"Monsieur le Secrétaire général,
Le 13 juin 2005 l’Etat d’Israël a accédé à l’une des vice-présidences de l’Assemblée générale des Nations Unies. Nous tenons à exprimer notre stupéfaction de cette désignation, surtout après l’avis de la Cour internationale de justice sur le mur construit par Israël en territoire palestinien. Comment un Etat se proclamant un Etat de droit qui affiche son mépris pour l’Organisation, notamment son Assemblée générale, qui viole toutes ses résolutions et recommandations, qui piétine le droit édicté par sa plus haute juridiction, comment un tel Etat peut-il être désigné pour y exercer quelque responsabilité que ce soit ?
Le 9 juillet 2004, la Cour Internationale de Justice, organe judiciaire principal des Nations Unie, avait dit le droit : le mur est illégal. Sa construction doit cesser, les parties construites doivent être démolies, les actes législatifs et réglementaires pris par Israël le concernant doivent être abrogés, les destructions occasionnées par son érection doivent être remises en état et Israël doit indemniser les victimes de cette construction.. Elle a insisté aussi sur la responsabilité de l’Organisation des Nations Unies dans le problème de la Palestine.
A la suite à cet avis de la CIJ, l’Assemblée Générale des Nations Unies a repris à son compte ces recommandations et a demandé au Secrétaire général de dresser la liste des destructions occasionnées par le Mur (laquelle ne cesse de s’allonger).
A ce jour, non seulement l’Etat d’Israël n’a pas commencé à exécuter l’injonction qui lui a été faite, mais il continue la construction du mur à un rythme effréné comme il accélère l’expansion des colonies, réprimant dans la violence les manifestations de protestation des populations civiles palestiniennes spoliées qui ne demandent que l’application du droit international.
Au rythme où le mur et la colonisation avancent, ce sont quelques bantoustans minuscules qui constitueront un simulacre de Palestine. Jérusalem est morcelée, enfermée, et son statut de capitale de l’Etat palestinien est rendu quasiment impossible.
Un nettoyage ethnique s’accomplit sous nos yeux. L’Etat d’Israël n’a respecté et ne respecte aucune des nombreuses résolutions des Nations Unies votées depuis sa création. Pourtant lors de son admission Israël s’était engagé à respecter toutes les obligations de la charte et toutes les résolutions déjà prises. Pas plus qu’on ne confie la formule du coffre-fort au voleur, les Nations Unies ne sauraient confier une vice-présidence de l’Assemblée générale à un Etat qui ne respecte pas ses engagements et qui viole le droit international dont l’Organisation des Nations Unies est garante.
Certes, l’Etat d’Israël vient d’évacuer les colons installés -illégalement- dans la Bande de Gaza, ce qui rendra un peu moins dure la vie des Palestiniens qui y vivent, mais il reste maître de la totalité des frontières ainsi que des espaces aérien et maritime. Dans ces conditions la Bande de Gaza risque de n’être qu’une vaste prison à ciel ouvert gardée par les mêmes geoliers.
Au moment où Ariel Sharon s’apprête à prendre la parole devant l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, escomptant faire entériner le « retrait » de Gaza comme fin de l’occupation, l’AFPS rappelle que, même si les colons ont quitté la Bande de Gaza, l’Etat d’Israël y reste une puissance occupante, liée par toutes les obligations qui, en droit international, incombent à l’occupant.
Il revient aux instances de l’Organisation des Nations Unies de le lui rappeler fermement.
L’Etat d’Israël qui est allé jusqu’à annoncer sa candidature au Conseil de sécurité ne doit pas exercer de fonction au sein de l’ONU tant qu’il ne respecte pas la loi commune.
Et puisque « le temps est venu de normaliser le statut d’Israël », pour citer les termes du ministre israélien des Affaires étrangères, cela suppose qu’enfin Israël soit un Etat comme les autres et se conforme au droit international.
Alors seulement Israël se sera plus un Etat qui s’est mis hors la loi et il pourra prétendre à la représenter dans les instances internationales.
Nous allons interroger notre gouvernement sur l’accueil de l’Etat d’Israël dans le groupe des pays occidentaux. Nous vous demandons de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que les Etats qui ne respectent pas les règles et les décisions des Nations unies n’y exercent pas de responsabilités. C’est une condition essentielle pour que l’organisation dont vous avez la charge soit crédible dans son action pour la paix dans le monde,
En espérant que vous voudrez bien nous éclairer sur cette situation, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’assurance de notre profond respect."
Pour Conseil national de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Le Président
Bernard Ravenel