La récente visite du président américain Joe Biden en Israël et dans l’Autorité palestinienne a provoqué des réactions amères parmi les factions de l’opposition palestinienne, qui ont fortement critiqué cette tournée de trois jours et ses résultats.
Les réactions ont suivi la rencontre de Biden avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Bethléem, prévue pour une heure, puis prolongée pendant plus de trois heures, y compris une brève visite fortement sécurisée de l’église de la Nativité.
Les principales routes de la ville ont été dégagées, et les forces de sécurité palestiniennes ont déployé environ 1 500 hommes pour sécuriser la visite.
Pendant ce temps, des dizaines de Palestiniens ont protesté contre la visite de M. Biden à l’entrée du camp de réfugiés de Dheisheh, dans le sud de la ville.
Les manifestants brandissaient des drapeaux noirs et des drapeaux palestiniens, des photos de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh - tuée par les forces israéliennes en mai - et des banderoles dénonçant la politique américaine et l’occupation israélienne.
Lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec M. Abbas, M. Biden a réaffirmé "l’engagement des États-Unis en faveur de la solution des deux États", tout en répétant ce qu’il avait dit à Jérusalem deux jours auparavant, à savoir que la solution des deux États était "peu probable à court terme".
S’adressant à des journalistes palestiniens au siège de l’AP à Bethléem, qui portaient tous des T-shirts à l’effigie de Shireen Abu Akleh, Joe Biden a déclaré que les États-Unis s’attacheraient à "mener une enquête indépendante" sur son meurtre, tout en ayant du mal à prononcer son nom de famille.
US President Joe Biden visited Bethlehem on Friday and met with Palestinian President Abbas. Pictures of martyred journalist #ShireenAbuAkleh could be seen across Bethlehem, with 🇵🇸 activists expressing anger and frustration at Biden's lack of accountability for her killing. pic.twitter.com/23Qd1Z7neI
— ISM Palestine (@ISMPalestine) July 16, 2022
M. Biden a mis l’accent sur l’aide humanitaire des États-Unis au peuple palestinien, faisant référence au financement américain de programmes de sécurité alimentaire pour les Palestiniens. Le président américain a également annoncé une aide de 200 millions de dollars à l’agence palestinienne pour les réfugiés, l’UNRWA.
M. Biden a également déclaré que son administration avait discuté avec Israël pour autoriser l’utilisation de la 4G par les Palestiniens. Simultanément, Israël a donné son feu vert à l’accord de 5 000 regroupements familiaux pour les Palestiniens vivant dans le pays sans statut de résident, qui doit être approuvé par Israël.
Dans une première réaction, Bassam Salhi, membre du comité exécutif de l’OLP et secrétaire général du parti de gauche du peuple palestinien, a ironiquement félicité "le président américain et son équipe pour leur succès dans leur nouveau travail au Ministère palestinien des affaires civiles".
Ce ministère, dirigé par Hussein Al-Sheikh, coordonne les affaires civiles contrôlées par l’occupation israélienne, comme les demandes de regroupement familial et le commerce transfrontalier.
"Le [seul] succès de Biden a été d’annoncer l’acceptation par Israël d’accorder aux Palestiniens le regroupement familial, la 4G et l’ouverture du passage frontalier", a ajouté Salhi.
De son côté, le Front populaire de libération de la Palestine - FPLP, dans un communiqué de presse vendredi, a qualifié la rencontre de Biden avec Abbas de simple "réunion de relations publiques".
"Biden ne s’est engagé sur aucun droit du peuple palestinien, auquel les administrations américaines ont toujours été hostiles", indique le communiqué du FPLP.
"Le FPLP avertit que l’aide financière annoncée par Biden ne doit pas être présentée comme un changement de la position américaine vis-à-vis de la cause palestinienne", ajoute le communiqué. "Ces kits d’aide sont en phase avec la vision israélienne d’une solution économique comme la meilleure façon de traiter la question palestinienne."
Le Hamas a exprimé des positions similaires. "La visite de Biden à Bethléem n’a rien apporté d’autre qu’un plus grand parti pris pour l’occupation israélienne et le silence sur ses politiques de colonisation et de racisme", a déclaré le groupe.
Le Hamas a estimé que la visite de Biden "visait à ignorer les droits du peuple palestinien tout en soutenant l’intégration d’Israël dans la région." Le Hamas a exhorté l’Autorité palestinienne à "abandonner la doctrine inutile du compromis politique".
Samedi, Biden a participé à un sommet réunissant six pays arabes du Golfe, la Jordanie et l’Égypte, qui a clôturé sa tournée au Moyen-Orient.
Lors de ce sommet, Biden a déclaré que les États-Unis "ne se retireront pas de la région" et "resteront pleinement engagés au Moyen-Orient et ne céderont pas leur influence à d’autres puissances mondiales".
Traduction et mise en page : AFPS /DD