Leurs familles rejoindront le mouvement à partir du 25 août qui est appelé à s’élargir puisqu’ils sont 7.000 prisonniers palestiniens à croupir dans les geôles israéliennes, dont 300 à 400 jeunes objets de « détention administrative » l’équivalent de notre garde à vue ’ qui dure depuis des mois et des mois sans le moindre contact extérieur ni assistance d’un avocat.
Selon le Président du Club des prisonniers palestiniens il s’agit d’une action « humanitaire et non politique » consistant à demander l’amélioration de leurs conditions de détention, en particulier que le droit de visite soit accordé aux familles. En réponse le ministre israélien de la sécurité intérieure a affirmé froidement que « nous ne céderons
rien, ils pourront continuer leur mouvement jusqu’à ce que mort s’ensuive ».
Pour sa part le premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a justement rappelé que « la libération des prisonniers constitue une condition essentielle pour toute solution ou progrès dans le processus de paix » tandis que le représentant des familles affirmait tout aussi justement que les prisonniers palestiniens doivent bénéficier et jouir des droits prévus par les Conventions de Genève dont Israël est signataire ainsi que l’a rappelé la Cour de justice internationale dans son avis concernant le mur d’annexion construit par Sharon.
Marwan Barghouti illustre au plus haut point l’illégalité totale de cette situation qui voit une puissance occupante étenir des résistants et ceci sans même leur accorder un minimum de droits ainsi que prévu par la loi internationale. Marwan Barghouti, député, chef du Fatah en Cisjordanie, a été kidnappé en zone dite A (selon les Accords d’Oslo non démentis) qui est donc sous administration palestinienne exclusive.
Son procès joué d’avance n’a été qu’une parodie. Comment celui qui occupe un pays peut-il de surcroît juger le peuple parce qu’il résiste ’ Ajoutons que Marwan a toujours condamné les actions aveugles contre les civils israéliens.
Obtenir sa libération et celle des prisonniers politiques palestiniens est une exigence majeure pour avancer dans la voie d’une solution politique au Proche-Orient. Tout comme la l’action contre la construction du mur, cette exigence participe d’un même mouvement : la paix pour les deux peuples grâce à l’existence de deux Etats vivant en sécurité l’un à côté de l’autre.
C’était l’objectif de la « feuille de route ». Elle est tombée des mains du « Quartet ». Elle gît au sol. A nous de relever ce défi historique : que la paix triomphe sur cette terre ensanglantée depuis plus de 50 ans. Puisse la fête de l’Humanité lui donner une impulsion nouvelle. Cette cause est devenue une cause universelle. L’heure est venue demener une action ample, durable et déterminée.
Le 16 août 2004
Lettre de J.C Lefort à l’Ambassadeur d’Israël en France
Monsieur Nissim Zvili
Ambassadeur
Ambassade d’Israël
3, rue Rabelais
75008 Paris
Monsieur l’Ambassadeur,
Le ministre israélien de la sécurité intérieure, cité par une radio publique de votre pays, aurait affirmé que les détenus palestiniens actuellement en grève de la faim dans les prisons israéliennes "pourront continuer leur mouvement jusqu’à ce que mort s’ensuive". Si ces propos, rapportés par l’ensemble des médias, étaient confirmés ils ne pourraient susciter qu’indignation et consternation. Nous ne pouvons en effet accepter un tel mépris pour ces personnes emprisonnées qui ne peuvent être considérées autrement que comme des êtres humains titulaires de droits fondamentaux conformes à la Convention de Genève, et notamment du droit à la vie et à la dignité.
Dans cet esprit, leurs revendications nous paraissent légitimes et conformes à ce que toute personne incarcérée peut attendre dans un Etat de droit digne de ce nom : voir sa famille et avoir des contacts dans des conditions acceptables mais aussi ne pas subir d’humiliations et de punitions qui s’apparentent à des mauvais traitements.
Nous demandons donc, pour des raisons éthiques et humanitaires, que les revendications des prisonniers palestiniens soient prises en compte par les autorités de votre pays.
Enfin, nous ne pouvons pas ne pas constater que cette grève de la faim déclenchée par une bonne partie des quelque 8000 détenus palestiniens témoigne de l’exaspération profonde et de la tension permanente suscitée par la répression et l’arbitraire de la politique d’occupation que mène les autorités israéliennes. C’est cette politique qui est ainsi mise en cause une fois de plus en cette occasion.
Les prisonniers palestiniens rappellent de la sorte, à votre gouvernement en particulier, l’exigence d’une reprise d’un véritable processus de paix dans le respect du droit international et du droit humanitaire. La paix dans la justice et dans la sécurité pour tous est à ce prix.
Je vous prie d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de mes salutations distinguées.
Ivry, le 16 août 2004
Jean-Claude Lefort - Député du Val-de-Marne - Membre de la commission des Affaires étrangères