Photo : Les rues dans le nord de Gaza sont couvertes de corps en décomposition et de maisons détruites, 18 décembre © Quds News Network
Israël, le Hamas et les acteurs internationaux sont engagés dans ce qui est considéré comme les discussions les plus sérieuses depuis des mois sur un éventuel accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza assiégée, où des dizaines de Palestiniens continuent d’être tués chaque jour par les attaques israéliennes.
Le Hamas a déclaré dans un communiqué officiel mardi qu’à la lumière des discussions « positives » qui se sont tenues à Doha avec la médiation du Qatar et de l’Égypte, la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers « est possible si l’occupation cesse d’imposer de nouvelles conditions ».
Des sources citées dans les médias israéliens ont également exprimé un optimisme croissant ces derniers jours quant à la possibilité de voir aboutir la plus forte pression diplomatique en faveur d’un accord de cessez-le-feu depuis le mois d’août.
« Cet optimisme est prudent car nous sommes déjà passés par là et les efforts ont été sabordés à la dernière minute en raison de nouvelles conditions et de considérations différentes », a déclaré Nour Odeh, d’Al Jazeera.
« À l’heure actuelle, d’après ce que nous comprenons, les discussions portent sur les détails, sur les noms des personnes qui seront libérées de Gaza et de celles qui seront libérées du côté palestinien. L’administration sortante et l’administration entrante des États-Unis ont tout intérêt à ce que l’accord soit conclu, même s’il ne conduit pas à la fin de la guerre ».
Au moins 45 097 Palestiniens ont été tués et 107 244 autres blessés au cours de plus de 14 mois d’attaques israéliennes sur Gaza, qui ont commencé après qu’au moins 1 139 personnes ont été tuées en Israël lors d’une attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, et que plus de 200 ont été faites prisonnières. Près de la moitié des captifs ont depuis été libérés à la faveur d’une pause d’une semaine dans les combats l’année dernière.
Aux États-Unis, le président Joe Biden, principal soutien militaire et politique d’Israël, a promis cette semaine qu’il continuerait à œuvrer pour que les captifs restants quittent le territoire, tandis que le président élu Donald Trump a déclaré qu’il y aurait « l’enfer à payer » s’ils n’étaient pas libérés d’ici à son entrée en fonction en janvier.
Le chef de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine, Bill Burns, est attendu dans la capitale qatarie, Doha, mercredi, pour discuter des derniers développements et rencontrera le Premier ministre Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, selon le média américain Axios.
Israël Katz, le ministre israélien de la défense, a déclaré lundi aux législateurs de la Knesset qu’un accord était « plus proche que jamais », mais a précisé un jour plus tard qu’après la défaite du Hamas, l’armée « contrôlera la sécurité à Gaza avec une totale liberté d’action ».
« Nous ne permettrons pas un retour à la réalité d’avant le 7 octobre », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que le contrôle israélien sur Gaza serait identique à celui de la Cisjordanie occupée.
L’armée israélienne lance quotidiennement de nombreux raids violents dans toute la Cisjordanie, tuant, blessant ou arrêtant régulièrement des Palestiniens et démolissant leurs maisons.
Dans sa dernière déclaration, le Hamas n’a pas mentionné l’insistance d’Israël à maintenir son contrôle sur Gaza même en cas d’accord, mais il a déjà déclaré que les forces israéliennes devaient se retirer de l’enclave.
Les conditions posées par le groupe comprenaient précédemment un retrait du corridor Philadelphie à la frontière avec l’Égypte et du corridor dit de Netzarim que l’armée israélienne a établi pour séparer le sud et le nord de la bande de Gaza, ainsi que l’envoi massif d’aide humanitaire et la reconstruction de l’enclave.
Israël maintient le siège de l’hôpital du nord de Gaza
Alors que les discussions sur un éventuel accord de cessez-le-feu semblent prendre de l’ampleur, de nombreuses attaques israéliennes continuent de frapper la bande de Gaza avec un effet dévastateur.
Mercredi, les forces israéliennes ont frappé l’unité de soins intensifs de l’hôpital Kamal Adwan, assiégé dans le nord, et l’ont mise hors service, a déclaré le directeur Hussam Abu Safia à Al Jazeera.
Le bombardement par les forces israéliennes d’une tente à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, a également fait de nombreuses victimes.
La situation humanitaire dans le territoire reste catastrophique, l’armée israélienne continuant à bloquer la majeure partie de l’aide, en particulier vers le nord, qui est soumis à un siège et à un blocus intensifs depuis plus de 70 jours.
Cette situation survient alors que l’Assemblée générale des Nations unies a voté mercredi à une écrasante majorité une résolution en faveur de la création d’un État palestinien, 172 pays ayant voté pour et seulement huit - dont Israël et les États-Unis - s’y étant opposés.
Traduction : AFPS