Barack Obama après son discours aux étudiants israéliens, au Centre international de conférences de Jérusalem, le 21 mars.
Deux audiences, deux discours pour un même objectif, la paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais autant Barack Obama, au cours de la deuxième journée de sa visite en Israël et dans les territoires occupés palestiniens, a adressé, jeudi 21 mars, un message d’espoir, et de vérité décapante, aux jeunes Israéliens réunis au centre de conférences de Jérusalem, autant ses propos à Ramallah, en Cisjordanie, devant un parterre de responsables palestiniens, ne pouvaient faire naître que la déception. Du moins s’agissant de la principale exigence de l’Autorité palestinienne et de son président, Mahmoud Abbas, pour reprendre les négociations : l’arrêt de la colonisation juive en Cisjordanie.
Le contraste ne pouvait être plus saisissant : d’un côté un auditoire enthousiaste, interrompant le président américain avec des salves d’applaudissements - y compris lors de son vibrant plaidoyer en faveur des droits des Palestiniens -, de l’autre des visages figés reflétant une sorte d’incompréhension face à un chef de la Maison Blanche qui, au moins durant les deux premières années de son premier mandat (2009-2010), n’avait pas hésité à s’engager dans une confrontation avec Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, en se faisant l’avocat des Palestiniens sur cette même question de la colonisation.
Ainsi se trouvait résumé l’objectif essentiel du voyage du président américain : raccommoder en priorité la relation avec Israël et sa population, allié indispensable de l’Amérique dans une région dominée par la double perspective d’un débordement de la guerre syrienne et d’une possible confrontation militaire avec un Iran qui ne fléchit pas dans la poursuite de son programme nucléaire ; tenter ensuite, si possible, de ressusciter un processus de paix qui ne donne aucun signe de vie depuis septembre 2010.
A la Mouqata’a, siège de l’Autorité palestinienne, où le président l’a accueilli en soulignant que la paix ne peut être obtenue à travers " la violence, l’occupation, les murs, les colonies, les arrestations, le siège et le déni des droits des réfugiés ", M. Obama a redit sa certitude que " la possibilité d’une solution à deux Etats continue d’exister ". Comment, par quel processus, quelles concessions de part et d’autre ? La marche à suivre est incertaine.
Une chose est sûre, a-t-il insisté, si chaque partie négocie constamment à propos de ce qui est nécessaire pour amorcer des pourparlers, " nous n’arriverons jamais à la question de fond ", soit la souveraineté pour le peuple palestinien et la sécurité pour le peuple israélien
" Si nous résolvons ces deux problèmes, celui de la colonisation sera résolu ", a-t-il assuré, sans élaborer. Ce n’est pas nous, a rétorqué M. Abbas, qui disons que les colonies sont illégales, mais le Conseil de sécurité des Nations unies, qui a voté treize résolutions en ce sens !
Autre atmosphère au Centre de conférences de Jérusalem, avec un Barack Obama éloquent, brillant, qui a illustré sa volonté de s’adresser aux Israéliens en dépassant leurs responsables politiques : " Les hommes politiques ne prendront pas de risques - pour la paix - si le peuple ne les pousse pas ! " Après avoir souligné son empathie pour le peuple juif, M. Obama a expliqué que " la paix est le seul chemin vers une vraie sécurité ". Les Israéliens, a-t-il insisté, doivent reconnaître que la poursuite de la colonisation est " contre-productive pour la paix ".
" Mettez-vous à la place du peuple palestinien, a-t-il lancé avec force à son jeune auditoire (des étudiants soigneusement sélectionnés), il n’est pas juste qu’un enfant palestinien ne puisse grandir dans un Etat qui est le sien, et vive en présence d’une armée étrangère qui contrôle chaque jour les mouvements de ses parents ; il n’est pas juste que la violence des colons demeure impunie (...) Ni l’occupation ni les expulsions ne sont la réponse. Tout comme les Israéliens ont bâti un Etat dans leur patrie, les Palestiniens ont le droit d’être un peuple libre sur leur propre terre ! "
Avec ses accents humanistes, M. Obama s’est taillé un beau succès devant la jeunesse israélienne, laquelle n’a pas d’influence sur la politique du gouvernement très favorable à la colonisation de Benyamin Nétanyahou. Le président américain a défini un objectif lointain, en chargeant le secrétaire d’Etat, John Kerry, de s’attaquer maintenant à un " processus de paix " qui ressemble au mythe de Sisyphe.