L’AFPS est partenaire du BNC (Boycott National Committee) palestinien, dont elle a signé l’appel dès mars 2009. Comme le rappelle le rapport d’orientation de son 7e congrès, en novembre 2021, il s’agit, pour l’AFPS de faire vivre ce partenariat avec le BNC dans le respect mutuel des décisions de chacun, notamment pour le choix des cibles des campagnes. Pour l’AFPS, ce choix doit être com¬pris par le public sollicité pour y participer. La campagne BDS se décline selon trois axes, impliquant des acteurs différents, mais dans lesquels les citosyennes et les citoyens ont un rôle à jouer.
Le boycott
L’une des formes prises par le boycott consiste à ne pas ache¬ter les produits en provenance d’Israël qui sont liés aux violations du droit par Israël.
Les campagnes de boycott de l’AFPS
L’appel au boycott lancé par l’AFPS concerne d’abord tous les produits provenant des colonies illégales parmi lesquels il faut citer les fruits et légumes dont l’identification de la provenance réelle est très difficile. Ces produits sont cultivés, la plupart du temps, sur des terres et avec de l’eau volées aux Palestiniens. Citons, également, les cosmétiques de la marque Ahava dont la provenance depuis le Territoire palestinien occupé est incontestable, ainsi que les produits de jardin et de rangement Keter.
Le boycott des produits des colonies constitue une priorité, tant que n’est pas obtenue l’interdiction de ces produits pour laquelle l’AFPS se bat, en particulier aujourd’hui, dans le cadre de l’Initiative citoyenne européenne qui vient d’être lancée.
Au-delà des produits des colonies, tous les pro¬duits israéliens peuvent être boycottés, compte tenu des violations graves et constantes du droit par Israël et de l’instauration d’un régime d’apartheid. C’est, en particulier, le cas des dattes étiquetées Israël que l’AFPS appelle à boycotter, tout en faisant, parallèlement, la promotion des dattes palestiniennes proposées par un grand nombre de groupes locaux.
Une autre campagne de boycott concerne le tourisme en Palestine. L’AFPS dénonce les voyagistes français qui font passer la Palestine pour Israël dans leurs circuits touristiques et proposent des hébergements dans les colonies. L’AFPS participe également à la campagne internationale pour qu’Airbnb, Tripadvisor et Booking.com cessent de proposer des hébergements dans les colonies.
Les autres formes du boycott
Quoi qu’en disent les inconditionnels de la politique israélienne, quels que soient leurs efforts aux côtés du gouvernement israélien, pour tenter de faire taire toute contestation de cette politique criminelle, le boycott et l’appel au boycott ne sont pas interdits en France. Seuls sont interdits par la loi, les appels à la haine, le racisme et la discrimination contre les personnes. C’est ce qu’a confirmé avec force l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui a condamné la France, en juin 2020, pour avoir poursuivi et condamné, en 2010, des militants alsaciens ayant pacifiquement appelé au boycott. L’AFPS dénonce et s’oppose aux tentatives méprisables du gouvernement français d’ignorer ou de vouloir contourner la décision de la CEDH.
Le boycott s’applique, également, dans les domaines culturels, sportifs et universitaires. La culture est utilisée par Israël à des fins de propagande, pour promouvoir une image positive destinée à faire oublier les crimes commis contre le peuple palestinien. En refusant de se produire en Israël, dans le contexte actuel de violation du droit, des artistes interpellent la société israélienne d’une manière forte et visible. Parmi ces artistes, on peut citer les cinéastes Ken Loach ou Jean-Luc Godard, de nombreux chanteurs irlandais ou britanniques, dont Roger Waters, quelques Français et françaises dont Vanessa Paradis, l’américaine Lana Del Ray, des écrivains et écrivaines dont l’exemple le plus récent est celui de l’autrice irlandaise Sally Rooney qui vient de refuser la traduction et la publication en Israël de son dernier roman, au motif que l’éditeur israélien « n’avait pas pris ses distances avec l’apartheid ».
Des sportifs de tous pays refusent de participer à des compétitions organisées en Israël ou d’affronter des sportifs israéliens qui n’ont pas pris leur distance avec la politique criminelle de leur pays. C’est également le cas pour des universitaires qui refusent de participer à des programmes de coopération institutionnels avec des universités israéliennes, ces programmes cachant souvent des objectifs militaires. C’est, par exemple, le cas du boycott universitaire contre l’université d’Ariel implantée dans une colonie.
Dans le domaine sportif, l’AFPS est active dans le cadre d’une campagne très suivie par les GL qui consiste à dénoncer le blanchiment des crimes d’Israël par le sport cycliste professionnel. Pour la troisième année consécutive, une équipe cycliste israélienne, appelée aujourd’hui, Israël Premier Tech participe au Tour de France et aux principales courses cyclistes organisées en France avec l’objectif de redorer l’image d’Israël. L’action de l’AFPS vise à dénoncer cette opération de propagande éhontée en montrant au public la réalité de la politique d’Israël.
Le désinvestissement
Les campagnes de désinvestissement ont pour but d’obtenir des entreprises françaises et européennes qu’elles cessent toute implication dans la colonisation de la Palestine. Les entre¬prises étant de plus en plus sensibles à leur image de marque, plus l’image d’Israël se dégrade dans l’opinion, plus elles auront de difficultés à justifier une complicité avec l’oppression du peuple palestinien.
Pour obtenir le désinvestissement des entreprises françaises, il est indispensable que la pression citoyenne soit forte. Cette mobilisation citoyenne a permis d’obtenir les succès les plus importants en matière de désinvestissement.
Les campagnes de désinvestissement menées par l’AFPS
Actuellement, la campagne principale est conduite dans le cadre de la coalition européenne DBIO (Don’t Buy Into Occupation) qui est un projet conjoint entre 24 organisations palestiniennes et européennes basées en Belgique, en France, en Irlande, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne et au Royaume- Uni. L’objectif est de mettre en lumière les relations entre les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne illégale et les institutions financières européennes. Au terme d’une longue enquête, 672 institutions financières ayant des relations avec des entreprises impliquées dans la colonisation ont été identifiées. Trois entreprises européennes ont été ciblées dont BNP Paribas, pour la France, qui fait actuellement l’objet d’une campagne active de désinvestissement, conduite par les trois membres français de la coalition DBIO, l’AFPS, la FIDH et la CGT.
Une autre campagne importante concerne le tramway de Jérusalem pour lequel des entreprises françaises sont impliquées dans des projets de construction de nouvelles lignes destinées à faciliter la colonisation à Jérusalem-Est. C’est le cas d’Alstom, Egis Rail et CAF, entreprise espagnole ayant de nombreuses activités en France. Cette campagne est conduite dans le cadre d’un groupe de travail composé de l’AFPS, la CGT, la CFDT et la Plateforme des ONG pour la Palestine.
L’AFPS participe également à la campagne internationale pour exiger que l’entreprise Puma cesse de sponsoriser la fédération israélienne de football qui comprend des clubs implantés dans les colonies.
Les sanctions
Le troisième objectif du BDS dépend de la décision politique que devraient prendre les États et les organisations internationales, telles que l’ONU ou l’Union européenne. Les citoyens et citoyennes doivent exercer de très fortes pressions sur les États et les organisations internationales pour les pousser à s’engager dans la voie des sanctions contre Israël. Cette pression citoyenne passe, naturellement, par l’action menée par le mouvement de solidarité avec la Palestine, au sein duquel, l’AFPS joue un rôle essentiel, en France.
Aujourd’hui, ce combat s’avère ardu, tant est forte la pression mise sur les États et les organisations inter¬nationales par le gouvernement israélien et ses inconditionnels soutiens. Pour parvenir à conserver son impunité, Israël et ses soutiens ont, en particulier, recours à une instrumentalisation éhontée de l’antisémitisme : qui ose émettre la moindre cri¬tique envers la politique d’Israël est aussitôt traité d’antisémite.
L’AFPS n’a de cesse d’exiger que la France prenne, enfin, des sanctions contre Israël pour contraindre cet État à respecter le droit. L’AFPS se bat pour que la France suspende toute coopération militaire et sécuritaire avec Israël et apporte un soutien réel à la Palestine auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), afin que les responsables des crimes israéliens soient poursuivis et jugés. L’AFPS se bat, également, pour obtenir de l’Union Européenne la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël.
Jean-Louis Vey
>> Cet article fait partie du n°80 de notre revue trimestrielle Palestine-Solidarité ou "PalSol".
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