Les restrictions de mouvement en particulier sont aussi draconiennes que d’habitude. De tous les facteurs qui feront que ces élections seront obligatoirement imparfaites, l’incapacité des gens, candidats et organisateurs de l’élection, à aller librement d’un endroit à un autre, de ville en ville et de village en village, compte comme le plus grave.
En fait, les pratiques israéliennes et les groupes palestiniens mécontents à la fois ont presque réussi à annuler ces élections. Utilisant comme prétexte les bouclages et les restrictions israéliens, des groupes qui craignaient de se trouver non représentés après l’élection ont maintenu que le vote ne pouvait se tenir. Utilisant le chaos créé par certains éléments armés associés à ces groupes, Israël n’a fait que renforcer les restrictions.
A vrai dire, le bouclage de Jérusalem a presque fait le jeu de ceux qui en Palestine, il y a seulement quelques semaines, semblaient déterminés à empêcher ces élections. Il faut très certainement louer la performance du Président Mahmoud Abbas en l’occurrence. Face à une direction du Fatah qui oscillait entre l’hésitation et la détermination à repousser l’élection, Abbas a fait clairement savoir que les élections étaient une condition sine qua non pour des progrès à venir et qu’elles auraient lieu quoi qu’il arrive.
Il a montré une détermination sans précédent et devrait être reconnu comme le champion de cette élection. Israël n’a assurément pas apporté le moindre soutien. Israël n’a aucun intérêt à laisser les Palestiniens apparaître comme la plus grande démocratie arabe, et un réel concurrent pour Israël en terme de cette image précise.
Ainsi, et surtout les semaines passées, Israël a renforcé les restrictions sur la vie des Palestiniens, dont la restriction de mouvement qui est essentielle pour des élections libres et démocratiques. De récents rapports des agences des Nations unies compétentes et les rapports périodiques d’observation produits par l’envoyé du Quartet James Wolfensohn et son équipe, font état d’une augmentation spectaculaire des restrictions israéliennes.
L’insistance absolue de Abbas à maintenir les élections comme prévu vient de sa compréhension stratégique de la manière d’opérer. Quand il a été élu, Abbas a promis de mettre fin au chaos qui régnait dans la rue palestinienne, de restaurer l’état de droit et aussi de mettre un terme à la violence israélo-palestinienne. Il a fait clairement savoir que la meilleure manière de faire était de le prendre comme un tout. Les élections sont l’étape la plus cruciale dans sa stratégie, car c’est par les élections que les différents groupes politiques palestiniens trouveront leur vraie place dans le système. En faisant ainsi, les groupes reconnaissent automatiquement la loi de la majorité et l’état de droit.
Dans le contexte de l’occupation, Abbas a systématiquement maintenu que la violence ne servait à rien et que la seule avancée se fera par la négociation politique et pacifique. Ses efforts auprès des groupes de l’opposition pour négocier et maintenir un cessez-le-feu étaient aussi fondés sur la tenue d’élections libres et justes, ouvertes à tous les partis.
En réalité Abbas a remarquablement réussi à transformer l’opposition violente en opposition politique. Et ceci est une victoire pour le camp de la paix que bien peu d’analystes ont relevée.
Abbas a obtenu que tous les partis politiques et les groupes se mesurent politiquement pour gagner le soutien de l’opinion publique dans le cadre des Accords d’Oslo et des lois et règlements de l’Autorité Palestinienne, créée par Oslo et sur ses bases.
Ceci est un développement positive et significatif comparé aux précédentes élections en 1996, auxquelles environ la moitié de la population et des groupes politiques n’ont pas voulu participer.