Photo : un patient atteint du Coronavirus en unité d’isolement à l’hopital Al Aqsa, à Deir Al-Balah, au centre de la bande de Gaza, le 6 décembre 2020 (Crédit : Ashraf Amra/APA images)
Les hôpitaux en Palestine sont pleins à craquer, alors que les responsables de la santé et les personnels médicaux luttent pour faire face à l’augmentation rapide des taux de COVID-19 en Cisjordanie occupée.
La Ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a déclaré lundi que les hôpitaux de Cisjordanie avaient dépassé 100 % de leur capacité, décrivant la situation comme « très dangereuse », et que le nombre de patients de COVID-19 gravement malades et ayant besoin de ventilateurs était en constante augmentation.
Selon al-Kaila, une part importante des nouveaux cas de COVID-19 qui ont été détectés en Cisjordanie, sont dus aux variants plus récents, plus viraux et plus mortels du coronavirus, parmi lesquels le variant britannique.
Tous les jours davantage de Palestiniens en Cisjordanie sont contaminés par le coronavirus, avec des taux quotidiens de contamination dépassant les 2.000 nouveaux cas toutes les 24 heures, et cela depuis des semaines.
Les responsables de la santé ont mis l’accent sur le fait que le nombre de cas réels pourrait être beaucoup plus élevé que le nombre dont il est fait état, étant donné que beaucoup de gens contaminés par le virus sont souvent asymptomatiques ou présentent des symptômes semblables à ceux d’une grippe normale, et ne vont donc pas se faire tester pour la COVID-19.
Jusqu’à présent, le nombre total de cas confirmés en Palestine depuis mars 2020 se situe à plus de 240.000, et à plus de 2.500 décès. Avec une population seulement d’environ 5 millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, ces chiffres sont extrêmement importants notamment si l’on tient compte de la part de la population qui a été affectée par le virus.
Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la pandémie publié au début de mars a constaté en Cisjordanie une augmentation de 38% des contaminations et de 61 % des décès, en comparaison avec la semaine précédant la publication du rapport.
Alors que les fonctionnaires palestiniens déclarent qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour redresser la situation, y compris mettre en oeuvre les confinements les plus stricts que la Cisjordanie ait connu depuis l’année dernière, les Palestiniens disent que la crise actuelle est un cauchemar.
Les médias locaux ont été inondés d’histoires de personnes refoulées des hôpitaux ou placées sur des matelas à même le sol dans les couloirs des hôpitaux.
Une infirmière palestinienne de Bethléem, qui a demandé à garder l’anonymat, a décrit la situation à l’heure actuelle dans les hôpitaux comme « infernale », disant que la situation est « bien plus terrible que ce que l’on peut imaginer. »
« Nous refusons des gens, des gens très malades, parce que nous n’avons aucun endroit où les mettre », a raconté l’infirmière à Mondoweiss. « À ce stade, c’est comme si nous attendions que les gens meurent juste pour que quelqu’un d’autre puisse prendre leur lit ou leur respirateur. »
L’infirmière a comparé la situation actuelle en Palestine à celles d’autres endroits comme l’Italie et New York au début de la pandémie, quand les gens mouraient à un rythme alarmant et que les hôpitaux n’arrivaient pas à suivre.
Et tandis que les Palestiniens continuent à mourir de la COVID-19 à un rythme alarmant, la possibilité pour les simples citoyens d’être vaccinés contre le virus reste encore une perspective lointaine.
Les responsables palestiniens ont continué à différer leur campagne de vaccination — cela se passe depuis des mois maintenant — en raison de retards d’arrivée de centaines de milliers de doses de vaccin provenant du programme COVAX de l’OMS et d’autres fabricants privés.
Alors que quelques 40.000 doses du vaccin russe Spoutnik ont été envoyé la semaine dernière à Gaza en provenance des EAU, les responsables de l’AP en Cisjordanie ont déclaré qu’ils n’ont reçu à ce jour que 12.000 doses du vaccin Spoutnik, ainsi que quelques milliers de doses de Moderna envoyées par les Israéliens pour les travailleurs médicaux palestiniens.
Les vaccins qui sont vraiment arrivés entre les mains de l’AP étaient censés être distribués aux travailleurs médicaux en première ligne en Cisjordanie. Il a été ensuite révélé, provoquant un tollé général, qu’au moins plusieurs centaines de doses avaient été attribuées aux ministres de l’AP et à leurs collaborateurs, ainsi qu’à d’autres fonctionnaires du gouvernement et à leur famille et à la maison royale jordanienne.
L’Autorité Palestinienne a déclaré qu’il pourrait s’écouler jusqu’au mois de mai avant qu’elle ne commence à distribuer le vaccin à la population, en fonction de la date d’arrivée des lots.
Pendant ce temps, Israël a continué à refuser de proposer le vaccin à l’ensemble de la population palestinienne, ce qui, selon les militants et groupes de défense des droits, est exigé d’Israël en vertu du droit international en tant que puissance occupante.
Traduction : Yves Jardin, membre du Groupe de Travail de l’AFPS sur les prisonniers politiques palestiniens.