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Cette nouvelle mesure du gouvernement israélien qui impose des restrictions supplémentaires au déploiement des drapeaux palestiniens dans les espaces publics en Israël constitue une attaque audacieuse contre les droits à la nationalité, à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Les autorités israéliennes affirment que cette directive vise à mettre fin aux "incitations" contre Israël. Pourtant, elle s’inscrit dans un ensemble de mesures visant à museler la dissidence et à restreindre les manifestations, notamment lorsqu’elles ont pour but de défendre les droits des Palestiniens. Ces mesures constituent une répression accrue contre la société civile palestinienne, et justifient de très nombreuses arrestations et détentions administratives de militants palestiniens.
« Cette manœuvre destinée à effacer l’identité du peuple palestinien s’inscrit dans une série de mesures introduites par les autorités israéliennes pour légitimer le racisme et la discrimination à l’égard des Palestiniens. Les prétextes fallacieux de cette directive ne sauraient masquer le fait que les autorités israéliennes se montrent impitoyables en vue d’écraser toute opposition au système d’apartheid » a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient d’Amnesty International.
« En tant que partie au Pacte interracial relatif aux droit civils et politiques (PIDCP), Israël a pris l’engagement de garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique de toute personne vivant sous son contrôle. Israël a l’obligation d’interdire tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Cette directive va à l’encontre de ces obligations. »
« Depuis des décennies, le drapeau palestinien est un symbole d’unité et de résistance à l’occupation illégale d’Israël ; il est utilisé à travers le monde comme emblème de solidarité avec le peuple palestinien. Quelle ironie de voir que les autorités israéliennes tentent de justifier cette mesure en invoquant l’incitation, alors que la directive elle-même attise la haine raciale et sème la division. Elle compte parmi les nombreuses politiques israéliennes, mises en œuvre dans le cadre du système d’apartheid, qui visent à limiter la présence et la visibilité des Palestiniens et à étouffer leurs voix. »
Cela fait longtemps que les autorités israéliennes s’efforcent de restreindre la visibilité du drapeau palestinien : si la loi israélienne n’interdit pas qu’il flotte en Israël, la police et les forces de sécurité ont le droit de le retirer si elles estiment qu’il constitue une menace pour l’ordre public.
En 1967, deux mois après avoir occupé les Territoires palestiniens, les autorités israéliennes avaient déjà amis une ordonnance militaire qui sanctionnait et criminalisait les Palestiniens qui organisaient, ou participaient sans autorisation, à des processions, des rassemblements ou des veillées d’au moins 10 personnes, en lien avec des questions « pouvant être interprétées comme politiques ». Cette ordonnance, qui continue de s’appliquer en Cisjordanie, ne définit pas ce que recouvre le terme « politiques ». Dans les faits, elle interdit les manifestations, y compris pacifiques. Elle interdit aussi d’afficher le drapeau ou des emblèmes, ou de publier tout matériel « ayant une signification politique » sans l’autorisation d’un commandant militaire israélien.
En mai 2022, à Jérusalem-Est, les forces israéliennes ont violemment saisi les drapeaux qu’arboraient des Palestiniens pleurant la mort de la journaliste Shirin Abu Akleh, tuée par les forces israéliennes. Le 1er juin 2022, un projet de loi interdisant de hisser des drapeaux palestiniens dans les institutions financées par l’État en Israël a été adopté en lecture préliminaire.
Traduction : E. M. pour l’AFPS