"A environ 01h30 mercredi 19 avril 2006, nous avons entendu les forces d’occupation israéliennes (IOF) frapper sur notre porte, dans le quartier de al-Qaisariya dans la vieille ville de Naplouse.
Mon mari, Mahmoud Ameen Mahmoud Lebbada, a ouvert la porte. Il a 54 ans. Au moins 20 soldats ont envahi la maison en nous hurlant de sortir, ce que nous avons fait.
J’ai oublié mon fils de 6 ans, Mohammed, qui dormait dans sa chambre. J’ai demandé à un soldat de me laisser entrer pour que je le réveille mais un autre soldat est sorti, portant mon fils qui criait et se recroquevillait. Je l’ai pris et serré dans mes bras.
L’un des soldats m’a posé des questions sur mon fils Ameen, et il m’a menacée de détruire notre maison, si je ne lui disais pas où il se cachait. Il a posé la même question 6 fois à mon fils Adham, qui a 18 ans. Quand on leur a dit qu’on ne savait pas où il était, les soldats israéliens ont commencé à détruire nos meubles. Ils ont aussi interrogé mon mari et puis ils ont amené ma fille de 16 ans, Ghoroub, dans une pièce où ils l’ont interrogée sur son frère.
Vers 2h30 ils m’ont dit qu’ils m’emmenaient avec eux. J’étais alors encore en vêtements de nuit. Je leur ai demandé de me laisser me changer mais ils ont refusé. Ils m’ont forcée à sortir. Ils m’ont donné l’ordre de téléphoner à mon fils. Je leur ai dit que je n’avais pas son numéro. Un soldat a immédiatement pointé son arme sur ma tête et m’a amenée à 100 mètres de là.
Ils m’ont fait monter dans un blindé transport de troupes. Et là j’ai vu Intissar Qandil, la mère de Sufian Qandil, qui est aussi "recherché" par les troupes d’occupation. Ils nous ont amenées au centre de détention de Hawara au sud de la ville.
Au bout d’environ 20 minutes j’ai vu les soldats amener trois autres femmes au centre de détention : la femme et la belle- mère de Fadi Qaffisha et une femme de la famille Aqqouba. La femme de Qaffisha et sa mère étaient en tenue de nuit. A 11h environ ils ont commencé à nous interroger, avec violence. Vers 13h ils nous ont relâchées.
Jeudi 20 avril 2006, l’ IOF a attaqué notre maison et m’a arrêtée. Ils m’ont amenée au centre de détention de Hawara où ils m’ont interrogée. J’étais si fatiguée que je me suis évanouie. Je me suis réveillée à 10h, j’étais à l’hôpital Belenson à Tel Aviv. Vers 19h00, 3 soldats sont arrivés à l’hôpital et ils m’ont ramenée au check-point de Hawara.
A environ 1h 00 mercredi 26 avril 2006, l’IOF m’a arrêtée, et mon mari aussi. Ils nous ont amenés au centre de détention de Hawara, menottés et les yeux bandés. Quelques heures plus tard un soldat nous a forcés à courir et nous a frappés. Je me suis évanouie et je me suis réveillée quand ils ont jeté de l’eau sur moi. Ils nous ont relâchés vers 13h 00.
A 02h:00 environ le vendredi 28 avril 2006, l’IOF a encore attaqué notre maison et m’a arrêtée. Je me suis évanouie pendant l’interrogatoire".
Le PCHR rappelle aux Hautes Parties Contractantes à la Quatrième Convention de Genève Relative à la Protection des Civils en Temps de Guerre, de 1949, que "aucune personne protégée ne peut être punie pour un délit qu’il ou elle n’a pas commis personnellement", que "les punitions collectives et autres mesures analogues d’intimidation et de terrorisme sont prohibées", que "le pillage est prohibé" et que "les représailles contre les personnes protégées et leurs biens sont prohibées" (Article 33).
Le PCHR appelle aussi les Hautes Parties Contractantes à la Quatrième Convention de Genève à se plier à leurs obligations légales et morales afin de s’assurer qu’Israël respecte la Convention dans le Territoire Palestinien Occupé, en accord avec l’ article 1.
Le PCHR considère que la conspiration du silence pratiquée par la communauté internationale encourage Israël à agir comme s’il était au dessus de la loi et à perpétrer d’autres violations du droit humanitaire international et des droits humains.