Photo : L’armée israélienne attaque l’hôpital Kamal Adwan depuis l’aube, 6 décembre 2024 © Anas Al-Sharif
Au moins quatre membres du personnel ont été tués lorsque plusieurs frappes aériennes ont touché l’hôpital Kamal Adwan de Gaza et que les forces israéliennes ont pris d’assaut l’établissement, selon le directeur de l’hôpital et l’agence de défense civile de l’enclave.
Hossam Abu Safieh, directeur de l’un des derniers centres de santé en activité dans le nord de la bande de Gaza, a déclaré qu’une série de frappes aériennes avait touché les parties nord et ouest de l’hôpital vendredi, « accompagnées de tirs intenses et directs ».
Il n’y avait plus aucun chirurgien dans l’hôpital, a-t-il ajouté.
Les soldats ont pénétré dans l’hôpital et ont ordonné à l’ensemble du personnel, des patients et des personnes déplacées de se rendre dans la cour avant de les autoriser, quelques heures plus tard, à retourner à l’intérieur.
Richard Peeperkorn, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’agence de santé des Nations unies, a déclaré « qu’il n’y avait pas eu d’avertissement officiel ou d’ordre d’évacuation avant le bombardement de l’hôpital, mais seulement des rumeurs qui ont semé la panique ».
Cette déclaration intervient une semaine seulement après que l’OMS a facilité l’entrée d’une délégation médicale d’urgence indonésienne à l’hôpital, pour la première fois depuis 60 jours. L’établissement était à court de fournitures, y compris de carburant.
Abu Safieh a déclaré que certains membres du personnel de l’hôpital, y compris l’équipe d’urgence, avaient reçu l’ordre de quitter définitivement les lieux.
Peeperkorn a déclaré que le fait que l’attaque contre l’hôpital ait eu lieu après que les autorités israéliennes aient autorisé l’entrée de la délégation médicale était particulièrement troublant pour le personnel et les patients.
« En l’espace d’une semaine, ils se sentent contraints, effrayés, de partir », a déclaré M. Peeperkorn lors d’un point de presse à Genève. « C’est extrêmement préoccupant et cela ne devrait jamais se produire. »
L’hôpital était « peu fonctionnel », a-t-il ajouté. Selon l’OMS, environ 12 000 patients de Gaza ont besoin d’une évacuation médicale, mais seuls 78 ont été évacués jusqu’à présent.
Le ministère de la santé de Gaza a déclaré que les trois principaux hôpitaux du nord de la bande de Gaza fonctionnent à peine et ont subi des attaques répétées depuis qu’Israël a envoyé des chars dans la ville septentrionale de Beit Lahiya et dans les villes voisines de Beit Hanoon et de Jabalia en octobre.
Le ministère a accusé vendredi l’armée israélienne d’avoir commis un « crime de guerre » à l’hôpital Kamal Adwan en perpétrant « toutes les formes de meurtre et de violence à l’intérieur et autour de l’hôpital ».
« Les blessés qui sont restés à l’intérieur sont dans un état critique et ont besoin de soins médicaux immédiats », a ajouté le ministère.
L’armée israélienne n’a pas encore commenté l’attaque. Beit Lahiya est le théâtre d’une opération militaire intense depuis deux mois, qui s’est intensifiée ces derniers jours, forçant des milliers de personnes à fuir les bombardements.
Vider les hôpitaux
Tareq Abu Azzoum, d’Al Jazeera, en provenance de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, a déclaré que des sources médicales ont confirmé que l’armée israélienne avait ordonné aux patients de quitter l’établissement, tandis que la délégation médicale indonésienne a pu se réfugier à l’hôpital arabe al-Ahli, dans la ville de Gaza.
« Il semble qu’ils essaient de vider le nord de la bande de Gaza de ses installations médicales et de pousser les civils à se déplacer vers la ville de Gaza afin d’imposer un contrôle militaire important dans ces zones », a-t-il déclaré.
Les hôpitaux, leur personnel, leurs patients et leurs véhicules sont protégés par le droit international.
La semaine dernière, un drone israélien a tué Ahmed al-Kahlout, le directeur de l’unité de soins intensifs de l’hôpital Kamal Adwan, alors qu’il passait la porte de l’hôpital assiégé dans le nord de la bande de Gaza.
Israël a accusé les combattants du Hamas d’utiliser des bâtiments civils, notamment des hôpitaux, des écoles et des immeubles d’habitation, comme couverture opérationnelle. Le Hamas a démenti ces accusations, accusant Israël de bombardements et d’assauts aveugles.
Traduction : AFPS