La campagne israélienne visant à démanteler l’UNRWA, et avec elle la question des réfugiés palestiniens, atteint un point critique. Récemment, la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset israélienne a approuvé deux projets de loi importants visant à éliminer la présence et les opérations de l’UNRWA en Palestine.
Ces projets de loi, qui attendent maintenant l’approbation finale de la Knesset, ont été rendus possibles par l’impunité incontrôlée d’Israël et la complicité des États coloniaux dans le cadre d’un génocide qui dure depuis un an à Gaza, d’une répression en Cisjordanie et d’une agression contre le Liban.
Nouvelle législation à la Knesset israélienne
Le 6 octobre 2024, la Knesset israélienne a adopté deux projets de loi contre l’UNRWA ; l’un vise à interdire à l’UNRWA d’opérer ou d’offrir des services en « Israël », tandis que l’autre révoque l’accord de 1967 entre Israël et l’UNRWA, privant le personnel de l’UNRWA de ses immunités et privilèges, et interdisant les liens et la correspondance entre les fonctionnaires israéliens et l’Agence.
Ces projets de loi doivent maintenant faire l’objet d’une deuxième et d’une troisième lecture à la Knesset avant d’être codifiés dans la loi. S’ils sont approuvés et adoptés, ils élimineront le travail de l’UNRWA en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, privant ainsi les réfugiés palestiniens de leurs droits et protections juridiques.
Alors que l’UNRWA a été reconnue à plusieurs reprises comme la bouée de sauvetage des Palestiniens dans le cadre du génocide en cours, ces projets de loi supprimeraient l’aide et les services essentiels à la population palestinienne assiégée, affamée et blessée de Gaza, amplifiant ainsi les conditions de vie mises en place par Israël pour provoquer leur destruction.
Réaction internationale et implications juridiques des projets de loi contre l’UNRWA
Comme l’a décrit le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, si la législation est adoptée, ce serait « une catastrophe dans ce qui est déjà un désastre absolu ».
M. Guterres a également souligné l’illégalité de ces projets de loi : « Si elles étaient approuvées, ces lois seraient diamétralement opposées à la Charte des Nations Unies et violeraient les obligations d’Israël en vertu du droit international. Une législation nationale ne peut modifier ces obligations. »
Les campagnes israéliennes visant à diaboliser, à démanteler l’UNRWA et à lui transférer ses responsabilités ne sont pas nouvelles. L’Agence est non seulement chargée de fournir de l’aide, de l’éducation et des services sociaux aux Palestiniens, mais elle est aussi fondamentalement liée à la consécration des droits des réfugiés palestiniens aux réparations et au retour. Les actions passées et récentes d’Israël s’inscrivent, en fin de compte, dans une stratégie plus large visant à liquider la question des réfugiés palestiniens.
Le génocide en cours et les attaques contre l’UNRWA
Tout au long du génocide, Israël s’en est pris sans relâche à l’Agence, tant sur le plan politique que matériel. Il a fabriqué des allégations selon lesquelles des employés de l’UNRWA auraient participé aux opérations de résistance du 7 octobre dans le cadre d’une vaste campagne de dénigrement et de diffamation, a tenté de fermer les bureaux de l’Agence à Jérusalem, a refusé l’entrée aux fonctionnaires de l’Agence et continue de bombarder ses installations, y compris les écoles abritant les personnes déplacées et les centres de distribution de l’aide, dans toute la bande de Gaza.
Depuis le début du génocide, 190 installations de l’UNRWA ont été endommagées, au moins 563 personnes déplacées ont été tuées alors qu’elles se trouvaient dans des installations de l’UNRWA, 1 790 ont été blessées et 225 employés de l’UNRWA ont été tués.
Au Liban, depuis qu’Israël a intensifié son agression, l’Agence signale qu’elle a été contrainte de suspendre ses opérations dans la région de Tyr, annonçant que « seuls des services minimaux de gestion de l’eau et des déchets continuent d’être fournis aux habitants restants ». En outre, seuls 12 des 27 centres de santé de l’UNRWA au Liban sont actuellement opérationnels.
Complicité mondiale et appel à l’action
Alors que la campagne israélienne contre l’UNRWA atteint un niveau extrêmement dangereux, la complicité des différents États avec les actions d’Israël s’intensifie également.
Chaque État qui s’est fait l’écho des fausses allégations d’Israël contre l’UNRWA, qui a supprimé le financement de l’Agence ou qui a refusé de sanctionner Israël, porte la responsabilité de la situation difficile de l’Agence, des attaques auxquelles il est confronté et de la famine qui s’ensuit pour les Palestiniens.
Pour s’acquitter des responsabilités qui leur incombent en vertu du droit international, notamment le devoir d’arrêter, de prévenir et de s’abstenir d’être complice d’un génocide et de respecter leurs obligations à l’égard des réfugiés palestiniens, les États doivent immédiatement rétablir et augmenter le financement de l’UNRWA (s’ils ne l’ont pas encore fait), veiller à ce qu’il puisse s’acquitter pleinement de son mandat dans toutes ses zones d’opération et imposer des sanctions et des embargos sur les armes à l’encontre du régime colonial-apartheid israélien.
Traduction : AFPS
Photo : L’accès humanitaire restreint est un problème de vie ou de mort pour les gens dans la bande de Gaza @ UNRWA