Le Parlement palestinien a tenu sa première session samedi matin mais à cause du bouclage par les autorités israéliennes, les députés de Gaza n’ont pu se rendre à Ramallah en Cisjordanie. Pour y suppléer, les législateurs palestiniens ont dû avoir recours à des moyens techniques sophistiqués et tenir, en une période de crise financière due au retrait du financement des Etats unis et de l’Europe, deux sessions, en visio- conférence, l’une à Gaza et l’autre à Ramallah.
La session de Gaza s’est ouverte par la lecture des 16 absents. Trois sont sur la liste des personnes recherchées par Israël et les treize autres sont dans les prisons israéliennes.
Près d’un tiers des députés n’ont pu participer à cette session.
Comme le fait remarquer l’écrivain londonien Kerim Balsi « Israël vient d’annoncer qu’il empêchera les députés du Hamas et peut-être le Premier Ministre ainsi que d’autres ministres de se déplacer entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie. Il n’y a rien que le Hamas puisse faire contre ça. L’ électricité leur vient d’Israël...La Palestine a de l’eau mais c’est Israël qui contrôle les nappes phréatiques et des compagnies israéliennes qui distribuent l’eau. Les téléphones mobiles sont produits par des firmes israéliennes. Des opérateurs ont inventé des noms arabes mais ils utilisent les satellites israéliens. Il y a des hôpitaux en Palestine mais les médicaments viennent par Israël et après contrôle israélien. La Palestine n’est pas seulement sous occupation militaire, elle est sous occupation totale dans tous les domaines ».
Cette « occupation totale » comprend le bouclage complet de la Cisjordanie et de la bande de Gaza depuis la victoire du Hamas aux législatives du 25 janvier. La semaine dernière seuls 11 points de contrôle entre IsraËl et la Cisjordanie n’ont pas été fermés, interdisant aux fermiers l’accès à leurs terres de l’autre côté du Mur d’annexion et interdisant aux travailleurs l’accès à leur travail.
Cette semaine le bouclage est encore plus dur. Seul un de ces 11 points de contrôle n’est pas « réservé aux israéliens ». L’accès à la mosquée al-Aqsa a été interdit aux fidèles palestiniens. En fait Israël a enfermé les Palestiniens dans une prison de facto.
Le fait que la Palestine se réduit à deux prisons, la Cisjordanie et la Bande de Gaza sous occupation militaire et économique par les forces israéliennes, n’augure pas bien du processus démocratique que les Palestiniens essaient actuellement de mettre en place.
Après la rencontre de vendredi du Premier Ministre israélien en exercice Ehud Olmert avec de hauts responsables de la défense, su ministère des Affaires étrangères, de l’Agence de sécurité nationale (Shin Bet) et des services de renseignement, le Premier ministre a annoncé qu’aucun déplacement ne serait autorisé entre la Bande de gaza et la Cisjordanie, pour aucun Palestinien même les dirigeants élus.
Cette décision d’Israël rend en fait le processus démocratique impossible aux Palestiniens qui ont déjà du surmonter des obstacles considérables pour pouvoir organiser l’élection sous occupation militaire israélienne.
Bien que personne n’ait mis en doute la légitimité de l’élection -en réalité les observateurs internationaux ont déclaré que c’était les élections les plus libres et démocratiques du Moyen-orient-, la réponse du gouvernement israélien au choix du peuple palestinien d’élire le Hamas a été d’accuser la nouvelle direction de faire partie de l’ « axe du mal ».
Outre l’interdiction des déplacements des Palestiniens entre Gaza et la Cisjordanie, les autorités israéliennes prévoient d’empêcher le transfert d’équipement militaire de pays étrangers à l’Autorité Palestinienne, tel que des transports de troupes blindés, du matériel de communication. Ils prévoient aussi le gel des plans d’amélioration des points de passage entre les Territoires Occupés et Israël de même que des plans de reconstruction du port et de l’aéroport de Gaza.
Depuis l’élection, les forces israéliennes ont intensifié leur campagne d’assassinats de membres de la résistance armée palestinienne. Les soldats israéliens ont tué 26 personnes dont plusieurs enfants désarmés.