Les Palestiniens du nord de la bande de Gaza ont préparé des campements de tentes pour les familles déplacées jeudi, deux jours avant leur retour dans leur région d’origine, conformément au calendrier de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, rapporte Reuters.
Sur un terrain vague entouré de bâtiments détruits par les explosions, un groupe d’hommes a commencé à monter des rangées de tentes blanches pour accueillir les familles qui prévoient de retourner dans le nord samedi, lorsque le groupe palestinien, le Hamas, doit libérer un deuxième groupe d’otages en échange de douzaines de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Parmi les centaines de milliers de Palestiniens qui devraient retourner dans le nord de la bande de Gaza, beaucoup retrouveront des maisons en ruines après 15 mois d’offensive militaire israélienne qui a ravagé l’enclave et tué plus de 47 000 habitants de Gaza.
En octobre, les forces israéliennes sont retournées dans des zones du nord dans le cadre d’une vaste opération anti-Hamas axée sur le camp de réfugiés de Jabalia, près de la ville de Gaza, et sur les villes de Beit Hanoun et Beit Lahiya, vidant la zone de ses habitants et rasant la plupart de ses bâtiments.
« Est-ce la tente dont nous rêvions ? Elle doit pouvoir accueillir 10 personnes. Cette tente est destinée à mes enfants qui viennent du sud. Vraiment, est-ce un espace suffisant ? » demande Wael Jundiya, alors qu’il prépare une tente pour ses enfants qui reviendront de la zone côtière d’al-Mawasi, dans le sud, où ils ont trouvé refuge.
« Samedi, les gens viendront du sud et inonderont la ville de Gaza. Ce camp peut accueillir 100 à 200 personnes. Ils seront 1,5 million à venir du sud », a déclaré M. Jundiya à Reuters.
Israël a lancé son assaut sur Gaza après que les combattants du Hamas ont franchi la frontière le 7 octobre, tuant 1 200 personnes et prenant plus de 250 otages, selon les décomptes israéliens.
Toutefois, Haaretz a révélé depuis que les hélicoptères et les chars de l’armée israélienne avaient en fait tué un grand nombre des 1 139 soldats et civils dont Israël affirme qu’ils ont été tués par la résistance palestinienne.
Le Hamas a publié jeudi un communiqué indiquant que le retour des familles déplacées commencerait après l’échange de samedi et une fois que les forces israéliennes se seraient retirées de la route côtière vers le nord. Au moins quatre otages devraient être remis à Israël samedi.
Soulignant les inquiétudes de nombreux Palestiniens quant à la solidité du cessez-le-feu progressif, un tir de char israélien a tué deux habitants de Gaza à Rafah, dans le sud de l’enclave, selon le service d’urgence civil local.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle examinait ce rapport.
Retour à pied
Le Hamas a déclaré que les habitants seraient autorisés à rentrer à pied le long de la route côtière, ce qui signifie une marche de plusieurs kilomètres jusqu’à la zone nord officielle, d’où ils pourraient essayer de monter dans des véhicules, qui seraient fouillés aux points de contrôle. Les personnes qui rentrent ne doivent pas porter d’armes, a précisé le Hamas.
Un haut responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri, a déclaré que le groupe était en contact avec plusieurs parties arabes et internationales qui aideraient au retour et à l’opération de secours, notamment en fournissant des tentes. Il a indiqué que le Hamas, qui gouverne l’enclave, commencerait immédiatement à réparer les maisons qui n’ont pas été entièrement détruites.
« Nous allons investir toutes nos capacités pour aider notre peuple. Les municipalités ont mis en place des plans pour accueillir les familles qui reviennent dans le nord, notamment en leur fournissant des tentes », a-t-il déclaré à Reuters.
À Jabalia, le plus grand des huit camps de réfugiés historiques de la bande de Gaza, qui a fait l’objet de la campagne israélienne au cours des trois derniers mois, de nombreuses personnes sont retournées vivre à l’intérieur de leurs maisons détruites, allumant de petits feux pour tenter de réchauffer leurs enfants.
« Ils parlent d’une trêve, d’un cessez-le-feu et de l’acheminement de l’aide. Cela fait trois jours que nous sommes revenus et nous ne trouvons pas d’eau à boire. Nous ne trouvons pas de couvertures pour garder nos enfants au chaud. Nous dépendons des feux de joie toute la nuit. Nous aimerions avoir du bois pour le feu, nous utilisons du plastique, qui provoque des maladies », a déclaré Mohammed Badr, père de 10 enfants.
Sa femme, Umm Nidal, a déclaré qu’elle ne pouvait pas croire à la destruction totale.
« Il ne reste plus rien, on ne peut plus marcher dans les rues. Les maisons se sont effondrées les unes sur les autres. On se perd, on ne sait pas si on est chez soi ou pas », a-t-elle déclaré. « L’odeur des cadavres et des martyrs est présente dans les rues. »
Traduction : AFPS
Photo : Tous les systèmes qui ont échoué à arrêter la guerre devraient contribuer à reconstruire Gaza, 24 janvier 2025 © Rula Alqawasmi via X