Le Figaro titre sur Internet :« Israël fait son possible pour faciliter la tenue, le 9 janvier, de l’élection présidentielle palestinienne » , précisant qu’« Israël se veut irréprochable pour l’élection présidentielle palestinienne. Le gouvernement d’Ariel Sharon a ainsi donné hier son feu vert à une série de mesures destinées à faciliter le bon déroulement du scrutin et surtout prouver sa bonne volonté ». [1]
Le Monde cite le général Sharon et commente : « "Il est important qu’il soit clair pour le monde entier qu’Israël a permis des élections libres, justes et efficaces", a affirmé dimanche M. Sharon, dont les propos tenus lors du conseil des ministres hebdomadaire ont été retransmis par la radio publique. M. Sharon a fait ces déclarations peu avant que son gouvernement n’adopte une série de dispositions, mises au point ces dernières semaines par des responsables israéliens et palestiniens sur l’organisation du scrutin, qui doit permettre de désigner le successeur de Yasser Arafat, décédé le 11 novembre.
Parmi les mesures figure un retrait de l’armée israélienne des villes de Cisjordanie pendant 72 heures avant, pendant et après l’élection, a-t-on indiqué à la présidence du conseil. » Le journaliste ajoute qu’« Israël va également assurer la libre circulation des 7 candidats en lice et de ceux qui participent à leur campagne, ainsi que des quelque 500 observateurs internationaux qui doivent superviser le scrutin. [...] » pour conclure qu’ « à Jérusalem-est, les Palestiniens ne pourront mener une campagne électorale que dans des "lieux privés et non publics" et voteront dans cinq bureaux de poste, [comme l’] a indiqué la présidence du conseil. [2] »
Oui, mais...
S’il est vrai que Mahmoud Abbas semble pouvoir circuler sans difficulté, même après son premier discours « dur » qui appelle à la fin de l’occupation, à la libération des prisonniers et au droit au retour, cela n’est pas le cas d’autres candidats.
Ainsi, alors que des assassinats extra-judiciaires [3] maintiennent une atmosphère de peur et d’insécurité, les déplacements en Palestine occupée restent très limités, y compris pour des candidats.
Par exemple, Abdelkarim Shubair et Sayed Baraka ne peuvent toujours pas entrer de Gaza en Cisjordanie ni se déplacer de l’une des 16 circonscriptions à une autre [4].
Mustafa Barghouti, candidat de l’Initiative Nationale Palestinienne, deuxième dans les sondages, a été arrêté par l’armée israélienne à Jérusalem -est hier 27 décembre, détenu à la prison de la Moskobieh à Jérusalem avant d’être amené de force au check-point de Ramallah. Déjà maltraité par les soldats israéliens à Jénine et interdit d’entrée à Hébron avant le début officiel de la campagne électorale début décembre [5] , Mustafa Barghouti n’avait le droit que de « passer par Jérusalem ». Pratique pour y tenir une réunion...
Le candidat du Parti du Peuple [6], Bassam Al Sahi, frappé par les soldats d’occupation au check-point de Ramallah début décembre, s’est également vu interdire de déplacement à Jérusalem.
En outre, dans la Bande de Gaza, le terminal de Rafah à la frontière égyptienne est toujours fermé depuis le 13 décembre et des milliers de Palestiniens sont dans l’impossibilité de rentrer à Gaza. A la situation sanitaire et économique gravement détériorée s’ajoute le risque, si cette fermeture se poursuit, de priver ces Palestiniens du droit de voter [7].
Toutes ces mesures sont une intervention flagrante dans l’élection palestinienne et montrent le véritable visage de la « bonne volonté » israélienne qui ose demander la transparence des élections.
Michel Rocard, qui mènera la mission d’observation des élections pour l’Union Européenne, reçu par le PCHR aujourd’hui 28 décembre, a pris connaissances de la réalité de la situation à Gaza. Le PCHR a affirmé que pour que des élections libres et justes puissent se dérouler, il est impératif qu’Israël mette fin aux violations des droits humains à l’encontre des Palestiniens, aux attaques aériennes et incursions militaires répétées [8]et qu’il lève les entraves à la liberté de circulation qui sont largement répandues dans les Territoires Palestiniens Occupés.
Le PCHR a exprimé l’espoir que M. Rocard et sa délégation pourront, dans le cadre de leur mandat, intervenir auprès des autorités israéliennes afin qu’elles rouvrent le terminal de Rafah, facilitent les déplacements des observateurs palestiniens dans les Territoires Occupés y compris al Mawasi and al Sayafa [9].
Il y a actuellement 25 organisations de la société civile palestinienne, dont l’Association des Juristes Palestiniens, al-Dameer (une association de défense des droits humains), le Centre des Affaires des Femmes, et l’Institut Pédagogique Cana’an qui se coordonnent dans le cadre du programme de surveillance de l’élection mis en place par le PCHR. Des ONGs internationales viendront bientôt se joindre à ce travail. Au total 300 personnes qui ont reçu une formation intensive sur le processus de surveillance d’élections, se déploieront dans la Bande de Gaza et d’autres en Cisjordanie, pour surveiller le dépouillement des résultats [10].
Quant aux quelque 600 observateurs étrangers qui arrivent en Palestine occupée, ils auront une responsabilité majeure : vérifier que les Palestiniens sous occupation peuvent voter dans les conditions démocratiques prévues par leurs institutions alors que les troupes d’occupation, sous couvert de déclarations mensongères claironnantes de leur dirigeants, relayées par nos médias, tentent de miner le processus électoral.