L’organisation israélienne de défense des droits de l’Homme B’tselem a accusé le pays de ne gérer un système démocratique que de nom, dans un rapport publié avant les élections de mardi.
B’tselem a déclaré que si les élections sont présentées comme une "célébration de la démocratie", en réalité, le pays ne respecte pas les exigences minimales. "Ce n’est pas une démocratie. C’est l’apartheid".
Le rapport de dimanche avertit que, si "les citoyens juifs qui vivent entre le Jourdain et la Méditerranée peuvent participer pleinement aux élections générales israéliennes", le "système d’apartheid" du pays ne donne aucune voie de représentation aux Palestiniens de Cisjordanie occupée, de Jérusalem-Est illégalement annexée ou de Gaza assiégée.
Alors que les Israéliens se rendent aux urnes mardi, environ 10 % des électeurs vivent au-delà de la ligne verte - la ligne de démarcation établie dans les accords d’armistice de 1949 entre les armées d’Israël et celles de ses voisins après la guerre israélo-arabe de 1948.
Vivant dans plus de 200 colonies illégales disséminées en Cisjordanie, "leur droit à la participation politique reste intact bien qu’ils vivent en dehors du territoire souverain d’Israël, et ils peuvent voter et se présenter aux élections comme tous les citoyens juifs vivant à l’ouest de la ligne verte", a déclaré B’tselem.
Les bureaux de vote des colonies illégales et d’Israël proprement dit sont effectivement régis par les mêmes règles et règlements électoraux, les colons n’étant pas tenus de franchir la Ligne verte et d’entrer en Israël proprement dit pour voter.
Alors que les Israéliens dans les territoires palestiniens occupés sont autorisés à exercer leur droit de vote, B’tselem a déclaré qu’aucun de leurs homologues palestiniens "n’est autorisé à voter ou à se présenter à la Knesset, et ils n’ont aucune représentation dans les institutions politiques qui dictent leur vie".
"Détachés de la réalité"
Environ 5,5 millions de Palestiniens vivent dans les territoires illégalement occupés par Israël en 1967.
L’absence de représentation palestinienne des territoires occupés aux élections israéliennes se fait en dépit du "fait qu’Israël est la seule puissance à contrôler et gérer ces millions de vies depuis plus de 55 ans", a déclaré B’tselem.
Son rapport met en lumière un système qui a souvent été qualifié d’apartheid par les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
B’tselem a qualifié les affirmations israéliennes selon lesquelles les Palestiniens des territoires occupés peuvent influencer leur avenir par le biais d’autres systèmes politiques - citant l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas dans la bande de Gaza - de "détachées de la réalité".
Bien qu’Israël ne soit plus directement présent dans la bande de Gaza, B’tselem a souligné le fait qu’il "détient toujours la quasi-totalité des pouvoirs relatifs aux résidents de Gaza et détermine ce à quoi ressemble leur vie quotidienne, en grande partie grâce à son contrôle quasi total sur la circulation des personnes et des biens à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza".
Israël maintient depuis 2007 un blocus paralysant de la bande de Gaza, qui, selon les critiques, équivaut à une punition collective des deux millions d’habitants de l’enclave appauvrie.
Israël empêche l’importation de matériaux et d’équipements dans la bande de Gaza et a imposé des restrictions strictes aux exportations, ce qui a conduit à un état de "paralysie" dans plusieurs secteurs de l’économie de Gaza.
"Israël s’efforce de maintenir l’impression que tous les habitants de Cisjordanie disposent d’un système politique auquel ils peuvent participer : les colons votent et se présentent à la Knesset et les Palestiniens à l’Autorité palestinienne", indique le rapport de B’tselem.
En réalité, l’Autorité palestinienne ne peut "régir que des aspects très limités de la vie dans les centres urbains palestiniens, et a généralement besoin de l’autorisation d’Israël même pour cela, tandis qu’Israël conserve le contrôle de tous les aspects majeurs de la vie".
Illégitime
Étant donné que les dernières élections palestiniennes ont eu lieu en 2006, et qu’elles ont depuis été reportées indéfiniment, "le véritable contrôle reste entre les mains d’Israël", a déclaré B’tselem.
À Jérusalem-Est, qu’Israël a officiellement annexée, dans un geste qui n’est pas reconnu par la communauté internationale, il n’a pas automatiquement conféré aux Palestiniens qui y vivent la citoyenneté ou le droit de participer aux élections.
Il y a environ 1,7 million de Palestiniens ayant la citoyenneté israélienne en Israël, et ils peuvent, comme les citoyens juifs, participer aux élections générales.
"Cependant, leur participation politique a été jugée illégitime depuis la création de l’État, avec parallèlement des tentatives visant à les restreindre ou à leur refuser une véritable représentation politique", a déclaré B’tselem.
La participation des électeurs palestiniens aux élections israéliennes a été généralement présentée comme "une tentative de saper le monopole des citoyens juifs sur le pouvoir politique dans toute la région située entre le Jourdain et la mer Méditerranée", a déclaré le groupe de défense des droits.
Il ajoute que les politiciens israéliens cherchent depuis des décennies à faire en sorte que "la participation politique des citoyens palestiniens ne soit pas, et ne doit pas être, égale à celle des citoyens juifs".
Traduit par : AFPS