Lors de la première pluie de l’hiver, l’eau s’est déversée dans la maison de Ghalia al-Attar par les fissures des murs et du toit en tôle, tandis que la veuve, ses enfants et ses petits-enfants étalaient des seaux sur le sol.
Leur maison fait partie des dizaines de milliers de maisons endommagées pendant les 11 jours de la guerre de Gaza, en mai, entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas, qui dirige ce territoire isolé et appauvri. Des centaines de maisons ont été complètement détruites et les efforts de reconstruction n’ont pas encore démarré.
Des familles comme celle d’al-Attar ont bricolé du mieux qu’elles ont pu, mais l’hiver dans le territoire côtier apporte des nuits froides et des tempêtes de pluie périodiques.
"Je n’ai jamais vu une nuit pire que celle-là", a déclaré Mme al-Attar le lendemain, alors qu’elle et ses proches étendaient des couvertures et des matelas sur des cordes pour les faire sécher.
La ville agricole de Beit Lahiya, près de la frontière avec Israël, a été touchée par des frappes aériennes israéliennes pendant la guerre. Plusieurs maisons des environs ont été endommagées et des arbres ont été criblés d’éclats d’obus.
Israël affirme n’avoir visé que des cibles militaires et avoir fait tout son possible pour épargner les civils, mais sur les plus de 250 personnes tuées à Gaza, plus de la moitié étaient des civils, selon les Nations unies. Treize personnes ont été tuées du côté israélien.
Selon l’ONU, quelque 56 000 maisons à travers Gaza ont été endommagées dans le conflit, et plus de 2 100 autres ont été soit complètement détruites, soit endommagées à tel point qu’elles sont inhabitables. Israël a lancé des centaines de frappes aériennes pendant la guerre, souvent sur des zones habitées où, selon lui, le Hamas organisait des attaques, alors que les militants de Gaza tiraient des milliers de roquettes sur Israël.
Gaza a subi quatre guerres et un blocus israélo-égyptien punitif depuis 2007, date à laquelle le Hamas a pris le pouvoir face aux forces palestiniennes rivales. Israël affirme que le blocus est nécessaire pour empêcher les militants de se réarmer, tandis que ses détracteurs y voient une forme de punition collective.
Naji Sarhan, un fonctionnaire du ministère du logement dirigé par le Hamas, affirme que les habitants ont besoin de 170 millions de dollars pour reconstruire, mais que jusqu’à présent, seuls 13 millions de dollars ont été déboursés. Cela a permis de couvrir certaines réparations, mais les fonds ne sont pas jugés suffisants pour couvrir la reconstruction des maisons qui ont été détruites. La Banque mondiale, qui aide à coordonner l’aide internationale à Gaza, a fourni des estimations similaires sur ce qui est nécessaire pour reconstruire.
"Les pays donateurs sont fatigués", a déclaré Sarhan. "Il y a des maisons qui ont été détruites trois fois. A chaque guerre, telle ou telle maison est détruite, puis reconstruite, puis détruite."
De nombreuses familles dont les maisons n’ont subi que des dommages mineurs ou modérés y sont restées, souvent parce qu’elles n’ont pas les moyens de se loger autrement. Mais après des mois sans réparations, et avec l’arrivée du temps pluvieux, les fissures s’élargissent.
Le Qatar, qui est le principal donateur à Gaza et un allié politique du Hamas, a alloué 50 millions de dollars pour la reconstruction et la réparation des maisons. L’Égypte a promis 500 millions de dollars pour les infrastructures et le logement, mais on ignore quelle part de ce financement s’est matérialisée. Selon M. Sarhan, les responsables du Hamas sont en pourparlers avec le Qatar pour augmenter sa contribution.
Israël a allégé le blocus dans le cadre d’un cessez-le-feu informel négocié par l’Égypte et délivre 10 000 permis permettant aux Palestiniens de Gaza de travailler en Israël, principalement dans la construction et les travaux subalternes. Cela permettra un afflux vital de liquidités à Gaza, où le taux de chômage avoisine les 50 %. Les matériaux de construction sont autorisés pour ceux qui en ont les moyens.
Le matin suivant la tempête de pluie, certaines maisons de Beit Lahiya étaient encore inondées. Ali al-Attar, un cousin qui s’est marié et a emménagé dans sa propre maison en janvier, pataugeait dans l’eau jusqu’à 30 cm de profondeur en transportant ses meubles dans la maison de ses parents. Il a essayé de sauver les tapis mouillés qui puaient à cause de l’eau saumâtre.
"Nous espérons pouvoir reconstruire cette maison et la remettre en état, mais je ne peux pas", a déclaré Ghalia.
Traduction : AFPS