Masafer Yatta est situé dans la région des collines sud d’Hébron, plus précisément à l’est de la ville de Yatta, à l’extrémité sud de la Cisjordanie, à la frontière de la Ligne verte. Y vivent de nombreuses communautés pastorales dans un univers montagneux et désertique.
Masafer Yatta a commencé à être menacé dans les années 1980, lorsqu’Israël a classé 3 000 hectares « zone de tir d’entraînement militaire », la nommant zone de tir 918. À l’intérieur de ce territoire se trouvent 12 villages. Se sont ajoutés le vol des terres palestiniennes, la construction de colonies et d’avant-postes illégaux et l’installation de colons évidemment illégaux.
Depuis que Masafer Yatta a été déclarée zone militaire, les habitants sont confrontés à des expulsions forcées, au nettoyage ethnique, à l’apartheid, à la démolition et à la déportation. De nombreuses écoles et maisons ont été détruites, et nous sommes régulièrement privés d’accès à nos terres, empêchés de les cultiver et de faire paître librement notre bétail. Nous vivons sous la menace constante de violences de la part des forces d’occupation israéliennes et des colons qui agissent comme une milice raciste armée et illégale. Nos maisons font l’objet d’un ordre officiel de démolition.
En novembre 1999, l’armée israélienne a expulsé de force huit villages de Masafer Yatta, au motif qu’ils « étaient illégalement dans une zone de tir ». Les familles ont adressé une requête à la Cour suprême israélienne – le début de vingt ans de bataille juridique – suite à la requête, le tribunal a émis une injonction provisoire autorisant les villageois à retourner chez eux et à utiliser les terres à des fins agricoles, mais leur a interdit de construire, maisons ou infrastructures telles que réseaux d’électricité ou d’eau. Cependant, l’armée a continué d’utiliser le terrain comme zone de tir, avec exercices réels pour des chars, hélicoptères, avec bombes, roquettes et tirs réels, causant de grands dégâts.
La désignation de zones de tir fait partie d’une politique plus large visant à expulser les Palestiniens de leurs terres, en effet l’occupation choisit de s’implanter dans une zone où les gens vivent. « Les zones de tir servent de prétexte pour déplacer les gens, ni plus ni moins ». En mai 2022, la Cour suprême israélienne a donné son accord à l’armée pour expulser des centaines de familles palestiniennes, mettant ainsi en danger les communautés locales. Aujourd’hui, l’armée a ainsi l’autorisation d’expulser environ 1 300 Palestiniens et de démolir huit villages. Les habitants ont prouvé leur propriété sur ces terres. Mais en vingt ans de procès, la décision n’a jamais changé. C’est la plus grande injustice.
En 2006, l’occupation a tenté de construire un mur d’apartheid autour de Masafer Yatta. Nous avons réussi, grâce à une résistance pacifique, à empêcher cette réalisation. Mais nous payons un lourd tribut. Notre victoire a été de courte durée, l’occupation a cherché de nouveaux moyens de nous harceler et le déséquilibre des forces entre les occupants lourdement armés, et les manifestants pacifiques favorise les oppresseurs. Selon le droit international, nos villages sont légaux et nous avons le droit de vivre en paix dans nos maisons. Mais Israël bafoue le droit international et les droits humains fondamentaux. Pourtant, nous résistons. Notre seul espoir est une pression internationale sur Israël afin qu’il stoppe destructions et déportations.
En 2009, le Premier ministre britannique Tony Blair est venu à Al-Tuwani et a pu constater les injustices. Il a aidé à obtenir la construction d’un village qui ne soit pas menacé de démolition.
Nous appelons les gens du monde entier qui croient aux droits de l’Homme à venir, à faire entendre leur voix, à mettre fin à l’occupation et à faire pression publiquement sur Israël pour qu’il mette fin aux crimes et aux violations auxquels nous sommes confrontés.
Mohamad Huraini