Chers amis, chers partenaires
Il s’est passé beaucoup de choses ici, avec l’occupation qui n’en finit pas, les élections palestiniennes tenues sous occupation, le « nouveau » plan de Jérusalem qui comporte le déplacement de 6000 Palestiniens de la vieille ville de Jérusalem au camp de réfugiés de Shufat [1], les « nouvelles » procédures israéliennes qui empêchent les Palestiniens de Jérusalem d’entrer à Ramallah par Kalandia (j’en sais quelque chose...) et la dernière information perturbante, c’est le moins qu’on puisse dire, sur le Plan de Désengagement qui implique de détruire 3000 maisons palestiniennes le long de la route Philadelphie, au sud de la Bande de Gaza.
Côté personnel, mon beau-frère se bat actuellement, avec 3 autres familles, 12 enfants en tout, contre un ordre de démolition de maison à Jérusalem et j’ai enfin pu rendre visite à mes trois neveux qui sont en prison à Ramle [2] : Luay, 25 ans, condamné à 28 ans, Obay, 18 ans, condamné à 4 ans et leur cousin Bilal, 25 ans, condamné à 18 ans.
Cela faisait 2 ans que je n’avais pas pu leur rendre visite. Ils paraissaient avoir « bon moral », et l’espoir qu’après l’élection présidentielle, le dossier des prisonniers palestiniens allait enfin être traité sérieusement. Ils disaient avoir de l’espoir, mais leurs yeux racontaient une autre histoire.. Pendant la visite où nous ne pouvions pas les toucher ou les embrasser à cause des barreaux qui nous séparaient, j’ai aussi parlé à d’autres prisonniers et ce qui me hante c’est que c’est dans leurs yeux qu’on peut lire leur histoire. Une histoire de torture physique et mentale, d’isolement, d’humiliation etc. Derrière chaque prisonnier se tenait un garde israélien qui empêchait tout contact privé, toute possibilité qu’ils se racontent et partagent leur vie avec nous. Pour moi, pouvoir les voir au bout de deux ans, juste les regarder, savoir qu’ils sont vivants et ensemble dans un seul endroit (Obay a été déplacé de prison en prison, 8 fois en 2 ans et Bilal a été transféré de Beer Sheva à Ramle il y a un mois) me faisait, malgré tout, me sentir plus à l’aise.(...)
- arrestation
Obay avait 17 ans quand il fut arrêté par l’armée israélienne sur le chemin de l’école et passa d’abord 2 mois en isolement avant que quiconque dans sa famille puisse le voir. Luay a été pris dans la maison de sa tante à Jérusalem. Sa mère lui a fait rempart de son corps pour le protéger de la centaine de tireurs d’élite qui entouraient la maison. Bilal, qui est travailleur social, a été arrêté par l’armée israélienne en rentrant du travail à Jérusalem. Ces exemples se concentrent dans une seule famille mais sont le reflet des 8000 prisonniers politiques palestiniens, les « oubliés », dans les prisons et centres de détention israéliens.
Je vous joins un article sur les mauvais traitements subis par deux Palestiniens « détenus » par l’armée israélienne. Il y a des centaines de Palestiniens « sans visages et sans noms » qui subissent des tortures et humiliations comme celles-ci. Certaines sont mises au jour, comme celle-ci, mais des milliers restent inconnues. Leurs auteurs reçoivent une tape sur la main, si c’est public, comme si la vie des Palestiniens ne valait rien et que les violations contre eux faisait partie d’une routine quotidienne.
Lisez, s’il vous plait ; j’espère que nous verrons un jour un changement de politique de gouvernements qui ont trop peur pour demander des comptes aux gouvernements israéliens.
Paix à vous, Siham
Un policier de la police des frontières (Border police) condamné à 14 mois pour violence contre des Palestiniens.
Haaretz, janvier 2005
Nir Lévi, de la police des frontières, a été condamné le 13 janvier 2005 par le tribunal des Magistrats de Jérusalem pour attaque aggravée et agression contre un civil palestinien sans défense.5 autres policiers ont été condamnés pour agression contre deux Palestiniens en septembre 2004. (...)L’enquêteur du ministère de la justice chargé d’enquêter sur des policiers a indiqué au tribunal que l’attaque avait eu lieu deux semaines avant la mise en accusation [3], quand un groupe de policiers avait fait arrêter un bus au barrage d’Abu Dis près de Jérusalem. Environ 20 Palestiniens se trouvaient dans le bus dont 2 qui étaient en Israël illégalement [4] et qui ont été descendus du bus et remis à l’unité de la police des frontières pour être ramenés à l’Autorité Palestinienne.
C’est alors que l’agression a commencé. Roué de coups de poings et de crosses, forcé de sauter par une fenêtre de 4 m de haut, l’un des Palestiniens a été blessé et hospitalisé. Le deuxième, battu, brûlé à la main par une cigarette, contraint de boire l’urine des soldats, jeté par une fenêtre et sérieusement blessé souffre depuis de problèmes physiques et psychologiques [5]. Aucun d’eux n’a osé porter plainte. Ce sont les enquêteurs et Bet’selem [6] qui les ont identifiés.
Les policiers ont admis l’agression, due, ont-ils dit, à la colère. Ils travaillent trop, il y avait eu une attaque palestinienne à Kalandia etc.
Le juge, pas convaincu, a condamné leurs « actions affreuses qui descendent au niveau le plus vil des comportements interpersonnels ».
[Commentaire : quelle punition exemplaire, 14 mois pour barbarie...on est rassuré, les bourreaux potentiels sauront se retenir !!!]