Burqa, un village palestinien du nord de la Cisjordanie, est en état d’alerte extrême, en raison des attaques répétées de centaines de colons contre ses habitants, depuis que l’armée israélienne a annoncé le 16 décembre qu’un colon avait été tué et deux autres blessés à l’entrée de la colonie évacuée de Homesh, située près du village.
Depuis lors, Burqa, ainsi que d’autres villages comme Sebastia et Silat ad-Dhahr, ont été témoins d’une série d’attaques et d’incursions de colons, protégés par l’armée, auxquelles les Palestiniens ont répondu par des marches et des affrontements quasi quotidiens, faisant des dizaines de blessés après des tirs de balles réelles et de balles en caoutchouc. Les habitants de Burqa, qui s’étend sur 1 000 dunams (247 acres) et abrite environ 4 500 personnes, craignent que les colons ne reviennent pour reconstruire la colonie de Homesh. Cette dernière a été établie sur 900 dunams (222 acres) qui ont été confisqués des terres du village, et 50 autres dunams (12 acres) appartenant à la ville voisine du village de Silat ad-Dhahr. La colonie a été évacuée par les autorités israéliennes en 2005. Shavei Shomron se trouve toujours sur ses terres au sud.
Burqa est devenu le centre de la confrontation avec les colons en Cisjordanie, les jeunes hommes des différents villages et villes environnants se rendant souvent au village pour contrer les incursions des colons et de l’armée. Ghassan Daghlas, un fonctionnaire qui surveille les activités de colonisation en Cisjordanie, a déclaré à Al-Monitor : "Depuis qu’un colon a été tué, des milliers de colons ont tenté de lancer trois attaques de grande envergure contre le village, mais les habitants les ont contrés. Le village a été le théâtre de confrontations avec les colons et l’armée jusqu’aux premières heures du matin [du 19 décembre]."
Il a ajouté que les 11 jeunes hommes ont été blessés par des balles réelles tirées lors des affrontements avec les colons. L’un d’entre eux est gravement blessé, et plus de 70 personnes ont été blessées par des balles réelles. Il a noté que les résidents sont en état d’alerte, et que l’armée israélienne a délibérément intensifié l’utilisation de gaz lacrymogènes à chaque attaque.
Daghlas a ajouté que les colons ont l’intention de commettre un massacre dans le village par leurs attaques répétées et à grande échelle et en visant les maisons des résidents. Il a expliqué que les colons ont ciblé 27 maisons au cours des derniers jours, jetant des pierres et cherchant à saboter et à détruire les maisons. Il a ajouté que les résidents ont contré les tentatives des colons de les empêcher de retourner dans la colonie de Homesh, qui est construite sur les terres du village.
En 2005, Israël a évacué Homesh dans le cadre de son plan de désengagement unilatéral, selon lequel toutes les colonies de la bande de Gaza et quatre petites colonies de Cisjordanie ont été évacuées. Pourtant, les colons pénètrent fréquemment dans la colonie pour tenter d’y installer des maisons mobiles. Bien qu’elle ait été évacuée, l’armée israélienne a transformé la colonie en zone militaire, empêchant les propriétaires palestiniens de remettre leurs terres en état.
Daghlas a déclaré que les habitants n’autoriseront pas la reconstruction de la colonie car cela constituerait une menace pour leur vie. Le 27 décembre, l’armée a fermé 17 entrées du village avec des monticules de terre, mais les habitants ont pu les rouvrir à deux reprises.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a ordonné le 29 décembre aux forces de sécurité nationale d’installer des grilles de fenêtres à Burqa à partir du 1er janvier 2022, afin de protéger les enfants et les femmes des attaques répétées des colons, la dernière en date étant celle d’un colon qui a écrasé et tué une femme palestinienne de 60 ans près de Ramallah le 24 décembre.
Parallèlement à la multiplication des attaques des colons en Cisjordanie, le gouvernement israélien a lancé le 26 décembre un plan de promotion des colonies sur le plateau du Golan syrien, d’une valeur d’un milliard de shekels israéliens (323 millions de dollars).
Dans le cadre de ce plan, qui a été publié sur le site Web du Premier ministre, 576 millions de shekels (186,3 millions de dollars) sont alloués à la construction de 7 300 nouvelles unités de logement en cinq ans, en plus de 160 millions de shekels (51,75 millions de dollars) pour améliorer l’infrastructure et développer les systèmes de santé et d’éducation sur le plateau du Golan. Ce montant s’ajoute aux 162 millions de shekels (52,4 millions de dollars) destinés au secteur du tourisme et aux centres industriels et commerciaux.
Le plan prévoit l’installation de 23 000 colons supplémentaires sur le plateau du Golan, la construction de deux nouvelles colonies - Asif et Matar - et le développement des infrastructures de transport. Cela s’ajoute au développement de l’éducation, du tourisme, de la technologie et d’autres projets liés à la sécurité. Israël prévoit également de créer près de 2 000 emplois, dans le but de faire de la région une capitale de l’énergie renouvelable pour Israël.
Le directeur du programme des droits économiques et sociaux de l’Observatoire arabe des droits de l’homme dans les hauteurs du Golan, Wael Tarabay, a déclaré à Al-Monitor que ce projet a été annoncé à l’occasion du 40e anniversaire de la décision de la Knesset israélienne d’annexer les hauteurs du Golan. Il a déclaré que ce qui a le plus encouragé Israël à lancer ce projet est la tragédie qui a frappé la Syrie. Les dirigeants israéliens affirment que le plateau du Golan restera avec eux pour toujours, malgré la résolution 497 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui considère l’annexion du plateau du Golan par Israël comme nulle et illégale, selon lui.
Il a ajouté que tous les partis du gouvernement israélien sans exception sont favorables à l’annexion du plateau du Golan et à l’accélération de la construction de colonies pour imposer un fait accompli.
Commentant l’impact du plan de colonisation sur les résidents, Tarabay a noté : "Il n’y a pas de résistance parce qu’il n’y a pas d’indigènes sur le terrain, ce qui facilite la [construction de nouvelles] colonies." Selon lui, les réactions au plan sont très faibles, en raison d’un profond sentiment d’impuissance.
Il a expliqué que le projet consiste à faire venir des milliers de colons sur le plateau du Golan, ce qui signifie transformer la population autochtone restante sur le plateau du Golan, qui s’élève à 25 000 personnes, en une petite minorité. Il prévoit également de faire du plateau du Golan une capitale pour le développement des énergies renouvelables en Israël, alors que les habitants du plateau du Golan s’opposent à ce projet d’éoliennes qui mettrait en péril la nature et l’identité de la région.
Traduction : AFPS