Le 20 novembre marque la Journée mondiale de l’enfance, une occasion annuelle de mettre l’accent sur les droits des enfants dans le monde entier. Cette journée intervient à un moment où l’enfance palestinienne vit des circonstances tragiques, l’occupation israélienne en cours détruisant systématiquement l’enfance dans les territoires palestiniens occupés. Les enfants palestiniens souffrent des crimes continus commis par l’occupation, confrontés à des meurtres, des arrestations et des abus, dans le cadre d’une politique répressive qui cible les Palestiniens dans différents lieux et à travers différents groupes, en particulier les enfants.
Depuis le début du génocide en cours, l’occupation a tué des dizaines de milliers d’enfants à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem occupée. En outre, des centaines d’enfants palestiniens ont été arrêtés lors de raids et de détentions généralisés qui ont touché plusieurs régions palestiniennes. Depuis le début de l’agression, les autorités israéliennes ont arrêté plus de 770 enfants, les soumettant, ainsi que leurs familles, à de graves abus.
Aujourd’hui, plus de 270 enfants palestiniens sont détenus dans des prisons israéliennes, dans des conditions extrêmement difficiles. Ces enfants, comme d’autres secteurs de la population palestinienne, sont soumis au crime de la détention administrative arbitraire. Actuellement, une centaine d’enfants sont en détention administrative, sans inculpation ni procès équitable, sur la base de dossiers secrets auxquels ni les détenus ni leurs avocats ne sont autorisés à accéder. Ce chiffre, le plus élevé depuis des décennies, reflète la politique systématique de l’occupation visant l’enfance, en violation de toutes les conventions, de tous les traités et de tous les accords qui garantissent les droits de l’enfant.
Dès leur arrestation, les enfants palestiniens sont soumis à des politiques arbitraires et à des abus incessants, endurant des conditions difficiles et des mauvais traitements qui s’aggravent chaque jour depuis le début de la guerre génocidaire. Les violations vont de la famine et de l’isolement à la négligence médicale, à la torture psychologique et aux abus physiques, intensifiant leurs souffrances et menaçant leur santé mentale et physique - autant de violations de leurs droits en vertu de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, y compris les droits à la survie, au développement et à la protection.
Augmentation sans précédent du nombre d’enfants en détention administrative arbitraire :
Les enfants, comme d’autres segments de la population palestinienne, sont victimes du crime de détention administrative arbitraire. Une centaine d’enfants sont actuellement placés en détention administrative sans inculpation ni procès équitable, sur la base d’un dossier secret auquel ni le détenu ni son avocat n’ont accès. Ce chiffre est le plus élevé depuis des décennies, marquant une augmentation sans précédent qui met en évidence la fréquence croissante des arrestations aléatoires d’enfants sans inculpation ni procès légal, en vertu d’ordonnances administratives qui peuvent être renouvelées pour des périodes indéfinies.
Ces politiques continuent de violer les lois et les accords internationaux qui garantissent la protection des droits des enfants. Elles appellent à la mise en œuvre effective des dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui met l’accent sur la protection spéciale des enfants dans les territoires occupés et sur la garantie de leurs droits fondamentaux dans les conditions difficiles qu’ils endurent.
Maltraitance des enfants lors des opérations d’arrestation :
Depuis des décennies, l’occupation fait des descentes dans les villages, les villes et les camps de réfugiés palestiniens aux heures tardives de la nuit, en procédant à des violations de domicile violentes et terrifiantes. Ces opérations sont menées de manière soudaine et terrifiante, exposant les enfants à une expérience dure et effrayante.
Souvent, l’intimidation et les abus sont utilisés contre les enfants lors de ces arrestations, où ils sont tirés de leur lit sous la menace d’une arme et soumis à une cruauté extrême. Ces arrestations ont un impact psychologique profond sur les enfants et leurs familles, contribuant à une atmosphère omniprésente de peur et d’anxiété qui persiste même après leur libération des prisons et des centres de détention israéliens.
L’enfant (A. S.), le plus jeune des détenus administratifs, a été arrêté chez lui le 21 août 2024, après que les forces d’occupation israéliennes aient fait irruption dans la maison à l’aube et aient fait sauter les portes. Il a ensuite été emmené seul dans une pièce, où il a été battu et étroitement attaché avec des menottes en plastique. Il a ensuite subi un interrogatoire sur le terrain qui a duré environ une demi-heure, au cours duquel il a été battu par trois soldats. Ensuite, ses yeux ont été bandés et il a été transféré dans un véhicule militaire, jeté au sol et battu à nouveau. Il a ensuite été emmené dans une zone montagneuse isolée, où il a été battu pendant encore une demi-heure.
Plus tard, il a été transféré au camp militaire d’Ofer, où il est resté dans le véhicule pendant des heures avant d’être emmené à la prison d’Ofer. Là, il a subi une fouille minutieuse et a été transféré dans la section des mineurs. Par la suite, il s’est blessé au doigt lorsque la porte de la salle de bain s’est refermée sur lui. Malgré la douleur intense, il n’a reçu qu’un traitement minimal à la clinique de Ramla après des jours de demandes répétées.
Plus tard, un ordre de détention administrative arbitraire a été émis contre (A. S.) pour une période de 4 mois, faisant de lui le plus jeune détenu administratif.
Les enfants détenus dans les prisons de l’occupation subissent des conditions difficiles et pénibles :
Les conditions des enfants prisonniers dans les prisons de l’occupation sont parmi les questions humanitaires les plus difficiles, surtout après le 7 octobre. Ces prisonniers, en particulier les enfants, endurent des conditions de détention difficiles et des pratiques qui violent leur dignité humaine dans le cadre de la campagne brutale menée par les autorités d’occupation contre les détenus dans ses prisons. En particulier, les forces d’occupation détiennent des enfants dans les prisons d’Ofer et de Megiddo, violant ainsi les conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels. Ces lois internationales prévoient des protections spéciales pour les enfants dans les conflits armés, notamment l’interdiction de les recruter comme soldats, des protections en tant que civils, et l’accent mis sur les soins humanitaires pour les enfants séparés de leur famille pendant les conflits.
Pendant les interrogatoires, les enfants détenus sont soumis à d’intenses pressions psychologiques et physiques visant à leur arracher des aveux sans la présence d’un avocat ou d’un parent, en violation de l’article 37 (détention et traitement équitable) et de l’article 40 (justice pour mineurs) de la Convention relative aux droits de l’enfant. Ils sont souvent isolés du monde extérieur et des autres prisonniers pendant des périodes prolongées, ce qui exacerbe leurs souffrances et porte atteinte à leurs droits.
En ce qui concerne les conditions de détention dans lesquelles vivent les enfants, en particulier pendant l’agression en cours et les campagnes d’arrestation à grande échelle menées par l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, les détenus, en particulier les enfants, sont détenus dans des conditions difficiles, considérées comme les pires depuis des années. Les enfants sont privés de visites et de communication avec le monde extérieur, et ne sont pas autorisés à préparer leur propre nourriture. L’administration pénitentiaire ne leur fournit que deux repas de mauvaise qualité et insuffisants par jour, une politique qui vise à les affamer et à les affaiblir.
En outre, ils sont victimes d’abus physiques et de mauvais traitements, ce qui accroît leurs souffrances et rend leurs conditions de détention encore plus difficiles.
Les conditions de vie des enfants prisonniers s’aggravent avec l’arrivée de l’hiver, car l’administration pénitentiaire refuse délibérément de leur fournir des vêtements d’hiver et de lourdes couvertures, laissant les enfants affronter le froid rigoureux dans des cellules qui ne sont pas équipées pour le chauffage. Cela aggrave leurs souffrances et les expose à des maladies. L’administration pénitentiaire renforce également son contrôle sur eux par diverses méthodes, notamment en réduisant le temps de récréation quotidien « fora » à seulement une heure par jour, période pendant laquelle les enfants sont autorisés à sortir dans la cour de la prison pour respirer de l’air frais et profiter de la lumière du soleil. En outre, l’administration réduit la quantité d’eau allouée à leurs douches, ce qui rend difficile le maintien de leur hygiène personnelle, en particulier dans des conditions de surpeuplement et avec des fournitures d’hygiène limitées. Ces politiques, qui dépassent les limites du traitement humain, visent à nuire à la santé des enfants et à les affaiblir physiquement et mentalement dans le cadre d’une stratégie systématique d’oppression et de mauvais traitements à l’encontre des enfants prisonniers, en violation flagrante de toutes les conventions internationales relatives aux droits de l’enfant.
L’assignation à résidence des enfants... une autre politique de destruction systématique de l’enfance :
L’assignation à résidence des enfants dans Jérusalem occupée est un outil d’oppression systématique utilisé par l’occupation depuis des décennies pour resserrer son emprise sur les enfants palestiniens et leurs familles. Les enfants de Jérusalem sont contraints de rester à l’intérieur de leur maison pendant de longues périodes, parfois des mois, et sont privés d’école ou d’interaction avec leur environnement extérieur. Cela perturbe leur vie normale, la famille étant chargée de la surveillance constante de l’enfant, ce qui accroît les pressions psychologiques et sociales sur l’ensemble de la famille.
Réarrestations de détenus palestiniens libérés après l’accord d’échange de novembre 2023 :
En novembre 2023, 240 prisonniers, dont 71 femmes et 169 enfants, ont été libérés dans le cadre de l’accord d’échange.
Après leur libération, 27 prisonniers, dont des femmes, ont été ré-arrêtés, et 19 d’entre eux sont toujours en détention. Il est important de souligner que la majorité de ceux qui ont été arrêtés à nouveau étaient soit des enfants, soit des personnes ayant récemment atteint l’âge adulte. En outre, il est tragique et dévastateur de constater que trois des prisonniers libérés - dont chacun était un enfant - ont été pris pour cible par les forces d’occupation israéliennes et brutalement assassinés peu de temps après leur libération. Ce cycle permanent d’arrestation, de détention et de violence à l’encontre des enfants souligne l’impact sévère de l’occupation sur les jeunes Palestiniens et leurs familles.
L’occupation approuve une loi autorisant l’arrestation et le jugement d’enfants de moins de 14 ans :
Dans le cadre des mesures répressives prises par les autorités d’occupation israéliennes à l’encontre des enfants palestiniens, l’Assemblée générale de la Knesset a approuvé, le 7 novembre 2024, une loi dans le cadre d’une loi d’urgence temporaire pour cinq ans. Cette loi permet aux tribunaux israéliens d’imposer des peines de prison à des enfants de moins de 14 ans si l’infraction est qualifiée d’« acte de terrorisme » ou d’acte motivé par le nationalisme, au lieu d’une simple condamnation pour meurtre, comme c’est le cas avec la loi actuelle.
Les définitions larges telles que les « actes de terrorisme » ou les motivations nationalistes, en particulier dans les situations de conflit, ciblent de manière disproportionnée les enfants palestiniens, violant ainsi les principes de non-discrimination de la CDE (article 2).
La loi stipule que le tribunal peut imposer des peines d’emprisonnement de longue durée à un enfant qui n’a pas encore atteint l’âge de 14 ans. Toutefois, l’enfant sera placé dans un centre de détention spécial jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 14 ans, après quoi il sera transféré en prison pour y purger le reste de sa peine.
Alors que le monde entier célèbre les réalisations des enfants dans divers domaines de la vie, ainsi que leur croissance et leur développement naturels, les enfants palestiniens sont confrontés à une machine répressive qui les prend pour cible et viole leurs droits et leur dignité humaine. Ils sont arrêtés à un très jeune âge, jugés par des tribunaux militaires qui violent les garanties les plus élémentaires d’un procès équitable, et soumis à des punitions sévères.
Face à la guerre génocidaire en cours contre le peuple palestinien et aux violations continues des droits des enfants palestiniens par l’État occupant, ainsi qu’aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité perpétrés à leur encontre, Addameer appelle les États tiers à contraindre l’État occupant à mettre immédiatement fin à tous ses crimes contre les enfants, à respecter et à mettre en œuvre l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice, qui considère l’occupation israélienne comme illégale, et à boycotter totalement cette occupation, à lui imposer des sanctions et à la tenir pour responsable de tous ses crimes.
Traduction : AFPS
Photo : Journée mondiale de l’enfance © Addameer