Photo : Dôme du Rocher, mars 2022 © Yasir Gürbüz
Un nouveau rapport publié par un observatoire israélien accuse le gouvernement israélien de violer directement le statu quo à la mosquée Al-Aqsa, avertissant que son contrôle permanent constitue une escalade dangereuse.
Le statu quo est défini par un ensemble de règles et de réglementations considérées comme une norme internationale contraignante et reconnues depuis longtemps par les puissances mondiales. Il désigne la mosquée Al-Aqsa comme un site exclusivement islamique, où seuls les musulmans sont autorisés à pratiquer leur culte.
Selon les dernières conclusions de l’association Ir Amim, les autorités israéliennes renforcent de plus en plus leur contrôle sur le complexe, menançant ainsi le statut quo.
Le rapport souligne que le gouvernement exploite particulièrement les fêtes juives pour accroître la présence juive dans la zone, tout en violant les droits des musulmans sur le site.
Les incursions de l’armée israélienne dans le complexe de la mosquée sont devenues quasi quotidiennes, avec une augmentation considérable pendant les fêtes juives et nationales.
Aviv Tatarsky, chercheur à Ir Amim, a déclaré à Middle East Eye que les prières juives sur le Mont du Temple vont « de pair avec l’exclusion des musulmans ».
Nommé d’après le terme juif désignant le plateau surélevé sur lequel se dresse la mosquée Al-Aqsa, le mont du Temple est l’endroit où certains groupes israéliens prônent la destruction de la mosquée afin de construire à sa place un troisième temple juif.
« Sous le couvert d’un lien religieux avec le judaïsme, Israël prend progressivement le contrôle du site sacré », a ajouté M. Tatarsky, avertissant que les décisions et les actions du gouvernement menacent la stabilité de la vieille ville et du pays dans son ensemble.
Le chercheur a déclaré que pendant la fête juive de Souccot, qui commence le 7 octobre, des milliers d’Israéliens, accompagnés par la police, devraient entrer dans la mosquée Al-Aqsa, « créant ainsi un foyer potentiel de tensions ».
« Des mesures immédiates doivent être prises pour protéger la liberté de culte des musulmans et empêcher une escalade », a déclaré M. Tatarsky.
Violations du status quo
Le rapport fait état d’une augmentation sans précédent du nombre de participants aux raids juifs contre la mosquée Al-Aqsa.
Aouni Bazbaz, directeur des affaires internationales au Waqf islamique, l’organisme qui administre Al-Aqsa, a déclaré à MEE que la situation sur le terrain était « pire que ce qui est mentionné dans le rapport ».
Selon les normes établies, le contrôle de la mosquée – y compris son entretien, sa sécurité et les fouilles – reste de la seule responsabilité du Waqf islamique.
L’autorité du Waqf, qui opère sous tutelle jordanienne, a été officiellement reconnue par Israël dans le traité de paix signé avec Amman en 1994.
Le rapport souligne toutefois le mépris croissant d’Israël pour le rôle de gardien de la Jordanie, en particulier ces derniers mois.
Les violations de la liberté de culte des musulmans se poursuivent également, notamment les restrictions d’âge, les refus d’entrée arbitraires, l’expulsion de fidèles et de militants palestiniens, et l’entrave aux travaux de restauration et d’entretien du Waqf.
Ville fantôme
Les conclusions d’Ir Amim mettent en évidence une coordination politique importante, les ministres et dirigeants d’extrême droite menant et encourageant les violations sans objection de la part du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
M. Bazbaz a déclaré que les violations commises par le gouvernement se sont intensifiées depuis le début du génocide à Gaza, l’instabilité permettant aux autorités de « faire passer tout ce qu’elles veulent ».
« La vieille ville de Jérusalem est devenue une ville fantôme », a-t-il déclaré. « Toute l’attention est tournée vers Gaza, tandis que la situation ici est oubliée. Ils utilisent la stratégie consistant à braquer les projecteurs sur un endroit tout en commettant de graves violations ailleurs. »
Il a ajouté que les restrictions imposées aux Palestiniens - notamment les avertissements, les interdictions et les arrestations - leur donnent l’impression d’être sous « un régime militaire, et non sous une gouvernance politique ».
« Toute personne soupçonnée par Israël de pouvoir s’exprimer est immédiatement neutralisée. »
Les interdictions israéliennes ont touché un large éventail de personnes, notamment des imams, des journalistes, des militants et des fidèles ordinaires, ce qui a suscité l’inquiétude des Palestiniens quant au contrôle croissant d’Israël sur la mosquée.
Alors qu’elle accueillait autrefois des centaines de milliers de personnes et attirait régulièrement des dizaines de milliers de fidèles pour la prière du vendredi, la mosquée Al-Aqsa n’en accueille plus que quelques milliers le vendredi et quelques centaines pour les prières quotidiennes.
« En d’autres termes, le contrôle [israélien] sur la mosquée Al-Aqsa est malheureusement devenu une réalité », a déclaré M. Bazbaz.
Traduction : AFPS




