Depuis vendredi, la trêve décrétée par les organisations palestiniennes et acceptée par Israël le 19 juin dernier a, officiellement, pris fin. Le chef du Hamas, Khaled Mechaal, toujours en exil à Damas, expliquait quelques jours auparavant qu’Israël ne s’était pas tenu aux accords passés, et notamment n’avait pas allégé le siège de la bande de Gaza. De fait, cette trêve n’en avait que le nom. 49 Palestiniens, dont 7 enfants, ont été tués en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pendant les six mois de trêve négociée par l’Égypte, selon un rapport du quotidien palestinien Quds. Dans la bande de Gaza, le mois de novembre a été particulièrement meurtrier, puisque 17 Palestiniens ont été tués par les bombardements et les incursions de l’armée israélienne.
Le déséquilibre est patent. Selon l’armée israélienne, une cinquantaine de roquettes ou d’obus de mortier ont été tirés depuis vendredi, faisant un blessé léger, alors qu’un Palestinien a été tué suite à un tir de missile israélien. Alors que des élections législatives doivent avoir lieu le 10 février en Israël, les faucons haussent d’autant plus le ton que les sondages donnent Benjamin Netanyahou gagnant. « À long terme, le renversement du régime du Hamas est inévitable », a dit le dirigeant du Likoud, en visitant à Sderot une maison touchée par les tirs venus de Gaza. « L’État d’Israël et un gouvernement sous ma direction se fixeront comme objectif stratégique de renverser le régime du Hamas à Gaza », a aussitôt répliqué la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, devant des membres de son parti Kadima. « Les moyens d’atteindre cet objectif devraient être militaires, économiques et diplomatiques », a-t-elle ajouté, sans entrer dans les détails. Isaac Herzog, l’un des ministres du gouvernement, a déclaré que l’armée n’aurait pas d’autre choix que de mener des « actions sévères », sans préciser lesquelles, si les tirs palestiniens ne cessaient pas. « Il faut que ce soit clair. Il y aura une frappe à Gaza, et elle sera forte et douloureuse », a-t-il prévenu. Sur le départ, le premier ministre Ehoud Olmert temporise : « Israël saura comment donner la réponse appropriée, au bon moment et de la bonne façon, de manière responsable », explique-t-il.
Côté palestinien, la division persiste entre le Fatah et le Hamas. Le désaccord porte maintenant sur les élections. Le mandat de Mahmoud Abbas arrive à expiration le 9 janvier et il souhaite organiser un double scrutin, présidentiel et législatif, ce que refuse le mouvement islamique. Des négociations seraient en cours. Mais il reste le plus important : le blocus qui se poursuit contre la bande de Gaza, qui provoque une « profonde crise de dignité humaine », où le taux de chômage s’élève désormais à 49 % de la population active (contre 32 % il y a un an), selon un rapport du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA).
Ce document se veut une alerte à la communauté internationale sur la situation des 1,4 million d’habitants de la bande de Gaza, qui ont aujourd’hui le plus grand mal à assurer leur subsistance en raison des pénuries en eau et en nourriture. Le rapport ajoute que les habitants de la ville de Gaza sont privés d’électricité jusqu’à 16 heures par jour. L’eau potable n’arrive qu’une fois par semaine à la moitié de la population locale, et ce pendant quelques heures seulement. Quant à sa qualité, elle est à 80 % inférieure aux normes sanitaires.
De manière totalement surréaliste, le quartette (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU), parrain de la « feuille de route » qui prévoyait la création d’un État palestinien avant la… fin 2005, vient d’appeler Israël et les Palestiniens à intensifier les négociations pour créer un État palestinien « dès que possible », estimant que le processus lancé à Annapolis était « irréversible ». Et le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution, la première depuis cinq ans, réaffirmant son soutien au processus de paix avec pour objectif la coexistence pacifique de deux États, israélien et palestinien. Une grande frénésie diplomatique qui, malheureusement, ne changera pas d’un iota la vie des Palestiniens ? qui subissent toujours l’occupation israélienne.