycotter booking. (c’est super pro-sioniste)
Le patron de l’hôtel a photographié mon passeport et je lui ai dit que cela ne se faisait pas pour des raisons légales.
- Mercredi 11 juin vers 13h, la police vient m’arrêter à mon hôtel. (6 hommes sont à la réception de l’hôtel).
Heureusement, j’étais habillée, prête à sortir. Grosse participation des hôtels à notre délation.
Tous les policiers fument, dans tous les espaces, je dois recadré plusieurs fois pour ne pas me laisser asphyxier.
A mon hôtel, j’ai subi deux interrogatoires (l’un dans ma chambre, l’autre à la réception de l’hôtel) + fouille totale de mon téléphone et photos de mes contacts + fouille de mes sacs +
Confiscation de mon passeport et mon téléphone + cent photographies de mon passeport par différents policiers.
Ensuite, départ dans un petit camion civil rouge vers.... A mon arrivée, je découvre que c’est un lieu de rétention dans les espaces clos du 1er étage du Royal hôtel en plein centre du Caire.
Cet hôtel était celui où résidaient des jeunes turcs arabophones et anglophones qui étaient arrêtés, retenus et interrogés depuis plusieurs heures.
Nous arrivions peu à peu chacun notre tour et remplissions l’espace de rétention, aménagé dans l’hôtel : plusieurs français, une germano-turc, une anglaise typée, une israélienne anglophone et arabophone retraitée, puis une autre jeune femme turque arrivée plus tard, puis un irakien, puis un marocain qui ne parlait pas le français, mais l’anglais.
Chacun notre tour, nous demandons, répétons plusieurs fois, que nous souhaitons avoir de l’eau.
Finalement, une heure avant un nouveau départ, des petites mains nous apportent notre eau et se sont les nos co-retenus turcs qui ont partagé leur commande de nourriture avec nous (il attendait depuis 3h)
L’un d’eux était diabétique et se sentais tourner de l’œil.
Par le biais de la co-retenu germano-turc, nous tentons de révéler notre rétention en tapant a la vitre de l’hôtel et les passants nous voit et sont témoins de ce qu’il se passe sans pouvoir y faire quoi que se soit. En réponse, nous observons que les policiers prennent peur. Dans l’heure, nous sommes réorrientés vers un autre ailleurs, sans savoir où.
Départ en camion de police vers 17h30-18h , à l’arrivée, nous découvrons qu’il s’agit d’un lieu de rétention dédié dans l’aéroport du Caire.
L’espace est restreint et il y a déjà entre une 40e d’algériens qui sont retenus depuis plusieurs heures depuis leur arrivée en avion au Caire 2 jours avant.
Ils ont été mis en rétention après leur sortie de l’avion et paiement du visa.
Il y a aussi un couple de touristes algériens et leur bébé de 5 mois, retenus depuis 8 jours ! Ainsi qu’une femme âgée égyptienne.
Notre groupe de français, les jeune turcs, l’anglaise, l’allemande parlant turc, l’israélienne et les autres, sommes accueillis chaleureusement, réconfortés et conseillés par les algériens sur place qui sont également retenus et qui ont été soutenu par leur ambassade au contraire de nous.
Grâce à eux, nous avons eu accès à de la nourriture et des bouteilles d’eau.
Sans téléphone, nous ne pouvons joindre ni avocat, ni ambassade, ni un membre de nos délégations, ni nos proches, malgré les sollicitations insistantes de certains d’entre nous.
Leur accueil vient contre contre-balancer avec notre incertitude et la sensations d’enfermement et du manque d’air.
Nos passeports et téléphones passent de main en main, de contrôle en contrôle entre les différents policiers du lieu. Plusieurs gradés passent également.
Nous n’avons aucune explications de la part de la police. Que vont-il faire de nous ? combien de temps allons nous rester dans l’espace de rétention ?
Vers 19h, nous sommes déplacés sans savoir où nous allons dans un camion-car de detenus, dépourvu de fenêtre, avec chaines de menottes au siège, avec climatisation, mais tous les policiers fument de manière continue à l’avant et l’arrière du camion. C’était irrespirable pour moi.
Nous découvrons après 50 minutes de trajet, avec 2 arrêts de plusieurs minutes, que la police nous emmène dans un autre centre de rétention de l’aéroport.
Peu à peu la salle de rétention plus grande que la précédente, les autres petites pièces et bureaux, le couloir se remplissent de gens qui viennent du monde entier et qui ont été arrêtés et sont retenus comme nous. A un moment, nous nous sommes retrouvés une centaine dans la pièce de rétention : français, espagnols ++, germano turcs, polonais, turcs, franco-algériens, algériens, belge, luxembourgeois, suisses, anglais, africains du sud, et des libanais retenus dans autre pièce. Et d’autres français et autres nationalité retenus dans les couloirs car nous étions déjà trop dans les espaces dédiés.
– Nous avons été retenu plusieurs heures jusqu’au lendemain (c’est à dire jusqu’au jeudi 12 juin ) et certains d’entre nous ont été attrapés manu-militari pour sortir de la pièce (une française et deux espagnols), nous n’avons plus eu de nouvelles d’eux. Il s’est dit que la française avait eu son épaule déboitée.
Des violences ont été exercées sur quelques personnes qui refusaient d’être interrogées ou de partir, ou un jeune français qui refusait de donner l’appareil avec lequel il filmait nos conditions de détention.
Là bas, pas d’eau et de nourriture, sauf avec notre insistance pendant plusieurs heures. (ex jeudi matin : demandes d’eau de 7h à 11h). Les bouteilles d’eau que nous avons commandé et payé sont arrivées un peu avant 11h.
Vers midi, la police a appelé les français peu à peu et nous avons quitter la pièce de rétention chacun notre tour. Nous avons été escorté jusqu’en France sur un vol de Egypt Air, qui devait partir le
jeudi 12 juin à 10h40, mais qui a décollé à 13h15. Nos téléphone mobile nous ont été rendu lorsque nous sortions de l’espace de rétention.
Nous étions finalement 34-35 français, beaucoup d’entre nous racisés ou avec un nom d’origine maghrébine, à être dans l’avion, expulsés par l’état égyptien.
Notre passeport nous a été remis par la police française à la sortie de l’avion.
Après notre arrivée à Paris CDG, nous avons été interrogés par la police des frontières 1 à 5mn chacun notre tour sur deux guichets.
Nous nous sommes tous présentés comme des touristes et avons témoigné pour certains, de nos observations et de la certitude de ne pas avoir été soutenu par l’ambassade de France.
Bonne route ! Bonne route ! Bonne route !
Très solidairement,
S, marcheuse de Palestine 13 (AFPS) expulsée du Caire
Photo : l’un des hôtels du Caire ciblé par la police égyptienne © un militant participant à la Marche pour Gaza