Une enquête israélienne sur la mort choquante d’Omar Asad, un Américain d’origine palestinienne âgé de 80 ans, suggère qu’aucun soldat de l’occupation ne sera poursuivi en justice malgré la confirmation par les enquêteurs et les témoins oculaires qu’il avait les yeux bandés, bâillonné, menotté et laissé sur le sol avant de perdre connaissance.
Les détails de l’enquête ont été révélés dans un rapport divulgué hier par le site d’information israélien Ynet. Selon les conclusions de l’enquête, les soldats israéliens ont non seulement bandé les yeux et bâillonné Assad, comme l’ont rapporté des témoins oculaires à l’époque, mais ils n’ont jamais cherché à le soigner, alors qu’un médecin militaire se trouvait à proximité.
Les soldats affirment qu’Asad a été arrêté lors d’un "contrôle de routine" et que pendant son arrestation, il n’a manifesté aucune détresse et n’a pas appelé à l’aide. Leur récit est contesté par deux témoins oculaires qui ont déclaré au Washington Post qu’Asad était inconscient et ne respirait pas lorsque les soldats les ont laissés dans la cour d’une maison en construction.
L’un des autres détenus, Mraweh Abdulrahman, a déclaré avoir vu un soldat sembler s’accroupir sur Asad et vérifier son état avant de consulter d’autres troupes. L’un des soldats a ensuite détaché l’une des attaches en plastique des poignets d’Asad avant que toutes les troupes ne partent.
Abu Zaher, qui avait été le médecin d’Asad, s’est demandé pourquoi un homme âgé avait été "jeté sur le sol comme un sac" et n’avait pas reçu les premiers soins. "Dès qu’ils ont vu qu’il avait perdu connaissance et qu’il n’avait plus de pouls, ils se sont retirés rapidement afin d’éviter la colère du village", aurait déclaré Zaher dans le New York Times. "À ce moment-là, les chances de le ranimer étaient nulles".
Racontant les heures qui ont précédé la détention d’Asad, le Times rapporte qu’il était de bonne humeur, jouait aux cartes et buvait du café, et qu’il était optimiste quant au fait qu’il pourrait bientôt voyager librement entre son lieu de naissance en Cisjordanie et sa maison d’adoption aux États-Unis, où vivent ses enfants et ses petits-enfants.
Asad a vécu aux États-Unis pendant environ 40 ans. Il a passé la majeure partie de cette période dans la région de Milwaukee avant de retourner en Cisjordanie en 2009. Sa famille pense que les soldats d’occupation israéliens sont responsables de sa mort et a demandé aux États-Unis de mener une enquête indépendante, affirmant que l’enquête israélienne sur la mort n’est pas fiable.
Leur inquiétude est partagée par l’association israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem qui a également prédit que les soldats seront laissés en liberté. "Une chronique de blanchiment annoncée", a déclaré B’Tselem dans un tweet. "Des soldats ont arrêté des conducteurs innocents en pleine nuit, ont emmené un octogénaire dans un bâtiment désert, l’ont bâillonné et menotté et l’ont laissé là. Il est mort. L’enquête sera bientôt terminée, l’armée disculpera les soldats."
A chronicle of whitewashing foretold : soldiers arrested innocent drivers in the dead of night, took an 80 YO to a deserted building, gagged and handcuffed him and left him there. He died. The investigation will be over soon, the army will exonerate the soldiers and say > https://t.co/qgiL0OrFQ2
— B'Tselem בצלם بتسيلم (@btselem) January 23, 2022
B’Tselem a expliqué que les actions des soldats israéliens "étaient conformes à ce qui est attendu" et a prévenu que les ordres pourraient être réitérés et que les soldats et leurs commandants continueront comme si de rien n’était, jusqu’à la prochaine arrestation arbitraire.
Traduction : AFPS