Dans une tentative israélienne de lutter contre la présence chrétienne dans les territoires palestiniens et de priver les chrétiens de leurs droits et de leur statut à Jérusalem, l’autorité israélienne chargée de la nature et des parcs a cherché à mettre en œuvre un projet de colonisation en agrandissant le parc des remparts de Jérusalem sur les terres de l’église, situées près des murs de la vieille ville de Jérusalem.
Cette initiative a été perçue comme une tentative d’empiéter sur Jérusalem-Est en développant des projets résidentiels et archéologiques juifs au détriment des sites et des sanctuaires musulmans et chrétiens de la ville. Le plan a été largement condamné par les chefs d’église qui ont cherché à obtenir un soutien international pour s’opposer aux plans israéliens, car ils étaient considérés comme une attaque délibérée contre les chrétiens de Jérusalem.
Selon un rapport publié par le site web du Times of Israel le 20 février, le parc des murs de Jérusalem a été ouvert dans les années 1970. Lorsque les autorités israéliennes ont initialement délimité le projet, elles ont évité d’inclure une grande partie du mont des Oliviers, où se trouvent plus de 12 sites saints historiques chrétiens, dont le monastère des sœurs Bridgettine, l’église Viri Galilaei, la grotte de Gethsémani et le jardin des Apôtres.
Après près de cinq décennies, les autorités israéliennes ont envisagé un plan visant à inclure dans le parc des zones sensibles du Mont des Oliviers. À l’époque, une porte-parole de l’autorité israélienne chargée de la nature et des parcs avait déclaré que l’objectif du projet était de restaurer les terres de la vallée de Hinnom, qui avaient été négligées pendant des années et avaient été victimes de vandalisme et d’incendies criminels. Elle a ajouté qu’une grande partie des 68 acres qui seront incorporés dans le parc des remparts de Jérusalem sont considérés comme des terres publiques, selon le Times of Israel.
À la lumière des rapports sur la relance du projet controversé, l’Autorité israélienne de la nature et des parcs a annoncé le 21 février le retrait du projet d’extension du parc sur des terres appartenant à des églises de Jérusalem-Est, au milieu de l’opposition des dirigeants des églises locales qui l’ont dénoncé comme une "attaque préméditée contre les chrétiens de Terre Sainte".
Dans ce contexte, le chef de l’Assemblée nationale chrétienne en Terre sainte, Dimitri Diliani, a déclaré à Al-Monitor : "Parmi les sites saints chrétiens qui ont été inclus dans le plan israélien de contrôle et de saisie du mont des Oliviers, on trouve le tombeau de la Vierge Marie, qui était la dernière demeure de la Mère du Christ ; l’église de Marie-Madeleine, qui a été construite par le tsar russe Alexandre III en 1888 ; et l’église de Gethsémani, également connue sous le nom d’église de toutes les nations."
Il a ajouté : "Les autorités israéliennes ciblent et intimident délibérément les non-Juifs dans la ville de Jérusalem, en plus de cibler les sites saints islamiques et chrétiens. Les groupes israéliens extrémistes reçoivent un soutien direct du gouvernement israélien qui les protège et couvre leurs actes criminels contre les lieux saints de Jérusalem."
Diliani a souligné que "l’occupation israélienne vise un seul objectif, celui de créer un environnement qui rejette la présence des habitants de Jérusalem dans leur propre ville, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Ils sont tous soumis à des persécutions et à un racisme israélien délibéré, pour les déloger de la ville et la transformer en une ville à majorité juive. C’est la raison principale de la diminution du nombre de chrétiens à Jérusalem et de la migration de la ville."
Il a souligné que "les patriarches et les chefs des églises de Jérusalem ont lancé une campagne internationale en 2021, dénonçant les attaques continues et permanentes des groupes extrémistes israéliens contre les églises et les résidents chrétiens de la ville de Jérusalem, qui sont menées sous la protection de la police israélienne et de leurs services de sécurité. La campagne vise à repousser le plan israélien d’expulsion des chrétiens à Jérusalem et dans un certain nombre d’autres régions de la Terre Sainte."
Diliani a expliqué que "les attaques physiques et verbales contre le clergé et les églises sont nombreuses, et les lieux saints sont régulièrement vandalisés et profanés par ces groupes [extrémistes], sans parler du ciblage des propriétés, en particulier dans le quartier chrétien de la vieille ville et ses environs, par le biais d’opérations commerciales délibérées et planifiées. Ces transactions sont souvent entachées de falsification, de corruption et d’extorsion, comme ce qui s’est passé avec les propriétés du Patriarcat orthodoxe de Jérusalem sur la place Umar Ibn al-Khattab à Jérusalem, et la maison Adhamiya dans le quartier musulman de la ville".
Les dirigeants chrétiens de Jérusalem ont averti à plusieurs reprises que leurs communautés étaient menacées d’expulsion de la région par des groupes extrémistes israéliens, et ont appelé au dialogue pour préserver leur présence.
Le père Francesco Patton, gardien de la Terre Sainte de l’Église catholique et gardien des lieux saints chrétiens en Terre Sainte, a écrit dans un article d’opinion publié par le Daily Telegraph britannique le 18 décembre 2021 : "Notre présence est précaire et notre avenir est en danger."
Il a déclaré que ces dernières années, la vie de nombreux chrétiens est devenue "insupportable par des groupes locaux radicaux aux idéologies extrémistes", affirmant que leur objectif semble "libérer la vieille ville de Jérusalem de sa présence chrétienne."
Des sites sacrés, notamment des églises, ont été profanés et vandalisés, et des crimes ont été commis contre des prêtres, des moines et des fidèles, a-t-il déclaré, ajoutant que "ces groupes radicaux ne représentent ni le gouvernement ni le peuple d’Israël. Mais comme pour toute faction extrémiste, une minorité radicale peut trop facilement peser sur la vie de beaucoup, surtout si leurs activités ne sont pas contrôlées et si leurs crimes restent impunis."
Il a ajouté que si les chrétiens représentaient autrefois 20% de la population de Jérusalem, ils sont aujourd’hui moins de 2%. M. Patton a lancé un appel au soutien du monde entier "afin que nous puissions continuer à préserver la riche diversité de cette Terre Sainte."
Khalil al-Tafkaji, directeur des cartes à la Société d’études arabes basée à Jérusalem, a déclaré à Al-Monitor : "Le plan de colonisation israélien n’est pas lié à la question des lieux saints islamiques ou chrétiens, autant qu’il s’agit d’un processus de judaïsation et d’une attaque contre les centres religieux et les sites saints dans toute la ville de Jérusalem, pour expulser ses musulmans et ses chrétiens et devenir uniquement pour les résidents juifs."
Il a ajouté : "Le projet de colonisation du Mont des Oliviers vise les lieux saints chrétiens des églises orthodoxe, arménienne, russe et catholique, car ces églises sont situées dans la plupart des zones à saisir, en plus d’un certain nombre de propriétés en dotation et privées. Les autorités israéliennes ont gelé la décision de saisie pour ne la réactiver que plus tard, au moment opportun d’appliquer cette décision."
Tafkaji a souligné que "la zone qui a été déclarée parc dans le cadre du plan de colonisation israélien n’est pas israélienne. Le projet de parc est une mise en œuvre du plan de zonage Henry Kendall établi avant 1948 pour la ville de Jérusalem, qui vise à faire des pentes occidentales du Mont des Oliviers des zones vertes empêchant toute construction palestinienne sur celles-ci, que ces constructions soient affiliées à des Palestiniens musulmans ou chrétiens."
Il a expliqué que "la zone ciblée comprend de grands [sites chrétiens] tels que l’église de toutes les nations, la chapelle de l’Ascension, le monastère arménien et la vallée du Cédron, qui est considérée comme l’une des vallées sacrées pour les chrétiens, car elle sépare le mont des Oliviers et la ville de Jérusalem. Les chrétiens croient que Jésus a traversé cette vallée plus d’une fois".
Tafkaji a indiqué que "la ville de Jérusalem est considérée comme l’une des zones les plus sacrées pour les chrétiens qui effectuent un pèlerinage sur le chemin de croix, puis se dirigent vers l’église du Saint-Sépulcre, et enfin vers l’église de l’Ascension. Le plan israélien consiste à mettre fin à la présence chrétienne et islamique à Jérusalem."
En décembre 2020, l’église de toutes les nations, qui est l’une des plus anciennes églises historiques de Jérusalem-Est, a fait l’objet d’une tentative d’incendie criminel lorsqu’un colon extrémiste a mis le feu à l’intérieur de l’église. Certains sièges et le sol de l’église ont été endommagés, mais le feu a été rapidement maîtrisé avant qu’il ne puisse détruire l’église.
Traduction : AFPS