Au début du mois d’avril, une
affiche « Israël je t’aime », montrant
un soldat israélien sur
fond bleu s’est étalée sur les devantures
de commerces dans Paris et la région
parisienne. Cette affiche faisait la promotion
d’un gala dont l’objet était de
lever des fonds pour le « bien-être du soldat
israélien ». Cette campagne a notamment
choqué de nombreux cafetiers qui
se sont retrouvés, à leur corps défendant,
associés à
une opération de
glorification
d’une armée
étrangère dont ils
connaissent les
exactions quotidiennes
contre la
population palestinienne.
A l’initiative de
Samir Abdallah,
une délégation
comprenant des
commerçants,
une représentante
du MRAP, un
représentant de
la Coordination
des Comités
Palestine, un
représentant de
l’AFPS et un
représentant des
milieux artistiques
a fait part
à la société Insert
Communication,
maître d’oeuvre
de l’affichage de
cette campagne,
de l’indignation
qu’elle avait suscitée.
A titre de
réparation de ce
préjudice, la délégation a demandé et
obtenu que la société Insert fasse la promotion
d’une campagne de promotion
de la culture palestinienne. Cet accord
a été, plusieurs fois, remis en cause.
Finalement, la campagne d’affichage a
été réalisée dans une dimension beaucoup
plus modeste que celle qui avait été
promise et n’a démarré que le 8 juin,
soit largement après le lancement de
l’opération.
Là n’est pas le plus important. Cette
campagne a commencé le 1er juin.
Depuis, elle n’a cessé d’enfler et d’attirer
un public toujours plus nombreux,
plus jeune et surtout plus nouveau. Il y
a la découverte de la situation effarante
faite aux Palestiniens, l’occupation, les
assassinats... De nombreux citoyens
constatent, souvent avec surprise, qu’un
Etat, Israël, présenté comme le champion
de la démocratie et de la morale,
foule au pied le droit international sous
le regard bienveillant ou indifférent des
grands de ce monde. Ils découvrent aussi
les visages du peuple palestinien et la vitalité
d’une société dynamique, plurielle,
qui résiste par la création et la culture.
Comme toute occupation coloniale, celle
qu’exerce Israël s’appuie sur la déshumanisation
des Palestiniens. Cette manifestation
montre la richesse, la complexité,
la profondeur historique et
l’enracinement de leur culture. Des interventions
d’étudiants palestiniens, de
refuzniks israéliens, de personnalités
comme Ilan Halévi, Monique Chemillier-
Gendreau, Rony Brauman, Michel
Warshawski, Daniel Bensaïd, Denis
Sieffert, Eric Hazan... se succèdent.
Films peu distribués, expositions de
peinture et de photos (Bassel Abou
Ahmed, Joss Dray, Tessa Polack, François
Cayatte...), lecture de poèmes
(Majed Bamya, Dominique Devals, Moa
Abaïd, Sapho, Salah Stétié, Khiam
Bseiso...), chants, concerts (Samir
Jubran, Smaoly, Chorale Abalabu, Rabih
& Majestic, Raji Sarkis, Salima...),
danses, débats, rythment cette manifestation.
Avec la Palestine, les cafés franciliens
prennent en ce mois de juin un air de
liberté, un air de fête .
– Brahim Sénouci