Les enfants de Gaza sous les bombes en mars et avril 2025
Photo : Omar, 5 ans. Sa mère écrit : "Omar a toujours peur et il crie à cause des bombardements incessants et partout. Il pleure parce qu’il a faim"
La situation à Gaza
Selon l’Office de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, le 7 mai, le ministère de la santé palestinien comptabilisait 2545 tués et 6856 blessés depuis le 17 mars, date de la rupture du cessez-le-feu par Israël. Le nombre de victimes des bombardements israéliens s’élève à 52653 depuis le 8 octobre 2023.
Les familles reçoivent-elles l’argent du parrainage ?
Notre association partenaire à Gaza, Palestinian Women’s Union (PWU) n’étant plus en mesure de recevoir l’argent des parrainages, le relais a été pris par notre association partenaire en Cisjordanie, Inash Al-Usra. A cette date, Inash Al-Usra a pu verser de la part de l’AFPS l’argent de 18 mois de parrainage (de juillet 2023 à décembre 2024) à 100 de nos filleul.es pour lesquels nous disposions d’un numéro de téléphone. Un nouveau versement sera fait en juillet prochain pour les parrainages de janvier à juin 2025.
Avons-nous des nouvelles de nos 280 filleul.es de Gaza ?
Depuis le 17 mars 2025, l’employée de PWU, avec qui le contact est rétabli depuis janvier 2024, nous a fait parvenir 190 lettres (en arabe et en anglais), photos et numéros de téléphone destinées aux parrains et marraines. Certain.es d’entre vous ont ainsi eu la joie immense de recevoir enfin des nouvelles. 115 lettres émanent de familles dont nous n’avions pas le numéro de téléphone. Ces familles vont donc pouvoir bénéficier prochainement du versement de l’argent du parrainage qui n’avait pu être fait jusqu’à présent sans le numéro de téléphone (de juillet 2023 à mars 2025, soit 21 mois).
Mais les nouvelles sont terribles. Chaque jour des dizaines d’enfants sont tués, blessés, coincés sous les décombres.
Peut-on parrainer de nouveaux enfants à Gaza ?
PWU nous a fait parvenir de nouveaux dossiers d’enfants à parrainer, et nous nous attendons à en recevoir beaucoup d’autres. Plus de 50 parrains/marraines ont manifesté leur souhait de parrainer un jeune Gazaoui dès que les difficultés qui demeurent pour les transferts de fonds seront résolues.
Certain.es parrains/marraines souhaitent verser plus d’argent pour leurs filleul.es de Gaza. Est-ce utile ?
Non. Les sommes versées à chaque enfant doivent être les mêmes, sinon cela ralentit la procédure.
Nouvelles récentes des enfants et parents de Gaza
Hanoud, 17 ans. Lettre du 17 mars 2025. Gaza-Ville.
"Votre soutien n’est pas seulement une aide, c’est une ligne de vie dans cette catastrophe"
Eman, 18 ans. Lettre du 13 mars 2025. Beit Lahia.
"Un an de souffrance dans cette guerre d’extermination qui m’a arraché la personne la plus précieuse pour moi : ma mère. Je l’ai vue quitter cette vie. Elle nous a laissés seuls, mon frère et moi. Seuls pour affronter cette vie avec ses batailles, sans elle, sans notre père. Et nous avons perdu notre cher foyer qui contenait nos souvenirs dans chaque coin de la maison, maintenant un monceau de gravats."
Dalia, 18 ans. Lettre du 11 mars 2025. Deir Al Balah.
"Nous luttons pour survivre. Nous nous accrochons à la vie."
Esraa, 18 ans. Lettre du 25 mars 2025. Gaza Ville.
"Déplacés depuis le premier jour. Pas assez à manger et à boire. Une nuit nous avons été bombardés. Tout le monde était effrayé, on courait dans tous les sens. Nous avons trouvé une école où nous réfugier. Deux mois. Affamés, pas assez de couvertures. Une nuit, les hommes ont été arrêtés, les femmes et les enfants chassés. Nous avons marché sous les bombes, vers le sud. Marché sept heures, sans nous reposer. Arrivés à un abri à Nuseirat. Deux mois plus tard nous sommes partis dans le camp de Deir El Balah. Sous des tentes, le froid permanent. Au cessez-le-feu, nous sommes revenus dans notre maison : un amas de cendres et de pierres. Nous restons là, protégés par des toiles, ma famille et moi, dix personnes."
Oumar, 14 ans. Lettre du 23 mars 2025. Gaza-Ville.
"Je suis un simple orphelin, mais humain quand même. Notre belle maison. Trois chambres, plus une chambre d’amis. Après le 7 octobre, nous étions assis devant la maison, mon frère aîné (juste avant moi) et moi. Tout à coup une bombe, elle a tué mon frère. Moi j’ai survécu sous les décombres. Nous nous sommes réfugiés à Gaza-Ville. Un drone a visé la maison, il a tué mon deuxième frère aîné. Nous sommes retournés dans notre maison, au nord de Gaza- Ville. Puis nous avons été forcés de nous enfuir à six heures du matin. On est arrivés à un check point. Là ils ont pris mon troisième frère aîné, il est dans la prison de Sde Teiman. Nous avons encore marché plus de dix kilomètres. Vécu sous la tente jusqu’au cessez-le-feu. Ensuite nous sommes retournés à notre maison. J’ai regardé les décombres, j’ai pensé à mes trois frères, qui n’existent plus, comme notre maison. Je rêve que la guerre s’arrête et que je retourne dans mon école où je ne suis pas allé depuis dix-huit mois."
Le père d’Ismaël Lettre du 6 mars 2025. Al-Bourij.
"Je suis le père de l’enfant Ismaël, trois ans. Votre filleul. Votre argent a été notre canot de sauvetage. Notre maison a été bombardée par trois obus. Ma femme, moi et nos enfants, dont notre bébé d’une semaine, étions à l’intérieur. Nous avons échappé à la mort, de justesse… Nous avons été déplacés quinze fois."
La maman de Reem, 11 ans. Lettre du 26 mars 20025. Khan Younès.
"La guerre est revenue, nous ne savons pas où aller. Reem pleure tout le temps. Son père est en prison. Pas de nouvelles de lui. Personne ne s’occupe de nous. Pas de nourriture pour mes enfants. Nous avons dû quitter notre abri plusieurs fois, nous sommes dehors. Mon fils a dû être hospitalisé, il a besoin de médicaments. Mon autre fils, Moane, a besoin de lait et de couches. Mais je n’ai pas d’argent. Ca me fait plaisir que vous demandiez des nouvelles de Reem."
Ahmed, 16 ans. Lettre du 19 mars 2025. Gaza-Ville.
"D’abord déplacés de Gaza-Ville au sud sous les tirs d’artillerie. Rien pu emporter. Déplacés pendant un an aux abords de Khan Younis, sous tente. Ensuite déplacés à Rafah, dans un camp. Ils ont occupé Rafah : retournés à Khan Younis. Ensuite déplacés à Al-Nuseirat. Le 12 avril 2024, mon frère aîné a été tué. Retournés à Gaza-Ville. Notre maison n’existe plus."
Leila de PWU nous a informé le 8 avril 2025 que "Zain, 3 ans et demi, ses frères et le reste de la famille ont été tués il y a 4 jours, et leurs voisins aussi, après avoir reçu l’ordre d’évacuer la zone. Et pendant qu’ils fuyaient, ils ont été ciblés par des bombes." Les parents de Zain avaient été tués dans un bombardement quelques jours plus tôt.