Les deux mouvements se sont rejeté la responsabilité des nouvelles violences qui ont provoqué l’interruption du nouveau round de négociations sur la formation d’un gouvernement d’union nationale entamé le 23 janvier.
Avant l’aube, des heurts violents ont repris entre des partisans du Hamas, qui contrôle le gouvernement, et ceux du Fatah dirigé par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dans lesquels deux membres du Fatah ont péri, selon des sources médicales.
Les Palestiniens ont déserté les rues de Gaza. Peu de voitures circulaient et de nombreux magasins sont restés fermés.
C’est une attaque menée jeudi soir contre la Force exécutive, organe du Hamas, qui a mis le feu aux poudres. Plus de dix personnes ont été blessées dont deux membres de cette force qui ont succombé le lendemain.
Treize autres Palestiniens ont péri vendredi dans les violences au cours desquelles des militants du Fatah ont tiré des roquettes anti-chars contre la maison du ministre des Affaires étrangères Mahmoud Zahar, un puissant chef du Hamas. Le ministre n’était pas présent et personne n’a été blessé.
En représailles, des militants du Hamas ont tiré au moins quatre obus de mortier et des RPG contre le siège de la Sécurité préventive, un organe de sécurité fidèle au Fatah, au coeur du conflit avec les islamistes, selon une source de sécurité.
La maison de Rachid Abou Chabak, le chef de cette force, a également été attaquée à la roquette anti-chars, a-t-on ajouté.
Il s’agit des heurts les plus meurtriers depuis la victoire aux élections législatives du 25 janvier 2006 des islamistes du Hamas qui dirige depuis mars un gouvernement paralysé et campe sur des positions ayant entraîné un boycott occidental asphyxiant et une crise politique interne sans précédent.
Plus de six mois de négociations entre le Hamas et le Fatah pour former un gouvernement d’union nationale qui entraînerait la fin de ce boycott, de la crise politique et des violences partisanes n’ont pas abouti.
Les tensions se sont exacerbées après l’annonce à la mi-décembre par M. Abbas de son intention de tenir des élections anticipées, une mesure dénoncée comme un "coup d’Etat" par le Hamas et des violences partisanes ont suivi pendant plusieurs semaines faisant une trentaine de morts.
Une rencontre le 21 janvier entre M. Abbas et le chef du bureau politique du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaal, a donné de l’espoir et le dialogue pour un gouvernement d’union a été relancé mardi mais finalement suspendu en raison des nouvelles violences.
Dans un communiqué, le gouvernement Hamas a accusé le Fatah de vouloir "provoquer une guerre civile. Ils ne veulent pas de dialogue ni d’unité nationale. Ils désirent uniquement les meurtres, la division et provoquer la frustration".
"Ces criminels ne l’emporteront pas sans châtiment et paieront tôt ou tard le prix des crimes horribles qu’ils ont commis", a ajouté le gouvernement, accusant des partisans du Fatah d’avoir attaqué une mosquée et tué un religieux et responsable du mouvement islamiste.
Il a appelé M. Abbas, en tournée à l’étranger, à regagner "d’urgence" les territoires palestiniens.
Réagissant, le porte-parole du Fatah dans la bande de Gaza, Tawfiq Abou Khoussa, a fait porter "au Hamas la responsabilité de la fin du dialogue et des derniers évènements".
"Il est clair que le Hamas ne veut pas la réussite des négociations mais au contraire les tensions et l’escalade", a-t-il déclaré.