Pour poursuivre le génocide à Gaza, les dirigeants suprémacistes israéliens font adopter une panoplie législative.
À huis clos. Ni journaliste étranger, ni témoin. Et pourtant, malgré les interdits, le monde entier sait, a les moyens de savoir. La guerre que mènent les dirigeants israéliens contre la population gazaouie, par les bombes, les snipers, la faim, la soif, les entraves à tout passage d’aide humanitaire dans le nord du territoire, les destructions de toutes les conditions d’existence et de tous les lieux d’histoire et de culture de la société sont filmés, chaque jour, par les Palestiniens eux-mêmes. Et par leurs journalistes. Au prix de leur vie. Quelque 180 journalistes directement ciblés et assassinés. Comme ils et elles le sont en Cisjordanie et à Jérusalem-Est où les colons tuent, spolient, expulsent, aidés par l’armée.
La guerre, c’est aussi la guerre de l’information. S’y inscrit le vote par le Parlement israélien, fin octobre dernier, de deux textes interdisant l’activité de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit assistance et protection à près de six millions de réfugiés de Palestine au Moyen-Orient. En jeu, bien sûr, la volonté d’affamer la population, de mettre un terme à toute reconnaissance internationale des droits des réfugiés palestiniens, mais aussi tenter d’empêcher ou de délégitimer tout témoignage.
Faire taire, c’est aussi accuser les Israéliens qui refusent le massacre. Journalistes, en particulier au quotidien Ha’aretz, enseignants, notamment d’histoire, cinéastes, militantes et militants d’ONG, ne subissent plus seulement la censure mais aussi le risque d’accusation de trahison s’ils soutiennent les droits des Palestiniens, accusés dès lors de soutien à « organisation terroriste ». La loi d’octobre dernier permet de licencier des enseignants à ce motif. La Nakba ? Elle n’a pas existé. Des crimes de guerre ou contre l’Humanité dans le territoire occupé ? Faux. Prouver le contraire est un crime… Attaquer les garants d’une certaine démocratie, fût-elle réservée aux seuls Israéliens juifs, relève de la panoplie des criminels. Les mêmes qui voulaient mettre un terme à l’indépendance de la Cour suprême ou qui ont voté les lois de 2011 sanctionnant toute commémoration de la Nakba, interdisant tout appel au boycott et tendant à museler les ONG.
Les Palestiniens, eux, y sont habitués depuis longtemps. Qu’il s’agisse, dans la période récente, de la loi (2011) permettant à des « comités d’admission » d’accepter ou non des Palestiniens dans telle ou telle ville, tel ou tel quartier ou de la loi fondamentale de 2018 qualifiant Israël d’État-nation du peuple juif et légalisant la ségrégation qui existait de facto. Le 7 novembre dernier, le Parlement a aussi adopté une loi qui permet d’expulser vers Gaza tout Palestinien considéré comme « terroriste » ainsi que sa famille.
Mais certains gouvernements, comme le gouvernement français, s’acharnent encore à refuser toute sanction et même l’application des mandats d’arrêts de la CPI.
Isabelle Avran
Note de la rédaction : un dernier projet : une loi autorisant les colons à l’achat de terre directement aux Palestiniens en « Judée-Samarie », pour « élimination de la discrimination » !
Une étape supplémentaire franchie pour éliminer l’UNRWA et la question des réfugiés
Le 28 octobre 2024, le Parlement israélien a adopté – à une écrasante majorité – deux projets de loi qui ciblent l’UNWRA et les réfugiés palestiniens du territoire occupé.
Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Agence, avait alerté sur le fait que « ces projets de loi ne feraient qu’aggraver les souffrances des Palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza, où les gens vivent un véritable enfer depuis plus d’un an ».
Selon la loi sur la cessation des activités de l’UNWRA, l’Office n’effectuera aucune mission, ne fournira aucun service – directement ou indirectement – sur le territoire souverain de l’État d’Israël. Situées en réalité dans Jérusalem-Est occupée depuis 1967 et annexée en 1980, deux structures sont gravement impactées : dans un délai de trois mois, le quartier général de l’agence onusienne devrait fermer et les Palestiniens du camp de Shuf’at seraient définitivement abandonnés.
Une deuxième loi révoque le statut diplomatique des employés internationaux et leur immunité, entraînant le possible refus de visas et permis de résidence. Sans immunité internationale, le personnel international de l’UNWRA ne pourra entrer en Palestine occupée et s’y déplacer.
Cette loi interdit toute coordination entre l’Agence et les autorités israéliennes chargées de l’administration du territoire occupé (COGAT). Cette instance (sous l’autorité du ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich) contrôle l’aide et les services entrant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Les lois israéliennes nouvellement adoptées constituent une violation flagrante du droit international. Elles contredisent les mesures provisoires de la Cour internationale de justice de mars 2024, dont l’obligation pour le régime israélien de coopérer avec les Nations unies, et d’assurer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza
Groupe de travail de l’AFPS sur les réfugié·es