Paris le 20 mars 2012
Madame, Monsieur,
Vous êtes candidat(e) à la présidence de la République.
La campagne électorale est désormais largement lancée et le débat se focalise sur les questions économiques et sociales. C’est compréhensible alors qu’une crise sans précédent affecte notamment notre pays et ses voisins de l’espace européen.
Pourtant il n’est pas imaginable que la politique que vous souhaitez pour la France reste limitée à cette seule dimension, pour essentielle qu’elle soit. La France doit nécessairement se doter d’une politique internationale claire.
Le rôle que vous entendez faire jouer à notre pays sur la scène internationale est une question incontournable. Et si les questions internationales sont peu présentes dans le débat actuel, elles seront par contre au premier rang, demain, dans l’agenda présidentiel.
Il convient donc de connaître les choix des uns et des autres en la matière. D’autant que les positions et la vision de chaque candidat en matière internationale participent directement aux choix des électrices et des électeurs car elles indiquent sa capacité à présider.
Les idées qui sont les vôtres, en ce domaine majeur pour les destinées de notre pays et de notre planète, ne peuvent donc être laissées dans l’ombre.
La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, à laquelle nous appartenons, vous adressé un questionnaire auquel vous ne manquerez certainement pas de répondre. Je veux donc insister aujourd’hui sur les exigences qui sont nécessaires à remplir selon nous pour dénouer, enfin, ce qu’on appelle le « conflit israélo-palestinien » - question centrale qui conditionne la stabilité internationale, voire la paix… ou la guerre.
La France est attendue dans le monde, et spécialement dans cette région du monde. Voilà plus de 64 ans que le Proche-Orient subit un conflit dont la solution est connue : elle réside dans l’application du droit international et non en de simples références incantatoires. Cela pose, selon nous, 5 exigences incontournables :
1. Ce droit passe par l’admission à l’ONU de l’État de Palestine dans les frontières d’avant le 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Et j’ajoute : avec un statut d’« Etat membre », et non d’« Etat non membre », comme si le peuple palestinien devait encore se contenter d’un strapontin. Une large majorité d’Etats s’y engagent aujourd’hui, refusant d’en soumettre plus longtemps l’avènement à l’accord préalable de l’Etat d’Israël, qui occupe et colonise la Cisjordanie et Jérusalem-Est et poursuit le blocus de la bande de Gaza…
2. Ce droit suppose aussi une juste solution au problème des réfugiés palestiniens qui doit être fondée sur la résolution 194, adoptée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies, et dont l’acceptation par Israël a conditionné son admission à l’Onu en mai 1949.
3. La France doit contribuer à faire prévaloir le droit international contre la loi du plus fort. Elle doit sanctionner toute violation du droit international et refuser l’impunité. Cela passe notamment par la cessation de toutes relations économiques et financières avec les colonies israéliennes et la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël tant que cet Etat ne respecte pas le droit international, les Conventions de Genève, et poursuit occupation, colonisation de la Palestine et blocus de la bande de Gaza.
4. La démocratie suppose la reconnaissance des élus dont se dotent les peuples. La France doit reconnaître, sans conditions, les instances élues du peuple palestinien, dès lors qu’elles sont issues d’un vote démocratique.
5. Pour faire de la Méditerranée une zone de paix, la France doit cesser ses ventes d’armes et contribuer à faire de la Méditerranée une zone sans nucléaire militaire.
Telles sont à nos yeux, Madame, Monsieur, les bases de toute politique pour un règlement durable du conflit, apportant la paix par la justice dans cette région du monde.
La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, comme indiqué, vous a adressé un questionnaire précis sur la politique que vous entendez mettre en œuvre une fois élu(e). Vous comprendrez tout le prix que nous attachons aux réponses qu’elle recevra de votre part. Nous ne manquerons pas de les faire connaître largement pour éclairer le choix des électeurs.
D’avance, soyez-en remercié(e).
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS